Contamination de l’eau potable au CVM : un expert alerte sur un risque sanitaire préoccupant

Marie Q.
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L’eau du robinet, ce geste quotidien que des millions de Français effectuent sans même y penser, pourrait cacher une menace insidieuse. Un rapport universitaire publié le 16 janvier 2025 vient jeter un pavé dans l’eau en révélant des concentrations alarmantes de chlorure de vinyle monomère (CVM) dans l’eau potable de nombreuses régions françaises, atteignant parfois jusqu’à mille fois la limite autorisée par la législation européenne.

Alors que 85% des Français déclarent avoir confiance en la qualité de leur eau du robinet, cette nouvelle révélation soulève de sérieuses inquiétudes. Le professeur Gaspard Lemaire, enseignant en droit environnemental à Angers, n’hésite pas à qualifier la situation de « scandale sanitaire majeur », estimant que plus de 600 000 personnes seraient actuellement exposées à des niveaux de CVM dépassant les seuils légaux.

Une contamination invisible mais dangereuse

Le CVM est un composé chimique sans couleur ni odeur, utilisé dans la fabrication du PVC. Sa présence dans l’eau potable provient principalement des canalisations en PVC installées avant 1980, une époque où les normes de fabrication étaient moins strictes. Expert au sein de France Nature Environnement, Hervé Conraux explique que ce gaz est totalement indétectable pour le consommateur.


Qu’est-ce que le CVM ?
Le chlorure de vinyle monomère est un composé chimique synthétique utilisé pour fabriquer le PVC. Il est classé comme cancérogène certain pour l’Homme depuis 1987 par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). Sa présence dans l’eau est principalement due aux anciennes canalisations en PVC fabriquées avant 1980.

Un réseau vieillissant sous haute surveillance

En France, ce sont environ 140 000 kilomètres de canalisations qui seraient potentiellement contaminés. Les zones rurales, où l’eau stagne plus longtemps dans les conduites, sont particulièrement touchées. Le coût de remplacement d’un kilomètre de canalisation oscille entre 50 000 et 200 000 euros, ce qui explique la lenteur des travaux de rénovation.

La Direction Générale de la Santé affirme que les Agences Régionales de Santé (ARS) ont engagé un vaste programme de repérage des canalisations à risque. Des campagnes de mesures sont régulièrement effectuées dans les zones identifiées comme potentiellement dangereuses.

Des actions juridiques en cascade

Face à cette situation préoccupante, les actions en justice se multiplient. L’avocate Gabriele Gien vient de déposer un recours devant le tribunal administratif d’Orléans, pointant du doigt la négligence de l’État dans la gestion de cette crise. Elle dénonce notamment l’absence de contrôles suffisants et le manque d’information des populations concernées.


Les seuils réglementaires
La limite légale de CVM dans l’eau potable est fixée à 0,5 microgrammes par litre. Au-delà de ce seuil, l’Anses considère qu’il existe un risque accru de développer des cancers du foie. Les dépassements constatés peuvent atteindre jusqu’à 1000 fois cette limite dans certaines zones.

Mesures préventives pour les consommateurs

En cas de dépassement confirmé des seuils, les autorités recommandent l’utilisation d’eau en bouteille pour la boisson et la préparation des aliments. Les autres usages sanitaires restent sans risque. Des solutions alternatives existent : le stockage de l’eau pendant 8 heures dans une carafe propre permet de réduire de moitié la concentration en CVM, tandis que l’ébullition élimine ce composé volatil.