
Le Rassemblement National Confronté à De Nouvelles Accusations de Détournements de Fonds Au Parlement Européen
Les révélations récentes autour du Rassemblement national (RN) s’inscrivent dans la continuité des controverses qui affectent ce parti au sein du Parlement européen. Alors que le premier procès concernant les assistants parlementaires européens vient à peine de s’achever, un nouveau rapport de la direction des affaires financières de l’institution bruxelloise met en lumière des soupçons de fraude d’une ampleur significative, estimée à 4,3 millions d’euros pour la période allant de 2019 à 2024.
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Ces irrégularités concernent principalement la gestion des fonds alloués à l’ex-groupe Identité et Démocratie (ID), coalition d’extrême droite dont le RN fait partie aux côtés d’autres formations européennes. Bien que le parti français n’ait ni présidé ni assuré le secrétariat général de cette coalition durant ces années, le rapport souligne que la majorité des sommes suspectées a été versée à deux sociétés étroitement liées à des proches de Marine Le Pen, figure emblématique du RN.
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L’une de ces entreprises, l’agence de communication e-Politic, a perçu 1,7 million d’euros au terme d’un appel d’offres jugé « purement formel » et marqué par « de graves problèmes de conformité », selon les inspecteurs financiers. Ce constat conduit les autorités du Parlement européen à qualifier l’ensemble de ces dépenses d’irrégulières. Parallèlement, une autre société, Unanime, a bénéficié de plus d’1,4 million d’euros pour des prestations d’impression, elles-mêmes sous-traitées à moindre coût, ce qui soulève des interrogations sur la réalité des marges appliquées.
Ce contexte soulève des questions sur la rigueur des procédures internes et le respect des règles encadrant l’utilisation des fonds publics européens. La nature même des appels d’offres, ainsi que la proximité entre les bénéficiaires et des membres influents du RN, alimentent les doutes sur une possible instrumentalisation des ressources parlementaires à des fins partisanes. Ces éléments, révélés simultanément par plusieurs médias européens, illustrent une dynamique problématique au cœur des mécanismes de financement du groupe politique.
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Alors que le Parlement européen n’a pas encore commenté officiellement ces conclusions, la gravité des accusations invite à une réflexion approfondie sur les contrôles et les garanties nécessaires pour assurer la transparence et l’intégrité des dépenses au sein des institutions européennes. Cette affaire s’inscrit ainsi dans un contexte plus large de défiance envers certaines pratiques politiques, et prépare le terrain pour une analyse plus détaillée des méthodes employées pour détourner ces fonds.

Des Méthodes Récurrentes : Entre Surfacturations Et Circuits Opaques
Les irrégularités financières mises en lumière dans le rapport du Parlement européen ne constituent pas une première dans l’histoire récente du Rassemblement national. En effet, les pratiques dénoncées s’inscrivent dans une continuité préoccupante, où surfacturations et mécanismes opaques semblent réapparaître sous différentes formes.
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L’entreprise Unanime, qui a perçu plus de 1,4 million d’euros pour des travaux d’impression, illustre parfaitement cette problématique. Selon les inspecteurs financiers, ces prestations ont été sous-traitées à moindre coût, révélant une marge suspectée à hauteur de 260.000 euros. Cette différence soulève des interrogations quant à la réalité des coûts et à l’usage effectif des fonds publics, renforçant l’impression d’une gestion défaillante, voire détournée.
Ce mode opératoire rappelle l’affaire dite des « kits de campagne » datant des législatives de 2012, dans laquelle Frédéric Chatillon, ancien conseiller proche de Marine Le Pen, ainsi que plusieurs membres de l’ex-Front national, avaient été condamnés pour escroquerie et abus de biens sociaux. Cette affaire judiciaire avait révélé un système similaire de surfacturations et de fausses facturations, mettant en lumière des pratiques frauduleuses au sein du parti.
Or, malgré la condamnation et la dissolution du Groupe Union Défense (GUD) en 2024, dont Chatillon était l’ancien patron, les liens entre ces sociétés et le RN semblent perdurer. L’agence e-Politic, liée à Frédéric Chatillon et son épouse Sighild Blanc, a ainsi bénéficié d’un appel d’offres qualifié de « purement formel » et entaché de « graves problèmes de conformité ». Ces faits ne peuvent être dissociés d’un contexte où la proximité personnelle entre les bénéficiaires et les dirigeants du RN semble favoriser des circuits financiers opaques.
Cette répétition de méthodes similaires soulève des questions sur la capacité du parti à réformer ses pratiques internes et à garantir une gestion transparente de ses ressources. En outre, elle interroge sur la vigilance des institutions européennes face à des montages financiers qui, sous couvert d’appels d’offres, peuvent dissimuler des détournements substantiels.
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Ainsi, ces éléments ne se limitent pas à des anomalies isolées, mais traduisent une dynamique structurelle préoccupante, qui fragilise la confiance dans l’utilisation des fonds publics au sein du Parlement européen. Cette situation appelle à un examen approfondi des mécanismes de contrôle et à une réflexion sur les moyens de prévenir de telles dérives.