Le député LFI Andy Kerbrat revient à l’Assemblée après une suspension liée à une interpellation pour achat de drogue. Comment comprendre son parcours entre addiction et engagement politique ? Ce que révèle son témoignage sur la gestion de cette épreuve soulève des questions inédites sur la prise en charge et la perception des addictions chez les élus. La vérité surprenante derrière ce retour mérite un examen approfondi.

Le Retour D’Andy Kerbrat À L’Assemblée: Entre Abstinence Et Suivi Médical
Après une interruption de six mois consécutive à son interpellation en flagrant délit d’achat de drogue en octobre 2024, le député insoumis Andy Kerbrat reprend ses fonctions à l’Assemblée nationale le 24 juin. Cette période de retrait, marquée par une hospitalisation en institution publique de décembre 2023 à février 2024, s’inscrit dans un processus de réhabilitation personnelle et médicale.
Le député de la 2e circonscription de Loire-Atlantique affirme aujourd’hui être « abstinent et [souhaite] le rester ». Cette déclaration souligne un engagement ferme dans un parcours de soins encadré par un suivi régulier auprès d’un psychiatre et d’un addictologue. Ces accompagnements, essentiels à la gestion de son addiction, sont complétés par des contrôles médicaux fréquents. Andy Kerbrat insiste sur le caractère durable de ce travail thérapeutique, qu’il envisage de poursuivre « pendant des années ».
Ce retour à l’hémicycle s’inscrit donc dans un contexte de reconstruction, loin d’une simple reprise de ses fonctions parlementaires. Le député évoque un mieux-être notable, fruit d’une prise de conscience et d’une volonté de changement. La période d’hospitalisation, qui a duré deux mois, a permis à l’élu de bénéficier d’un cadre adapté pour entamer un sevrage et établir un suivi médical structuré.
Cette démarche personnelle s’accompagne d’une volonté de transparence. Andy Kerbrat a en effet fait état de sa situation auprès des médias, témoignant d’une volonté de confronter la réalité de l’addiction et de ses conséquences, y compris dans le monde politique. Son retour soulève ainsi des questions sur la manière dont les institutions et la société perçoivent la vulnérabilité et la réhabilitation des élus confrontés à des difficultés personnelles.
Dans ce contexte, la trajectoire de l’élu insoumis illustre une dimension souvent méconnue de la vie politique : celle d’une humanité confrontée à des défis complexes, où le suivi médical et la prise en charge sont des éléments clés. Ce cheminement personnel prépare le terrain à une réflexion plus large sur les attentes éthiques et sociales envers les représentants élus.

« J’ai Failli, C’Est Vrai »: L’Équilibre Fragile Entre Éthique Et Humanité
Ce retour à l’Assemblée s’accompagne d’une réflexion profonde sur la place que doit tenir un élu confronté à des difficultés personnelles. Andy Kerbrat ne cache pas avoir envisagé la remise en cause de son mandat, conscient des enjeux éthiques qui s’imposent à toute figure publique. Pourtant, il souligne un soutien inattendu venu de familles directement touchées par l’addiction, qui lui ont demandé de porter leur voix.
« On attend l’exemplarité, pas l’infaillibilité », affirme-t-il, posant ainsi une distinction essentielle entre ce que la société exige d’un représentant et la réalité humaine derrière le rôle politique. Cette nuance éclaire la complexité du jugement porté sur les élus : il ne s’agit pas d’exiger la perfection, mais de reconnaître la dimension humaine, y compris dans ses fragilités.
Le député insoumis met en parallèle son propre parcours avec celui de nombreuses personnes confrontées à des problèmes d’addiction au sein de leur entourage. Ce lien crée une forme de solidarité, mais aussi une responsabilité nouvelle. En acceptant son état et en témoignant publiquement, il répond à une attente de transparence tout en incarnant une forme de pardon collectif.
Cette posture invite à interroger les critères d’éthique appliqués aux responsables politiques, souvent tenus à une exigence d’exemplarité qui peut se révéler difficilement compatible avec les aléas de la condition humaine. En reconnaissant sa vulnérabilité, Andy Kerbrat engage une discussion sur la manière dont la société peut concilier exigence morale et compréhension des réalités personnelles.
Ainsi, son expérience illustre une tension entre la rigueur du devoir politique et la nécessité d’une approche plus humaine et inclusive. Ce questionnement ouvre la voie à une remise en perspective des attentes sociales vis-à-vis des élus, notamment dans les domaines sensibles comme la santé mentale et les addictions.
Cette réflexion nourrit également son regard critique sur les réponses institutionnelles et politiques apportées aux personnes en situation de dépendance, un aspect qu’il développera plus avant dans ses prises de position publiques.

