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C’est n’importe quoi… : Le théâtre à la prison des Beaumettes fait exploser les syndicats, « 1 120 détenus pour 173 cellules ! »

Julie K.
7 Min de lecture

Détenus et artistes locaux divisés

Parmi les anciens détenus, certains saluent l’opportunité du théâtre. « Ça donne un but, on apprend un vrai métier », témoigne Karim, incarcéré aux Beaumettes en 2022. À l’inverse, des associations comme Réinsertion Solidarité dénoncent un « coup de com’ », soulignant que 70 % des prisonniers n’ont pas accès aux formations existantes. « Seuls les détenus en fin de peine en bénéficieront », déplore un bénévole.

Le milieu artistique marseillais affiche aussi des positions contrastées. Si des metteurs en scène renommés promettent d’« œuvrer main dans la main avec les détenus », d’autres figures culturelles évitent le sujet. Un galeriste confie sous couvert d’anonymat : « On craint l’instrumentalisation politique. Et si ça se solde par un échec, qui portera le chapeau ? ». Seuls quelques collectifs militants annoncent des ateliers-test dès l’automne.

Gérald Darmanin dans l’impasse

Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, hérite d’un dossier explosif, lui qui a supprimé des activités ludiques dans d’autres prisons en 2024 pour durcir son image. Sous pression des syndicats et de son propre camp, il doit trancher : abandonner le projet ou le maintenir « coûte que coûte ». Des fuites internes évoquent un compromis : le théâtre serait construit, mais avec un budget réduit de 30 %, selon une note confidentielle.

« On ne veut pas perdre la face », glisse un conseiller du ministère, sous anonymat. Car Darmanin mise sur une politique sécuritaire, et ce projet culturel hérité de son prédécesseur le place en porte-à-faux. Si le ministère assure qu’« aucune décision n’est actée », les paris vont bon train : annulation en septembre ou lancement des travaux sous haute surveillance. L’enjeu dépasse les Beaumettes : c’est la crédibilité de la réforme pénitentiaire qui se joue.