
Une Méthode Oubliée Remise Au Goût Du Jour En France
La technique de l’ostéo-odonto-kératoprothèse (OOKP) que le CHU de Montpellier a su réhabiliter puise ses racines dans une histoire médicale riche, mais quelque peu oubliée. Mise au point dans les années 1960 par le chirurgien italien Benedetto Strampelli, cette méthode innovante était alors une réponse pionnière aux cas de cécité irréversible où la greffe de cornée classique échouait.
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Malgré son potentiel, la technique a progressivement décliné, éclipsée par les avancées plus conventionnelles en ophtalmologie. Ce recul s’explique notamment par la complexité chirurgicale et les risques liés à l’intervention. Toutefois, elle n’a jamais totalement disparu des radars médicaux. Aujourd’hui, Montpellier s’impose comme le seul centre en France à proposer cette intervention, redonnant ainsi vie à une méthode qui semblait vouée à l’oubli.
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Le professeur Vincent Daïen insiste sur la prudence à adopter face à ces avancées : « Il ne faut pas créer de faux espoirs. » Si la technique offre des résultats remarquables, elle reste réservée à un profil très précis de patients. Ceux-ci doivent notamment conserver une rétine et un nerf optique en bon état pour espérer une récupération visuelle significative.
Pour parvenir à ce renouveau, l’équipe montpelliéraine s’est tournée vers une formation internationale rigoureuse. Le professeur Daïen évoque des stages en Suisse, en Israël, au Canada et en Inde, où la maîtrise de cette chirurgie complexe est encore enseignée et pratiquée. Cette ouverture à l’étranger a permis d’acquérir un savoir-faire rare et précieux, indispensable à la réussite des interventions.
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Ce retour à la technique OOKP s’inscrit dans une volonté plus large de proposer des solutions adaptées aux patients exclus des traitements classiques. En alliant les matériaux biologiques, comme la dent et l’os, à des éléments synthétiques tels que le plexiglass, cette méthode offre une alternative unique et robuste.
Ainsi, Montpellier ne se contente pas de restaurer la vue ; elle redonne aussi un souffle nouveau à une approche médicale historique, en la faisant évoluer avec les connaissances et les technologies contemporaines. Cette démarche illustre parfaitement comment des savoirs anciens, remis en perspective, peuvent ouvrir des perspectives insoupçonnées dans la prise en charge des déficiences visuelles.
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Vers Un Centre Européen De Référence Et Une Diffusion Internationale
Fort de ce renouveau technique, le CHU de Montpellier nourrit une ambition claire : devenir un centre européen de référence pour l’ostéo-odonto-kératoprothèse. Cette volonté s’appuie sur l’expertise unique développée localement, la maîtrise d’une chirurgie complexe et la capacité à accompagner des patients exclus des traitements conventionnels. Le professeur Vincent Daïen entend ainsi positionner Montpellier comme un pôle d’excellence capable d’attirer des spécialistes et des patients au-delà des frontières françaises.
Au-delà de cette dimension européenne, le projet prend une tournure internationale. À l’automne, le professeur Daïen se rendra en Côte d’Ivoire, invité par des confrères désireux d’importer cette technique innovante. L’objectif est d’offrir à des accidentés, souvent privés d’accès à des soins spécialisés, la possibilité de retrouver une forme de vision. Cette initiative témoigne de l’impact potentiel de cette méthode dans des contextes variés, où les greffes de cornée classiques sont difficiles à réaliser ou présentent des risques élevés de rejet.
Parallèlement, Montpellier explore de nouvelles pistes avec le développement des cornées artificielles. Si la première phase de ces prothèses reste encore peu concluante, le champ des possibles s’élargit avec l’arrivée progressive de dispositifs plus performants sur le marché. Cette évolution illustre la complémentarité entre l’héritage des techniques biologiques, comme l’OOKP, et les innovations technologiques modernes.
Marie Boutray, chirurgienne maxillo-faciale, souligne l’importance de ces avancées dans la vie des patients : « C’est fantastique. Habituellement, je permets aux gens de remanger, de retrouver une tête. Ici, on leur permet de retrouver la lumière. » Toutefois, elle rappelle que la vision ainsi restaurée demeure limitée à un angle d’environ 40°, insuffisant pour des activités comme la conduite automobile. Cette précision souligne la nécessité d’accompagner la reconstruction visuelle par une évaluation rigoureuse des capacités fonctionnelles restantes.
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Ainsi, Montpellier conjugue savoir-faire historique et innovation pour offrir des solutions adaptées à des patients aux profils complexes. Cette dynamique ouvre des perspectives prometteuses, à la fois en termes d’expertise médicale et de rayonnement international, tout en posant les bases d’une prise en charge toujours plus personnalisée et efficace.