À 32 ans, Camélia Jordana s’exprime sans filtre : « Il n’y a pas un seul Français qui… »

Julie K.
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Dans le monde du spectacle français, rares sont les personnalités qui osent s’exprimer sur des sujets aussi sensibles que les violences policières. Camelia Jordana, chanteuse et comédienne engagée, a pourtant choisi de briser le silence en 2020, provoquant un véritable séisme médiatique avec ses déclarations sur le plateau de « On n’est pas couché ».

Trois ans plus tard, alors qu’elle fait la promotion de son nouveau film, l’artiste revient sur cette polémique qui a marqué sa carrière. Entre regrets et convictions, Camelia Jordana livre un témoignage nuancé, appelant à reconstruire le lien entre la police et la population.

Des propos qui ont fait l’effet d’une bombe

En 2020, invitée par Laurent Ruquier, Camelia Jordana n’avait pas mâché ses mots : « Il y a des hommes et des femmes qui se font massacrer quotidiennement en France, tous les jours, pour nulle autre raison que leur couleur de peau. C’est l’une des raisons pour lesquelles les gens sont fâchés après la police. » Ces propos, d’une rare virulence, avaient immédiatement déclenché une tempête médiatique.

L’artiste avait également évoqué son propre sentiment d’insécurité face aux forces de l’ordre : « Il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic, et j’en fais partie. Aujourd’hui j’ai les cheveux défrisés. Quand j’ai les cheveux frisés je ne me sens pas en sécurité face à un flic en France. Vraiment. » Une déclaration qui avait profondément choqué l’opinion publique.

Un mea culpa mesuré

Trois ans après cette controverse, Camelia Jordana est revenue sur ses propos lors d’une interview accordée à Audrey Crespo-Mara sur TF1. L’artiste reconnaît aujourd’hui une certaine maladresse dans son expression : « Je pense, qu’en effet, ce propos était maladroit. Il n’était pas précis et réfléchi. Il était très spontané, très authentique. »

Elle tient cependant à préciser le sens de ses paroles : « Je suis du sud, donc pour moi se faire massacrer, si vous voulez, c’est au foot, par son boss au boulot… Évidemment, il n’était pas question de massacre. Il est question de violences. » Une mise au point qui nuance ses propos sans pour autant les renier complètement.

L’affaire Nahel ravive les tensions

Malgré ce retour en arrière, Camelia Jordana reste profondément préoccupée par la question des violences policières. La mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre en juillet 2023, a ravivé ses inquiétudes. L’artiste se dit « profondément choquée » par cet événement tragique, notamment par la vidéo qui a circulé montrant le jeune homme abattu à bout portant.

« Quand je vois ça, je me dis : Ok. On est en France. On est dans un État de droit, la République française. Ce genre d’événement ne peut pas arriver », déclare-t-elle, visiblement émue. Cette affaire semble confirmer les craintes qu’elle avait exprimées trois ans plus tôt, renforçant sa conviction qu’un changement profond est nécessaire.

Un appel à la réconciliation

Malgré ses critiques, Camelia Jordana ne souhaite pas opposer la police et la population. Elle reconnaît les difficultés auxquelles sont confrontés les policiers dans leur travail quotidien : « Les policiers eux-mêmes ne sont pas satisfaits des conditions dans lesquelles ils travaillent. Il faut recréer un lien de confiance. »

L’artiste plaide pour une approche plus inclusive et unificatrice : « Ce n’est pas la police contre le reste du monde, contre le reste de la France, contre le reste de la société. La police fait partie de la société. On est censé être en confiance devant un policier ou une policière. » Un message de paix qui appelle à la reconstruction d’une relation de confiance entre les forces de l’ordre et les citoyens.