Une voix du féminisme français s’éteint, mais son cri résonne encore. Figure clé du MLF, Cathy Bernheim disparaît à 78 ans en laissant un héritage révolutionnaire. Derrière l’hommage à la « femme du soldat inconnu » se cache un acte fondateur qui allait marquer l’histoire. Et ce chant qu’elle contribua à créer continue de mobiliser les foules, cinquante ans plus tard. Ses proches préparent aujourd’hui un ultime adieu « en paroles et en chansons », comme un dernier manifeste.
Une pionnière féministe s’éteint à Paris
La disparition de Cathy Bernheim, survenue mardi à l’âge de 78 ans, ébranle le paysage militant français. Ses proches annoncent ce mercredi la perte d’une figure historique du Mouvement de libération des femmes, dont elle fut l’une des voix inaugurales dès les années 1970.
Journaliste, écrivaine et photographe, cette femme aux multiples facettes a marqué son époque par un engagement sans relâche. « L’une des premières à faire entendre la voix des femmes dans l’espace public français », souligne l’article nécrologique, rappelant son rôle précurseur.
Derrière ces titres se cache une combattante qui a consacré cinq décennies à bousculer les normes sociales. De l’Arc de Triomphe aux manifestations contemporaines, son parcours épouse les grandes batailles féministes du siècle, forgeant un héritage qui dépasse les frontières générationnelles.
1970 : L’acte fondateur sous l’Arc de Triomphe
Le 26 août 1970, Cathy Bernheim entre dans l’histoire avec huit militantes en tentant de déposer une gerbe sous l’Arc de Triomphe. Leur cible ? « La femme du soldat inconnu », dénoncée par une banderole provocatrice : « Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme ».
Interrompue par la police, cette action symbolique devient le marqueur inaugural du MLF. « Elle marque la naissance symbolique du mouvement », précise l’article, soulignant son rôle de déclencheur.
Ce geste audacieux ouvre une décennie de combats décisifs. Des luttes pour l’avortement libre à la contraception accessible, en passant par la dénonciation des violences sexuelles, chaque bataille portera l’empreinte de ce moment historique. L’activisme prend alors une nouvelle dimension, mêlant provocation médiatique et revendications concrètes.
De l’hymne féministe à la solidarité intergénérationnelle
Cathy Bernheim grave son nom dans l’histoire culturelle en 1971 en coécrivant l’Hymne des femmes, devenu l’emblème musical des manifestations féministes. Ce chant militant, repris lors de la plupart des rassemblements pour les droits des femmes, dépasse les frontières et les époques.
« Nous voulions montrer qu’il y avait en France des femmes qui réfléchissaient collectivement », confiait-elle en 2020 à l’AFP. Une philosophie qui guide toute son action, de la photographie à la traduction littéraire, en passant par l’écriture engagée.
L’autrice laisse derrière elle l’image d’une « femme libre, lucide et résolument tournée vers la solidarité entre femmes ». Un credo qui explique la persistance de son influence, des cercles militants historiques aux nouvelles générations de féministes.
Un dernier hommage en chansons pour la militante historique
Laurence Rossignol, ancienne ministre des Droits des femmes, lance un appel sur X : « Retenons son nom. Souvenons-nous de son engagement féministe ». Son message conclut par un hommage à l’Hymne des femmes, dont les notes accompagnent désormais le deuil des militantes.
Vendredi à 15 heures, le cimetière de Montmartre accueillera des obsèques hors normes. Michèle Revel, compagne de Cathy Bernheim, et ses proches invitent le public à un « hommage féministe en paroles et en chansons ». Une dernière mobilisation collective pour celle qui croyait au pouvoir des voix unies.