Les avancées (et limites) des réformes récentes
La loi de juillet 2020 a permis de porter les retraites agricoles à 85% du SMIC net, contre 75% auparavant. Un progrès salué, mais qui ne concerne que les carrières complètes. « J’ai commencé à 14 ans, mais avec les pauses maladie, je n’ai pas mes 17,5 ans requis », regrette Pierre, maraîcher en Dordogne. Le dispositif carrières longues, lui, autorise un départ dès 58 ans pour ceux ayant commencé avant 16 ans – une niche bénéficiant à 12% des retraités selon la MSA.
Malgré ces mesures, l’écart persiste avec le régime général : 1 480 euros de pension moyenne en France contre 1 200 euros pour les agriculteurs. La réforme de 2023, basée sur les 25 meilleures années, pourrait réduire la fracture… mais seulement à partir de 2026. « On nous promet l’équité, mais aujourd’hui, un enseignant à bac+5 touche deux fois plus qu’un paysan qui a nourri des générations », s’indigne Jean Dupont.
La colère des syndicats agricoles : « Une reconnaissance toujours insuffisante »
La FNSEA et la Confédération paysanne unissent leurs voix pour dénoncer un système de retraites « à deux vitesses ». Leurs revendications ? Alignement sur le régime général, intégration des pénibilités physiques (port de charges, expositions aux pesticides) dans le calcul des pensions, et revalorisation symbolique du statut. « Nos anciens méritent plus qu’un SMIC tronqué après avoir nourri la nation », martèle un porte-parole de la FNSEA.
« Quand un agriculteur part en retraite, sa ferme disparaît souvent des cartes. En 20 ans, 150 000 exploitations ont fermé. Nos pensions, c’est le dernier coup de pelle sur notre mémoire », s’emporte un responsable de la Confédération paysanne. Les syndicats réclament aussi la prise en compte des années de formation et un fonds d’indemnisation pour les victimes de maladies professionnelles – aujourd’hui exclues des statistiques de la MSA.