Bordeaux : Un patient psychiatrique en fuite abattu par la police, ‘Il a exhibé le couteau et…’

Angelique S.
8 Min de lecture

Un drame s’est déroulé dans les rues de Bordeaux le 9 août 2024, lorsqu’un patient psychiatrique en fuite a été abattu par la police. L’incident, qui a eu lieu sur l’avenue du Parc de Lescure, a soulevé de nombreuses questions sur la gestion des personnes souffrant de troubles mentaux et l’usage de la force par les forces de l’ordre.

L’homme de 44 ans, originaire de Bruges, s’était échappé du Centre hospitalier Charles Perrens, un établissement spécialisé en santé mentale. Armé d’un couteau volé dans une superette, il a confronté les policiers de la Brigade anticriminalité (BAC) dans une scène qui s’est rapidement transformée en tragédie. Cet événement a mis en lumière les défis auxquels sont confrontés les services de police lorsqu’ils interviennent auprès de personnes en crise.

Une fuite qui tourne au drame

Tout a commencé lorsque le patient, dont l’identité n’a pas été révélée, s’est échappé de l’hôpital psychiatrique Charles Perrens. Les circonstances exactes de sa fuite restent à éclaircir, mais ce qui est certain, c’est que l’homme s’est rapidement retrouvé dans les rues de Bordeaux, visiblement désorienté et potentiellement dangereux.

Vers 19h30, l’individu est entré dans une superette de l’avenue du Parc de Lescure. C’est là qu’il s’est emparé d’un couteau, déclenchant l’alerte qui a conduit à l’intervention de la police. Les employés du magasin, témoins de la scène, ont immédiatement contacté les forces de l’ordre, craignant pour leur sécurité et celle des clients.

L’intervention de la BAC : entre dialogue et usage de la force

Une patrouille de quatre policiers de la BAC est rapidement arrivée sur les lieux. Confrontés à un homme visiblement perturbé et armé, ils ont tenté dans un premier temps d’établir un dialogue. Cependant, la situation a rapidement dégénéré lorsque l’homme a exhibé le couteau de manière menaçante et a tenté de prendre la fuite.

Face à cette menace, les policiers ont d’abord fait usage d’armes non létales. Un des agents a utilisé un lanceur de balles de défense, communément appelé « flashball », dans l’espoir de maîtriser l’individu sans recourir à une force létale. Malheureusement, cette tentative s’est avérée inefficace, l’homme continuant d’avancer vers les policiers, le couteau toujours à la main.

Le lanceur de balles de défense (LBD)
Arme non létale utilisée par les forces de l’ordre françaises, le LBD tire des projectiles en caoutchouc destinés à neutraliser un individu à distance. Son utilisation fait l’objet de controverses en raison des blessures parfois graves qu’il peut occasionner.

L’usage fatal de l’arme à feu

La situation a atteint son point de non-retour lorsque l’homme s’est retourné pour faire face aux policiers, toujours armé de son couteau. C’est à ce moment qu’un second policier a pris la décision d’utiliser son arme de service. Trois coups de feu ont été tirés, touchant mortellement l’individu qui est décédé sur place malgré l’intervention rapide des secours.

Cet usage de la force létale soulève de nombreuses questions sur les protocoles d’intervention en vigueur et la formation des policiers pour gérer des situations impliquant des personnes souffrant de troubles mentaux. Le recours à l’arme à feu, bien que justifié par la menace immédiate, reste un sujet de débat intense dans l’opinion publique.

Deux enquêtes parallèles pour faire la lumière sur les événements

Suite à ce drame, le Parquet de Bordeaux a ouvert deux enquêtes distinctes. La première vise l’homme décédé et porte sur les chefs de vol, menaces avec arme sur personnes dépositaires de l’autorité publique et tentative de meurtre sur agent de la force publique. Cette enquête cherchera à établir le déroulement exact des faits et à comprendre les motivations de l’individu.

La seconde enquête, plus délicate, concerne les deux policiers de la BAC impliqués dans l’intervention. Ils font l’objet d’une enquête pour homicide volontaire. Cette procédure standard vise à déterminer si l’usage de la force létale était justifié dans les circonstances données et si toutes les alternatives ont été épuisées avant de recourir à l’arme à feu.

L’IGPN : « la police des polices »
L’Inspection Générale de la Police Nationale est chargée du contrôle interne des activités de la police. Elle mène des enquêtes administratives et judiciaires sur les cas d’usage de la force par les policiers, garantissant ainsi le respect de la déontologie et des procédures.

Un éclairage cru sur la gestion des crises psychiatriques

Cet incident tragique met en lumière les défis auxquels sont confrontés à la fois le système de santé mentale et les forces de l’ordre. La fuite d’un patient d’un établissement psychiatrique soulève des questions sur la sécurité et les protocoles en place dans ces institutions. Comment un patient jugé potentiellement dangereux a-t-il pu s’échapper ? Quelles mesures peuvent être mises en place pour prévenir de telles situations à l’avenir ?

Du côté des forces de l’ordre, cet événement remet en question la formation des policiers pour faire face à des personnes en crise psychologique. Bien que les agents aient tenté d’utiliser des moyens non létaux dans un premier temps, l’issue fatale de l’intervention souligne la nécessité d’une formation plus poussée en matière de désescalade et de gestion de crise impliquant des personnes atteintes de troubles mentaux.

Réactions et conséquences : un débat sociétal relancé

Les autorités locales ont rapidement réagi à cet événement tragique. Le maire de Bordeaux a exprimé sa tristesse face à cette perte de vie et a appelé à une réflexion approfondie sur la prise en charge des personnes souffrant de troubles mentaux. De son côté, le préfet de la Gironde a souligné le professionnalisme des forces de l’ordre tout en annonçant une révision des protocoles d’intervention dans ce type de situation.

Cet incident relance également le débat sur l’usage de la force par la police, un sujet déjà sensible en France. Des associations de défense des droits de l’homme appellent à une révision des pratiques policières, tandis que les syndicats de police insistent sur les dangers auxquels sont confrontés quotidiennement les agents. L’autopsie du défunt, prévue pour le 12 août, et l’exploitation des vidéos des commerces environnants devraient apporter des éléments cruciaux pour comprendre le déroulement exact des événements et, peut-être, aider à prévenir de futures tragédies similaires.