Compteurs Linky : une nouvelle tarification pour les foyers non-équipés à partir de 2025

Jeremie B.
7 Min de lecture

Le compteur Linky, ce petit boîtier jaune qui a fait couler tant d’encre depuis son introduction en 2015, continue de faire parler de lui. Alors que près de 95% des foyers français sont désormais équipés de ce dispositif « intelligent », une nouvelle décision vient bousculer le statu quo pour les irréductibles qui ont jusqu’à présent refusé son installation.

En effet, à partir de l’été 2025, une nouvelle tarification entrera en vigueur pour les foyers non-équipés de compteurs Linky. Cette mesure, annoncée par Enedis et validée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), vise à inciter les derniers réfractaires à franchir le pas. Mais quelles sont les implications concrètes de cette décision pour les consommateurs concernés ?

Le Linky, un déploiement massif mais inachevé

Selon les chiffres fournis par Enedis, 37 millions de compteurs Linky sont actuellement installés en France, couvrant environ 95% des foyers. Ce déploiement à grande échelle témoigne du succès relatif de cette initiative, malgré les controverses qui ont émaillé son parcours. Enedis a toujours mis en avant les avantages de ce dispositif pour les usagers : un suivi précis de la consommation, une facturation au plus près du réel, et la fin des relevés manuels annuels.

Cependant, une frange de la population reste réticente à l’adoption de ce compteur communicant. Les raisons invoquées sont diverses, allant des inquiétudes sur la protection des données personnelles aux craintes concernant les ondes électromagnétiques. Cette résistance a conduit Enedis à chercher de nouvelles solutions pour achever le déploiement du Linky.

Une nouvelle donne pour les non-équipés

À partir de l’été 2025, la donne va changer pour les foyers non équipés de compteurs Linky. Enedis annonce une nouvelle facturation pour tous les Français n’ayant pas encore adopté le boîtier jaune. Concrètement, cela signifie que les 5% de foyers restants devront soit communiquer eux-mêmes leur consommation, soit faire face à des frais supplémentaires.

Pour éviter cette surfacturation, les clients sans Linky doivent transmettre à Enedis leur index de consommation au moins une fois tous les 12 mois. L’entreprise met à disposition plusieurs moyens pour effectuer cet auto-relevé : relances par e-mail, appels téléphoniques, et même la possibilité de communiquer son relevé en direct avec un conseiller. Les usagers respectant cette règle ne subiront aucune facturation supplémentaire.

Qu’est-ce qu’un auto-relevé ?

L’auto-relevé consiste à lire soi-même les chiffres indiqués sur son compteur électrique et à les transmettre à son fournisseur d’énergie. Cette pratique permet une facturation basée sur la consommation réelle plutôt que sur une estimation, évitant ainsi les régularisations importantes en fin d’année.

Le coût de la résistance

La problématique survient pour ceux qui ne communiquent aucun relevé durant une année. Depuis janvier 2023, Enedis facture déjà cette gestion spécifique des compteurs d’anciennes générations. Le coût s’élève actuellement à 9,04 euros tous les deux mois. Cependant, à partir de 2025, la situation va évoluer de manière significative.

Selon les calculs effectués par la CRE, le coût de gestion pour les foyers non équipés de Linky est estimé à environ 5,33 euros par mois, soit 64 euros par an. Cette estimation a été corroborée par le témoignage d’un client toulousain, rapporté par France 3 Occitanie, qui a reçu un courrier de son fournisseur d’énergie l’informant de cette future tarification.

Une décision qui fait débat

La CRE justifie cette décision en estimant qu’à partir de 2025, « les utilisateurs encore non équipés de Linky le seront par choix délibéré (sauf cas isolés liés à une impossibilité technique) ». Cette approche vise clairement à inciter les derniers réfractaires à accepter l’installation du compteur communicant.

Cependant, cette nouvelle mesure risque de raviver les tensions autour d’un dossier déjà controversé. L’association de consommateurs UFC-Que Choisir avait précédemment listé de nombreux problèmes rencontrés par les usagers après l’installation d’un Linky : surconsommation électrique, disjonctions fréquentes, problèmes avec les heures creuses, bugs des box internet, et même lampes tactiles s’allumant de manière intempestive.

Les principales critiques adressées au compteur Linky

– Protection des données personnelles
– Émissions d’ondes électromagnétiques
– Risques d’incendie
– Surfacturation potentielle
– Obsolescence programmée
– Impact écologique du remplacement massif des anciens compteurs

Quel avenir pour les réfractaires ?

Face à cette nouvelle donne, les millions d’usagers concernés vont devoir faire un choix : payer le surcoût ou adopter le boîtier Linky. Il n’existe plus d’autre alternative. Cette décision marque un tournant dans la stratégie d’Enedis, qui semble déterminée à achever le déploiement du Linky coûte que coûte.

Pour les consommateurs, il s’agira de peser le pour et le contre. D’un côté, le coût annuel supplémentaire de 64 euros pourrait inciter certains à franchir le pas. De l’autre, les inquiétudes persistantes concernant la protection de la vie privée ou les potentiels effets sur la santé pourraient en pousser d’autres à assumer ce surcoût pour conserver leur ancien compteur. Quoi qu’il en soit, cette nouvelle tarification marque la fin d’une époque de tolérance envers les non-équipés, presque 10 ans après les premières installations de compteurs Linky en France.