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Aéroport de Marseille : Starbucks et Pret-à-Manger licencient quatre employés pour avoir donné des invendus, alors qu’ils affirment avoir agi avec leur accord

Julie K.
5 Min de lecture

Aéroport de Marseille : un licenciement éclair pour un geste solidaire Quatre employés de Starbucks et Pret-à-Manger viennent d’être renvoyés après avoir distribué des invendus alimentaires. La direction invoque une perte financière de 2 000 euros, mais les salariés affirment « avoir agi avec leur accord ». Derrière ce conflit en apparence banale se cacherait un système d’échanges informels bien établi, selon nos informations. Pourquoi cette pratique tolérée pendant des années devient-elle soudain un motif de licenciement ?

Licenciements controversés dans la restauration aéroportuaire

Starbucks et Pret-à-Manger, enseignes du groupe britannique SSP spécialisé dans la restauration aéroportuaire, ont licencié quatre employés de l’aéroport de Marseille-Provence. La raison officielle invoquée : la distribution d’invendus alimentaires à des sans-abri et au personnel, qualifiée de « faute grave » par la direction.

Le groupe SSP justifie cette décision par des pertes financières évaluées à 2 000 euros pour le seul mois de janvier. « Il y a eu des violations graves des procédures », soutient la direction sans préciser la nature exacte de ces manquements.

Mais les salariés concernés, dont un vétéran de trente ans de service, contestent cette version. Sabri*, employé historique, assure à La Provence avoir agi avec « l’accord verbal de la direction ». Comme lui, ses collègues dénoncent un prétexte pour les évincer, laissant planer un conflit bien plus profond que de simples pertes financières.

La défense des ex-salariés : un accord verbal contesté

Au cœur du conflit, l’affirmation des licenciés d’avoir agi avec l’aval de leur hiérarchie. Sabri*, employé depuis trente ans au sein de l’aéroport, maintient devant La Provence : « On avait leur accord pour distribuer ces invendus ». Une version corroborée par ses collègues, tous surpris par la soudaineté des licenciements.

Les ex-salariés dénoncent une manœuvre déguisée pour les écarter, évoquant des pratiques jusque-là tolérées. « Ils cherchent un prétexte », lâche l’un d’eux, sous couvert d’anonymat. Pourtant, la direction reste intraitable : « Ces agissements violent clairement nos procédures », rétorque-t-elle sans fournir de preuve écrite d’interdiction antérieure.

Un flou persiste sur la gestion quotidienne, où autorisations verbales et arrangements informels semblent avoir longtemps tenu lieu de règlement intérieur. Une ambiguïté qui pourrait peser lourd dans la future bataille juridique.

Le système d’échanges informels au cœur du scandale

Les anciens salariés lèvent le voile sur une organisation méconnue : un troc de sandwiches contre des services de ménage. Cette pratique aurait perduré en raison de l’absence de prestataire officiel pour le nettoyage des espaces de restauration, selon leurs déclarations à La Provence.

« La direction encourageait ces échanges », affirment les ex-employés, dénonçant un revirement soudain. Pendant des mois, cet arrangement informel aurait permis de pallier le manque de personnel d’entretien, selon leur version.

Un paradoxe qui interroge : comment une méthode tolérée, voire implicitement validée, devient-elle un motif de licenciement ? Les intéressés y voient la preuve d’une double gestion des règles internes, où flexibilité opérationnelle et rigueur disciplinaire coexisteraient à géométrie variable.

Vers une bataille juridique et sociale

Les quatre ex-salariés préparent désormais une action devant les prud’hommes pour contester leur licenciement. Cette procédure risque de mettre en lumière les contradictions internes du groupe SSP, tiraillé entre gestion rigide des stocks et pratiques informelles historiquement établies.

Au-delà du cas individuel, l’affaire relance le débat sur le destin des invendus alimentaires dans les aéroports. Les employés licenciés incarnent malgré eux ce paradoxe moderne : « On nous reproche d’avoir aidé des SDF alors que la direction fermait les yeux avant », résume l’un d’eux.

La réponse judiciaire déterminera si ces distributions relèvent d’une faute grave ou d’un abus de pouvoir patronal. Mais déjà, le cas marseillais pose une question plus vaste : jusqu’où les entreprises peuvent-elles sacrifier la solidarité sur l’autel de la rentabilité ?