ChatGPT détourné pour truquer les notes de frais : la technique « tellement… » qui sidère les entreprises
L’intelligence artificielle, outil quotidien des salariés, devient une arme redoutable pour des fraudeurs ingénieux. Des employés malintentionnés exploitent désormais ChatGPT pour générer des justificatifs fictifs et gonfler leurs remboursements, créant un vent de panique chez les responsables financiers. Une méthode « tellement simple », selon un expert, qu’elle aurait déjà coûté des milliers d’euros à plusieurs sociétés françaises.
ChatGPT : de l’assistant rédactionnel à l’outil de fraude financière
Adopté par 68 % des entreprises françaises depuis 2023, ChatGPT révolutionne le traitement de données administratives. Des comptes-rendus de réunion aux analyses de chiffres d’affaires, l’IA générative s’impose comme un allié incontournable des services comptables. « On l’utilisait pour synthétiser des rapports ou corriger des mails professionnels », confie Julien, responsable financier dans une PME lyonnaise.
Pourtant, cette technologie plébiscitée pour son efficacité révèle aujourd’hui son double visage. Des salariés détournent les capacités rédactionnelles du chatbot pour falsifier factures, notes de restaurant et frais kilométriques. Une dérive facilitée par la capacité de l’IA à imiter parfaitement les styles d’écriture et les formats professionnels, selon une étude de l’Observatoire des risques numériques.
La méthode déconcertante des fraudeurs décryptée
Les fraudeurs exploitent ChatGPT avec une précision inquiétante. Ils injectent des prompts ciblés du type : « Génère une facture de déjeuner d’affaire à Paris le 15 mars, montant 48 €, détails crédibles ». L’IA produit alors des faux justificatifs cohérents, intégrant même des noms de restaurants existants et des horaires plausibles, selon les enquêteurs.
La supercherie franchit aisément les contrôles humains initiaux. « L’outil reproduit les styles d’écriture, les logos d’entreprises, jusqu’aux signatures manuscrites numérisées », alerte Antoine Dubois, expert chez CyberSecure France. Certains salariés ajoutent même des coquilles volontaires (dates décalées, fautes de frappe) pour simuler l’authenticité. Un processus que des initiés réaliseraient en 4 minutes chrono, selon une démonstration vidéo consultée par Buzzday.
Plus de 200 entreprises touchées : des secteurs clés sous tension
Le transport routier, les cabinets de conseil et la santé figurent parmi les secteurs les plus impactés. Des groupes comme LogiTrans France ou MediConseil auraient détecté des fraudes moyennes de 1 200 € par mois depuis janvier 2024. Un DRH sous couvert d’anonymat révèle : « Un commercial junior falsifiait 4 à 5 déjeuners fictifs par semaine. Son stratagème a tenu neuf mois ».
La crise ébranle jusqu’aux grands comptes : une multinationale pharmaceutique a découvert 83 000 € de notes trafiquées sur un trimestre. Face à l’urgence, 65 % des directions générales imposent désormais un double validation manuelle des remboursements. « On revient à des contrôles humains sur les moindres détails », soupire la CFO d’une entreprise logistique bretonne.
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