Le choc financier : comment survivre avec 650 € de moins par mois ?
« La baisse de revenu passe mieux à deux », relativise Christian, dont la compagne travaille encore. Son budget résiste grâce à l’épargne-temps qui finance six mois de préretraite « sans coupure ». Mais la réalité frappe : son niveau de vie a baissé de 25 %. « Sans ce filet de sécurité et le deuxième salaire, je n’aurais pas osé partir à 59 ans », concède-t-il.
Ce cas individuel reflète une tendance : selon les chiffres de la fonction publique hospitalière, 60 % des infirmiers partent avec une pension inférieure à 1 800 € brut. Christian s’estime « privilégié » comparé à ses ex-collègues précaires : « Ceux qui ont cumulé mi-temps et CDD n’atteignent même pas le Smic en retraite ». Un constat qui interroge sur la valorisation des carrières dans le soin.
Retour pendant le Covid : « J’ai confirmé que j’avais bien fait de partir »
En 2020, Christian effectue un retour surprise à l’hôpital pour renforcer les équipes Covid. « J’ai retrouvé l’adrénaline du terrain, mais aussi l’épuisement qu’on s’inflige », témoigne-t-il. Cette expérience le conforte : « Physiquement, je n’aurais pas tenu jusqu’à 62 ans. La charge mentale a explosé avec la pandémie ».
L’ancien infirmier observe aujourd’hui l’hémorragie de personnel dans les services. « Les jeunes partent dès qu’ils le peuvent. Qui blâmerait un collègue qui préfère 1 800 € nets en libéral plutôt que des gardes de nuit non payées ? » Un cri d’alarme qui résonne avec les récentes grèves pour la revalorisation des salaires dans le public.