Les promesses étaient alléchantes : une meilleure maîtrise de la consommation électrique et des économies substantielles pour les foyers français. Dix ans après le lancement du programme Linky, la Cour des comptes dresse un bilan en demi-teinte de ce vaste projet de modernisation du réseau électrique français.
Alors que 37,2 millions de compteurs communicants ont été installés à travers l’Hexagone, représentant un taux d’équipement de 95% des foyers, les bénéfices pour les consommateurs restent bien en deçà des attentes. Le rapport publié le 29 novembre 2024 pointe notamment du doigt un écart significatif entre les économies réalisées par Enedis et celles constatées sur les factures des particuliers.
Une transformation numérique à marche forcée
Malgré les controverses initiales liées aux ondes électromagnétiques et aux questions de protection de la vie privée, le déploiement des compteurs Linky s’est poursuivi à un rythme soutenu. Ces boîtiers verts, devenus familiers dans les foyers français, devaient incarner la modernisation du réseau électrique et l’entrée dans l’ère de la consommation intelligente.
Qu’est-ce que le compteur Linky ?
Un compteur électrique communicant capable de transmettre des données de consommation en temps réel et de réaliser des opérations à distance. Il permet notamment le relevé automatique des consommations et la modification de la puissance souscrite sans intervention physique.
Le programme reposait sur trois piliers fondamentaux : l’optimisation du réseau électrique, l’ouverture à la concurrence et la maîtrise de la demande énergétique. Si le premier objectif semble atteint, les deux autres peinent encore à se concrétiser.
Des bénéfices inégalement répartis
Pour Enedis, les avantages sont tangibles. L’entreprise réalise des économies significatives grâce à la suppression des relevés manuels et à la possibilité d’effectuer de nombreuses opérations à distance. La gestion du réseau s’en trouve également optimisée, avec une meilleure détection des pannes et une maintenance plus efficace.
Côté consommateurs, le bilan est nettement moins reluisant. La Cour des comptes révèle que les économies réalisées par les ménages ne dépassent pas 1% en moyenne. « Les gains d’efficacité ne sont pas encore à la hauteur des prévisions initiales », souligne l’institution dans son rapport.
Un potentiel sous-exploité
Les fournisseurs d’électricité sont particulièrement visés par les critiques. L’UFC-Que Choisir pointe leur manque d’innovation en matière d’offres tarifaires, se contentant souvent des traditionnelles options heures pleines/heures creuses, sans exploiter pleinement les possibilités offertes par les compteurs nouvelle génération.
Les fonctionnalités méconnues de Linky
Le compteur permet de suivre sa consommation par appareil, d’identifier les périodes de forte consommation et d’adapter ses habitudes pour profiter des tarifs avantageux. Il offre également la possibilité de souscrire à des offres tarifaires plus flexibles, comme les tarifs week-end ou jours fériés.
La maîtrise de la consommation énergétique, pourtant présentée comme un avantage majeur du dispositif, reste un défi. Les consommateurs peinent à s’approprier les outils de suivi de leur consommation, et les interfaces proposées ne facilitent pas toujours cette appropriation.
Les pistes d’amélioration
Face à ce constat mitigé, la Cour des comptes appelle à une meilleure exploitation du potentiel des compteurs Linky. L’accent doit être mis sur l’accompagnement des consommateurs dans la compréhension et l’utilisation des fonctionnalités disponibles.
Les fournisseurs d’électricité sont également invités à développer des offres tarifaires plus innovantes, tirant parti des capacités techniques des compteurs pour proposer des solutions véritablement adaptées aux besoins des consommateurs et favorisant une consommation plus responsable.
