À 90 ans, Pierre Richard se confie sur ses trois décennies de passion viticole dans l’Aude

Laura P.
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Derrière les rires et les cascades qui ont fait sa renommée, Pierre Richard cache une autre facette de sa personnalité. À 90 ans, l’acteur aux yeux bleus perçants n’est pas seulement le roi de la comédie française, mais aussi un vigneron passionné qui, depuis plus de trois décennies, façonne avec amour les vins de son domaine audois. Une reconversion qui prouve que les seconds actes peuvent parfois être aussi savoureux que les premiers.

Cette histoire débute comme l’un de ses films : par hasard. En 1986, alors au sommet de sa carrière cinématographique, l’interprète du Grand Blond se promène dans l’Aude sans la moindre intention d’acheter quoi que ce soit. Pourtant, coup de théâtre : il tombe sous le charme d’un domaine viticole à Gruissan et décide, sur un coup de tête, de se lancer dans l’aventure.

Du grand écran aux grands crus

« Ce n’était pas du tout prémédité », confie Pierre Richard avec cette autodérision qui le caractérise. « Je n’étais pas venu pour acheter un domaine viticole. C’était une simple promenade. » Cette acquisition spontanée s’est transformée en un projet de vie, nécessitant un apprentissage intensif des secrets de la viticulture. Face aux 20 hectares de vignes, dont 12 à replanter entièrement, l’acteur découvre que la patience est la première vertu du vigneron.

Le domaine, baptisé Château Bel Évêque, produit aujourd’hui 80 000 bouteilles par an d’AOC Corbières. Une production qui témoigne du sérieux avec lequel Pierre Richard aborde ce second métier, loin de l’image du distrait qu’il incarnait à l’écran.


L’AOC Corbières en bref
Créée en 1985, l’Appellation d’Origine Contrôlée Corbières est la plus importante du Languedoc-Roussillon. Elle se caractérise par des vins rouges puissants et structurés, des rosés frais et des blancs aromatiques, issus d’un terroir méditerranéen unique.

Une passion devenue entreprise familiale

Aux côtés de son épouse Ceyla Lacerda, Pierre Richard a transformé ce qui aurait pu n’être qu’un caprice d’acteur en une véritable success-story viticole. « Faire un film, c’est donner du plaisir aux gens, et boire un verre de vin, c’est avoir aussi du plaisir », philosophe-t-il, établissant un parallèle naturel entre ses deux passions.

Le domaine est devenu un projet familial où chacun trouve sa place. Pendant que l’acteur supervise la production avec l’œnologue Monsieur Dubernet, Ceyla apporte sa touche créative, tout en développant sa propre marque de mode CR Lacerda.

L’art de la double vie

Cette double carrière, Pierre Richard la vit comme une évidence. Entre deux tournages, il retrouve ses vignes avec bonheur, passant du costume de l’acteur à celui du vigneron avec une aisance naturelle. « Quand je suis arrivé ici, c’était assez sinistre », se souvient-il. « Aujourd’hui, c’est devenu un lieu de vie et de partage. »

Le comédien a su insuffler à ses vins la même générosité qui caractérise son jeu d’acteur. Chaque bouteille raconte une histoire, celle d’un artiste qui a su se réinventer sans jamais perdre son authenticité.


Le saviez-vous ?
Pierre Richard n’est pas le seul acteur français à posséder un domaine viticole. Gérard Depardieu, son partenaire dans « La Chèvre », possède également plusieurs vignobles en France et à l’étranger, illustrant une tradition bien ancrée dans le monde du cinéma français.