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Contrôle technique annuel : dès… ans, votre voiture sera concernée par la nouvelle règle

Julie K.
10 Min de lecture

L’Europe durcit le ton. La Commission européenne envisage d’imposer un contrôle technique annuel pour certains véhicules, une mesure qui pourrait bouleverser les habitudes des automobilistes français. Pourquoi cette réforme qui toucherait potentiellement 60% du parc automobile national? Derrière cette initiative se cachent des enjeux majeurs de sécurité routière et de lutte contre la pollution. Les propriétaires de voitures anciennes et de véhicules utilitaires pourraient bientôt devoir adapter leur budget et leur organisation face à cette nouvelle contrainte.

Vers un contrôle technique annuel : la nouvelle proposition européenne

La Commission européenne a récemment mis sur la table une proposition susceptible de bouleverser les habitudes des automobilistes. Le jeudi 24 avril, un texte a été présenté, visant à renforcer les règles entourant le contrôle technique des véhicules. Au cœur de cette initiative : la possibilité de rendre ce contrôle obligatoire chaque année pour une certaine catégorie de voitures.

Cette proposition européenne poursuit plusieurs objectifs clairement affichés. D’une part, il s’agit d’améliorer la sécurité routière, un enjeu majeur pour l’Union européenne. D’autre part, le texte entend lutter plus efficacement contre la pollution automobile et détecter les fraudes au kilométrage, pratiques qui faussent le marché et l’évaluation de l’état réel des véhicules. Ces motivations reflètent une volonté politique de moderniser et durcir les standards de contrôle à l’échelle du continent.

Comme l’a souligné le commissaire aux Transports, Apostolos Tzitzikostas, « L’initiative d’aujourd’hui constitue une avancée majeure pour rendre nos routes plus sûres, notre air plus pur et la vie des citoyens plus facile ». Cette déclaration met en lumière l’ambition de la Commission de contribuer concrètement aux objectifs de l’UE en matière de sécurité routière, notamment la réduction de 50 % du nombre de tués et de blessés graves d’ici 2030, dans un contexte où près de 20 000 vies ont été perdues sur les routes européennes l’an dernier.

Mais quels types de véhicules sont spécifiquement ciblés par cette potentielle réforme ? C’est la question qui se pose désormais.

Quels véhicules seront concernés par cette mesure ?

La proposition de la Commission européenne cible précisément certaines catégories de véhicules. Si elle venait à être adoptée, cette mesure imposerait un contrôle technique obligatoire chaque année pour toutes les voitures particulières et les camionnettes ayant dépassé l’âge de dix ans. C’est un changement significatif par rapport aux règles actuelles en vigueur dans de nombreux pays membres.

En France, la réglementation impose actuellement un premier contrôle technique quatre ans après la première mise en circulation du véhicule, puis un contrôle tous les deux ans pour les véhicules de plus de quatre ans. L’extension de la fréquence annuelle aux véhicules de plus de dix ans modifierait donc le calendrier habituel pour une partie importante du parc automobile national.

Quelle proportion du parc français est susceptible d’être impactée ? Selon Laurent Palmier, président et directeur général du réseau Securitest, le chiffre est conséquent. Il précise qu’« 60 % des véhicules que l’on contrôle aujourd’hui […] sont des véhicules de plus de 10 ans ». La moyenne d’âge des véhicules contrôlés ayant même franchi les 13 ans en 2024, il est clair que cette mesure concernerait une majorité des véhicules passant actuellement l’examen. Par ailleurs, les véhicules utilitaires, déjà soumis à un contrôle anti-pollution annuel, seraient également concernés par un contrôle technique complet chaque année, une démarche jugée logique compte tenu de leur usage intensif et souvent multi-conducteurs.

Ces changements potentiels ne sont pas sans conséquences, tant pour les professionnels du secteur que pour les automobilistes.

