Un matin de janvier 2025, les astronomes du prestigieux Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics font une découverte qui les laisse perplexes. À moins de 240 000 kilomètres de la Terre, soit une distance inférieure à celle nous séparant de la Lune, un mystérieux objet céleste fait son apparition dans leurs instruments d’observation. L’excitation est à son comble : un nouvel astéroïde potentiellement dangereux vient-il d’être repéré ?
La réalité s’avère bien plus surprenante. En moins de 20 heures, ce qui était considéré comme une menace potentielle pour notre planète se révèle être… la Tesla Roadster rouge cerise envoyée dans l’espace par Elon Musk en 2018. Une confusion qui soulève des questions sur notre capacité à identifier correctement les objets en orbite.
Une voiture de luxe parmi les étoiles
Cette histoire insolite prend ses racines en février 2018, lorsque SpaceX réalise un lancement historique avec sa fusée Falcon Heavy. À son bord, un passager pour le moins inhabituel : une Tesla Roadster, fleuron de la marque du milliardaire Elon Musk. Ce coup marketing spectaculaire visait initialement à placer le véhicule en orbite autour du Soleil, sur une trajectoire devant l’amener à proximité de Mars avant de revenir vers la Terre.
La Falcon Heavy en chiffres
Premier lanceur lourd privé de l’histoire, capable de placer jusqu’à 64 tonnes en orbite basse. Son premier vol en 2018 a marqué un tournant dans l’histoire de l’exploration spatiale commerciale.
Sept ans plus tard, la voiture spatiale fait parler d’elle en étant cataloguée sous le nom CN41 2018 par les chercheurs de Harvard, persuadés d’avoir découvert un nouvel astéroïde. Une erreur compréhensible étant donné la taille relativement modeste du véhicule à l’échelle cosmique.
Les défis de la surveillance spatiale
Cette méprise met en lumière les difficultés croissantes auxquelles font face les astronomes dans leur mission de surveillance de l’espace proche. Robert Lamontagne, directeur du télescope de l’Observatoire du Mont-Mégantic, souligne que la multiplication des objets en orbite complique considérablement le travail d’identification.
Le nombre de débris spatiaux ne cesse d’augmenter, la plupart étant de taille minuscule : boulons, fragments de satellites, ou simples grains de sable. Les plus gros objets font l’objet d’un suivi particulier, mais leur identification précise reste un défi constant.
Vers une réglementation spatiale plus stricte
Le traité de l’espace en bref
Accord international régissant les activités spatiales, il interdit notamment la mise en orbite d’armes atomiques et rend chaque pays responsable des objets qu’il lance dans l’espace.
Cette situation soulève des questions sur la nécessité d’une meilleure réglementation des lancements spatiaux. Le traité de l’espace impose déjà des règles strictes, mais l’augmentation du nombre d’acteurs privés dans le secteur spatial pose de nouveaux défis.
Des programmes d’entretien spatial sont envisagés pour « faire le ménage » en orbite, mais leur mise en œuvre reste complexe. En attendant, comme le précise Robert Lamontagne, « nous devons composer avec le taux de pollution spatiale existant », tout en travaillant à réduire la quantité de nouveaux débris générés par les activités spatiales.