La saga judiciaire qui secoue le cinéma français connaît un nouveau rebondissement. Le réalisateur Jacques Doillon, visé par plusieurs accusations de viols et d’agressions sexuelles, vient d’être placé sous le statut de témoin assisté après son audition par la justice ce vendredi 6 décembre 2024. Une décision qui intervient dans un contexte particulièrement tendu pour le monde du 7e art hexagonal.
Cette affaire, qui a éclaté suite aux révélations fracassantes de l’actrice Judith Godrèche, continue de faire trembler le microcosme du cinéma français. Alors que les accusations se sont multipliées ces derniers mois, la justice vient de franchir une nouvelle étape dans le traitement de ce dossier sensible qui met en lumière des comportements longtemps passés sous silence dans l’industrie cinématographique.
Un tsunami d’accusations dans le cinéma français
Tout commence avec le témoignage de Judith Godrèche, qui brise l’omerta en dénonçant des faits d’agressions sexuelles qu’elle aurait subis alors qu’elle était mineure. L’actrice accuse notamment Jacques Doillon de l’avoir agressée sexuellement à deux reprises sur le tournage du film « La Fille de 15 ans » en 1987, dont certaines scènes auraient été tournées sous la contrainte, en présence de Jane Birkin, alors compagne du réalisateur.
L’effet domino ne se fait pas attendre. Trois autres plaintes sont déposées contre le cinéaste. Joe Rohanne, personne trans non binaire, l’accuse de viols et de violences physiques et psychologiques, tandis qu’Hélène M. et Aurélie Le Roch dénoncent respectivement un viol et une tentative de viol.
Qu’est-ce que le statut de témoin assisté ?
Position intermédiaire entre le mis en examen et le simple témoin, ce statut est attribué lorsqu’il existe des indices rendant vraisemblable la participation d’une personne à une infraction, mais que ces indices ne sont pas suffisamment graves ou concordants pour justifier une mise en examen.
La justice temporise
L’audition du 6 décembre 2024 marque un tournant dans cette affaire. Les juges ont finalement opté pour le statut de témoin assisté, une position moins incriminante qu’une mise en examen. Me Marie Dose, l’avocate de Jacques Doillon, affirme qu’« aucun indice grave ou concordant » ne vient étayer les accusations, présentant même des éléments à décharge, notamment des courriels contradictoires.
Une partie des accusations se heurte toutefois à la prescription, notamment celles formulées par Judith Godrèche, Hélène M. et Aurélie Le Roch. Seuls les faits rapportés par Joe Rohanne peuvent encore faire l’objet de poursuites judiciaires.
Le séisme #MeToo continue de secouer le cinéma français
Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de libération de la parole dans le cinéma français. Les révélations se succèdent, bouleversant les codes d’une industrie longtemps restée sourde aux accusations d’abus. Le cas Doillon, qui survient après d’autres affaires retentissantes, continue d’alimenter les débats sur les relations de pouvoir et les comportements abusifs dans le milieu du cinéma.
L’impact sur l’industrie du cinéma
Depuis 2023, le cinéma français fait face à une vague sans précédent de dénonciations d’abus sexuels. Cette remise en question profonde entraîne la mise en place de nouvelles mesures de protection sur les tournages et une vigilance accrue concernant les relations de pouvoir dans l’industrie.