Conséquences pour les professionnels et les automobilistes

Si la proposition européenne de contrôle technique annuel pour les véhicules de plus de dix ans se concrétisait, les répercussions seraient significatives, tant pour les acteurs du secteur que pour les propriétaires de voitures concernés. L’une des premières préoccupations concerne la capacité des centres de contrôle à absorber une charge de travail potentiellement doublée pour une part importante du parc automobile.

Actuellement, les quelque 6 000 centres de contrôle en France enregistrent déjà un volume conséquent, avec environ 19 millions de visites par an. L’ajout d’un contrôle annuel pour les véhicules de plus de dix ans, qui représentent 60% des contrôles actuels, impliquerait une augmentation massive du nombre de passages. Cette hausse pourrait rapidement mettre sous tension l’organisation des centres, soulevant la question de leur capacité à gérer cet afflux sans engendrer de longs délais ou une saturation du système.

Au-delà des défis logistiques et organisationnels pour les professionnels, cette mesure aurait un impact direct sur le budget des automobilistes. Le coût moyen d’un contrôle technique s’élève actuellement à 78 euros par passage, selon les données du comparateur Le Lynx. Pour les propriétaires de véhicules de plus de dix ans, cela signifierait passer d’une dépense de 78 euros tous les deux ans à 78 euros chaque année.

L’implication financière est donc claire : sur une période de deux ans, le coût total du contrôle technique doublerait, passant de 78 euros à près de 160 euros pour les véhicules les plus anciens. Cette hausse représente une charge supplémentaire non négligeable pour les ménages possédant des véhicules plus âgés, souvent acquis pour des raisons économiques.

Toutefois, cette proposition, avec ses potentielles conséquences économiques et organisationnelles, est encore loin d’être une réalité immédiate.

Un calendrier incertain et des précédents à considérer

La proposition de la Commission européenne visant à instaurer un contrôle technique annuel pour les véhicules de plus de dix ans, bien que potentiellement impactante, est loin d’être une mesure immédiatement applicable. En effet, le texte présenté n’est qu’une première étape dans un long processus législatif et politique au sein de l’Union européenne. Pour devenir une réalité, cette proposition doit impérativement suivre un parcours institutionnel complexe qui nécessite l’approbation de plusieurs acteurs clés.

Avant toute mise en œuvre concrète, le texte doit être soumis au Parlement européen. Cette assemblée, qui représente les citoyens de l’UE, examinera la proposition, pourra y apporter des amendements et devra finalement donner son feu vert. Parallèlement, et c’est une étape tout aussi cruciale, la mesure devra être validée par les États membres. Cela signifie que les gouvernements des vingt-sept pays de l’Union devront s’accorder sur le texte, un processus qui implique souvent des négociations et des compromis pour tenir compte des spécificités nationales et des sensibilités économiques ou sociales.

Même en cas d’accord rapide entre le Parlement et les États membres, ce qui est rarement le cas pour des sujets de cette ampleur, la mise en application effective de la mesure pourrait prendre plusieurs années. Il faut du temps pour transposer les directives européennes dans le droit national de chaque pays, pour adapter les réglementations existantes et pour préparer les infrastructures et les professionnels du secteur à ces changements. Ce délai est une réalité des processus législatifs à l’échelle européenne.

L’histoire récente offre un exemple concret de ces délais potentiels. La mise en place du contrôle technique pour les deux-roues en France, une mesure également débattue et reportée à plusieurs reprises, illustre parfaitement la longueur des procédures. Comme le rappelle l’article source, « il a fallu quatre ans pour qu’il voie le jour en France » après les premières annonces. Ce précédent suggère que, même si la proposition européenne avance, les automobilistes ne devraient pas voir leurs habitudes bouleversées du jour au lendemain.

Ainsi, malgré la clarté des objectifs affichés par la Commission, le chemin vers un contrôle technique annuel pour les véhicules anciens est encore semé d’embûches institutionnelles et son calendrier demeure, à ce stade, largement incertain.