Critique Du Modèle Répressif: Une « Vision Axée Sur Le Coup De Matraque »
À la suite de cette prise de conscience personnelle et publique, Andy Kerbrat porte un regard critique sur la manière dont la société et les institutions abordent la question des addictions. Il déplore en particulier une approche sécuritaire qu’il juge inefficace et stigmatisante, notamment incarnée par la droite politique. Pour lui, cette dernière nourrit une hostilité envers les personnes addictives, préférant la sanction à l’accompagnement.
Le député insoumis dénonce ainsi « une vision axée sur l’angle répressif » et regrette que, dans son cas comme dans celui d’autres consommateurs, aucune mesure thérapeutique ne lui ait été proposée lors de sa condamnation. Il souligne que dans la salle d’audience où il se trouvait, le nombre d’injonctions de soins prononcées a été quasiment nul». Cette absence de prise en charge médicale illustre, selon lui, un dysfonctionnement majeur du système judiciaire français face à la dépendance.
Cette critique s’inscrit dans un débat plus large sur les politiques publiques en matière de drogues. Andy Kerbrat plaide pour une « nouvelle approche » fondée sur la prévention et la réduction des risques, plutôt que sur la répression systématique. Il rappelle que la France a un problème de santé publique qui nécessite une réponse adaptée, loin des seules sanctions pénales.
Dans cette optique, il soutient les propositions de La France insoumise, qui militent pour la légalisation des drogues douces, notamment le cannabis, ainsi que pour la dépénalisation médicale des drogues dures. Ces mesures s’accompagneraient d’un accompagnement renforcé pour aider les personnes à sortir de l’addiction, un volet essentiel souvent négligé dans le modèle actuel.
En pointant du doigt le paradoxe d’une politique qui « préfère donner un coup de matraque » plutôt que de tendre la main, Andy Kerbrat invite à repenser le traitement de la dépendance comme une question de santé publique plutôt que comme une simple infraction pénale. Sa propre expérience met en lumière les limites du système répressif, parfois déconnecté des réalités vécues par les personnes concernées.
Cette analyse critique éclaire les enjeux d’une réforme nécessaire, qui doit conjuguer justice, accompagnement médical et prévention. Elle pose aussi la question de la place que la société est prête à accorder à la vulnérabilité et à la réhabilitation. En ce sens, le parcours d’Andy Kerbrat devient un témoignage précieux pour nourrir ce débat souvent évité dans le champ politique.

Les Racines Personnelles D’une Addiction: Trauma Et Deuil Mal Géré
Poursuivant cette introspection, Andy Kerbrat revient sur les origines profondes de son addiction, dévoilant un lien étroit entre événements personnels douloureux et consommation de substances. Il situe le déclenchement de sa dépendance à partir de novembre 2022, peu après le décès de sa mère et son élection à l’Assemblée nationale. Ces circonstances marquantes ont ravivé un traumatisme ancien, lié à un viol subi dans son enfance, qu’il n’avait jamais réussi à surmonter.
Le député LFI confie que cette double épreuve a engendré un mal-être profond, difficile à gérer au quotidien. « Il y avait des moments qui étaient extrêmement durs à gérer, liés à mon mal-être, qui faisaient que je retombais », explique-t-il avec une franchise rare. Cette alternance entre phases d’abstinence et rechutes illustre la complexité du combat contre la dépendance, loin des clichés simplistes.
Andy Kerbrat évoque aussi son vécu dans le déni, une étape fréquente chez les personnes concernées par l’addiction. « À l’époque, j’étais dans le déni de mon addiction, comme beaucoup de personnes qui se retrouvent dans une telle situation », admet-il. Cette confession souligne combien la reconnaissance du problème constitue souvent le premier pas vers la guérison.
Il précise que sa consommation n’était pas constante ni exacerbée : « Parfois, je ne consommais rien pendant quatre mois. Et puis je faisais une rechute. Je n’étais pas ‘high’, perché en permanence, heureusement ». Cette nuance met en lumière la réalité fluctuante des addictions, qui ne se résument pas toujours à une consommation visible ou permanente.
Ce témoignage personnel éclaire également la dimension psychologique de la dépendance, souvent occultée dans les débats publics. Il illustre comment le trauma non traité et le deuil peuvent fragiliser la santé mentale, favorisant l’apparition ou la recrudescence d’une addiction. En ce sens, l’expérience d’Andy Kerbrat invite à une approche plus empathique et complète, intégrant les facteurs émotionnels et traumatiques.
Par ce récit, l’élu inscrit son parcours individuel dans une réflexion plus large sur les mécanismes de l’addiction et sur la nécessité d’un accompagnement adapté. Cette perspective enrichit le débat sur les politiques publiques, en insistant sur l’importance de comprendre les causes profondes plutôt que de se limiter à des réponses répressives ou punitives.