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À 24 ans, elle consulte pour une sciatique… Ce que les médecins ont découvert trop tard

Julie K.
6 Min de lecture

Une douleur lombaire à 24 ans, un diagnostic banal… et une erreur médicale aux conséquences irréversibles. Ce que Kate Drummond prenait pour une sciatique dissimulait une réalité bien plus sombre, révélée trop tard par les scanners. Derrière les 100 à 150 cas annuels en France se cache un cancer osseux foudroyant, dont seul un tiers des patients survivent lorsque les métastases s’étendent. Sa sœur Kelly livre aujourd’hui un avertissement glaçant sur ces symptômes trompeurs qu’il ne faut jamais négliger.

De la sciatique au drame : l’erreur de diagnostic qui a tout changé

Kate Drummond, 24 ans, attribue d’abord ses lombalgies aux inconvénients du télétravail en 2021. Comme beaucoup de jeunes actifs, elle soupçonne une mauvaise posture devant son écran. Les médecins valident cette hypothèse en mai : « simple sciatique », concluent-ils sans prescrire d’examen approfondi.

Pendant deux mois, la Britannique subit des douleurs croissantes sans alerter les praticiens. Un délai crucial que dénonce aujourd’hui le Dr Nathalie Gaspar : « Les hernies discales n’existent pas chez les enfants », martèle la pédiatre-oncologue de Gustave-Roussy. Un principe méconnu qui aurait dû orienter le diagnostic vers une tumeur dès les premiers symptômes.

L’IRM de juillet 2021 révèlera l’ampleur du retard pris. Mais à cet instant, personne ne soupçonne encore la masse cancéreuse déjà logée dans son bassin. Un scénario fréquent pour le sarcome d’Ewing, où 70% des cas présentent des métastases au moment du dépistage, selon les données françaises.

La découverte glaçante derrière la masse « grosse comme un pamplemousse »

L’IRM réalisée en juillet 2021 pulvérise toutes les hypothèses : une tumeur de 15 cm occupe le bassin de Kate, accompagnée de lésions vertébrales suspectes. Les médecins compareront sa taille à « un pamplemousse », un détail macabre qui illustre l’avancée silencieuse de la maladie.

Le 3 août 2021, le verdict tombe : sarcome d’Ewing, un cancer des os qui représente moins de 1% des tumeurs malignes chez l’adulte. Cette pathologie pédiatrique frappe surtout les 12-18 ans, rendant le cas de Kate – diagnostiquée à 24 ans – doublement atypique.

Son mécanisme génétique explique en partie son agressivité : la fusion anormale des gènes EWS-FLI1, marqueur clé de la maladie, déclenche une prolifération cellulaire incontrôlable. Un tiers des patients présentent déjà des métastases pulmonaires ou osseuses au diagnostic, selon les données de l’Institut Gustave-Roussy.

La France enregistre pourtant seulement 100 à 150 nouveaux cas annuels, un chiffre qui complique la reconnaissance des symptômes par les médecins généralistes. Une rareté qui jouera contre Kate Drummond jusqu’au bout.

10 semaines d’évolution foudroyante : l’implacable mécanique du cancer

Le sarcome d’Ewing déclenche une course contre la montre dès août 2021. En quelques semaines, des métastases envahissent le foie, les poumons, puis la mâchoire et le crâne de Kate. Une progression fulgurante typique de ce cancer qui double son volume tumoral tous les 21 jours en moyenne.

Janvier 2022 marque un tournant brutal : son état se dégrade à vue d’œil. Les traitements de chimiothérapie néoadjuvante perdent toute efficacité face à cette « tempête métastatique », selon les termes utilisés par les oncologues. La jeune femme décède le 17 mars, huit mois seulement après le diagnostic officiel.

Sa sœur Kelly pointe aujourd’hui un délai crucial perdu dans les premiers mois de symptômes. « Si l’IRM avait été pratiquée en mai plutôt qu’en juillet… », suggère-t-elle, convaincue que cette erreur d’appréciation initiale a scellé le pronostic. Un drame qui survient alors que 30% des patients métastatiques seulement dépassent les 5 ans de survie.

Le cri d’alarme de Kelly : ces douleurs qu’il ne faut jamais ignorer

Kelly Drummond transforme son deuil en combat : « N’attendez pas : vivez, riez, consultez dès que quelque chose cloche », répète-t-elle inlassablement. Un mantra inspiré des derniers mots de sa sœur, devenu pierre angulaire de sa campagne de sensibilisation.

Le sarcome d’Ewing maîtrise l’art du camouflage : douleurs osseuses nocturnes, tuméfactions localisées ou pseudo-sciatiques juvéniles. Chez les moins de 18 ans, toute douleur sciatiforme déclenche automatiquement un protocole d’imagerie médicale selon les recommandations de l’Institut Gustave-Roussy.

Le traitement standard combine 4 à 5 mois de chimiothérapie préopératoire, suivis d’une chirurgie conservatrice dans 60% des cas. Mais ces armes restent vaines face aux métastases extrapulmonaires : le taux de survie chute alors de 80% à moins de 30% en cinq ans.

Un contraste saisissant qui motive le plaidoyer de Kelly : « Une IRM pratiquée deux mois plus tôt aurait peut-être changé l’issue », insiste-t-elle. Son message résonne comme un legs médical : devant toute douleur persistante, l’imagerie doit primer sur les présomptions.