Après l’Espagne et l’Italie, la France va-t-elle enfin imposer ce contrôle strict aux conducteurs de plus de 70 ans ?

Julie K.
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Et si la solution passait par l’accompagnement plutôt que la contrainte ?

Des stages de remise à niveau émergent en France, comme ceux proposés par Macif ou Groupama, pour rafraîchir les connaissances et adapter les habitudes de conduite. Ces formations, suivies par 5 000 seniors annuels, réduiraient de 22 % les comportements à risque, selon une étude de la Prévention Routière. Certains incluent même des simulateurs pour tester les réflexes sans danger.

D’autres pistes combinent innovation technologique et aménagements urbains. Des véhicules équipés de systèmes d’aide à la conduite (alerte de franchissement de ligne, freinage automatique) sont testés en Normandie. Certaines villes rallongent les temps de passage piéton ou simplifient les carrefours. « L’adaptation doit être collective », insiste un ingénieur du CEREMA, alors que 40 % des seniors suivent déjà volontairement des bilans médicaux promus par 40 Millions d’Automobilistes, comme à Lyon.

Pourquoi le sujet divise autant l’opinion et la classe politique

À moins de deux ans des élections de 2027, Reconquête et le Rassemblement National jugent « inutilement liberticide » un contrôle médical obligatoire, tandis que le Parti Socialiste plaide pour des tests dès 70 ans. « On ne m’enlèvera pas mon volant sans combat », lance Jean, 78 ans, retraité en Gironde. À l’inverse, Marine, 42 ans, témoigne : « Mon père a perdu 30 % de sa vue, mais il refuse de renoncer à conduire. »

Sur le plan juridique, le Conseil d’État rappelle que toute mesure fondée sur l’âge doit respecter le principe de non-discrimination. Or, la loi actuelle permet déjà de retirer le permis pour inaptitude médicale, quel que soit l’âge. Un rapport sénatorial de 2024 met en garde : « Viser spécifiquement les seniors exposerait l’État à des recours devant la CEDH », comme en Italie où 12 000 plaintes ont été déposées depuis 2020.