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Couples mariés ou pacsés : « Un pas de plus pour l’égalité »… Le changement fiscal de 2025 qui s’appliquera à tous

Julie K.
6 Min de lecture

« Un pas de plus pour l’égalité entre les femmes et les hommes » : la promesse d’Amélie de Montchalin se concrétise par une révolution silencieuse pour les couples. À partir du 1er septembre 2025, chaque foyer marié ou pacsé verra son imposition modifiée par défaut… sans avoir à bouger le petit doigt. Mais que cache vraiment ce basculement automatique du calcul fiscal ? Et pourquoi cette réforme, annoncée dès 2023, pourrait-elle changer la donne dans des milliers de foyers français ?

Le taux individualisé décrypté

Le prélèvement à la source entre dans une nouvelle ère pour les couples. Depuis 2019, l’impôt sur le revenu dépend d’un taux calculé sur la base de la déclaration annuelle. Mais en 2025, un basculement historique s’opère avec l’arrivée du taux individualisé par défaut.

Contrairement au taux personnalisé pour le foyer – qui attribue un pourcentage identique aux deux conjoints -, le nouveau système calcule désormais deux taux distincts. L’administration fiscale analyse séparément les revenus de chaque partenaire, tout en maintenant le montant global d’impôt inchangé.

« Cette mesure crée une équité immédiatement visible sur les fiches de paie », explique un expert fiscal interrogé dans l’article source. Les contribuables mariés ou pacsés continueront de déclarer leurs revenus ensemble, mais verront leur prélèvement mensuel refléter la réalité économique de chacun.

Une réforme genrée au service de l’équité ?

Dans 80% des couples mariés ou pacsés, les deux partenaires subissaient jusqu’ici le même taux d’imposition. Un paradoxe fiscal pointé par Amélie de Montchalin : « Le plus souvent au détriment des femmes », souligne la ministre, rappelant que 22% des écarts de revenus entre conjoints persistent en France.

L’exemple d’un couple sans enfant dévoile l’impact concret. Avec des salaires de 3 500 € pour lui et 1 600 € pour elle, l’ancien système prélevait 5,8% sur chaque bulletin. Résultat : 203 € d’impôt mensuel pour l’homme contre 93 € pour sa compagne. Le taux individualisé inverse la donne : 8,3% pour le premier (290 €), seulement 0,4% pour la seconde (6 €).

Cette répartition trois fois plus légère pour la conjointe éclaire l’objectif affiché du gouvernement : corriger les inégalités de genre par le prisme fiscal. Un ajustement technique qui fait écho aux 54,3% d’écart de pension retraite entre sexes, selon les derniers chiffres de la DREES.

Un changement qui aurait dû arriver plus tôt ?

L’option du taux individualisé existe depuis la mise en place du prélèvement à la source en 2019. Mais son activation nécessitait jusqu’ici une démarche proactive des contribuables : modification dans l’espace « particuliers » du site impots.gouv.fr ou demande lors de la déclaration annuelle.

Un parcours du combattant administratif pour beaucoup. « Le sujet peut paraître complexe, il est tout à fait normal de ne pas en saisir tous les enjeux », reconnaît l’article source. Résultat : moins de 20% des couples concernés auraient effectué ce changement volontairement.

Cette réforme répond donc à un défaut originel du système. En appliquant par défaut le taux personnalisé pendant six ans, l’administration fiscale avait involontairement maintenu des inégalités genrées que seule une minorité informée parvenait à corriger. Un paradoxe pour une mesure conçue initialement comme progressiste.

Septembre 2025 : le changement s’opère (enfin) sans effort

Le 1er septembre 2025 sonne l’heure d’une révolution transparente pour 8 millions de foyers. Dès cette date, le taux individualisé s’applique automatiquement à tous les couples mariés ou pacsés, sans formulaire à remplir ni case à cocher. Une simplification saluée par ceux qui redoutaient les démarches administratives.

L’administration fiscale prend désormais en charge l’intégralité du processus. Aucune action n’est requise pour bénéficier du nouveau calcul, qui ajuste les prélèvements selon les revenus individuels. Seule exception : les couples souhaitant conserver l’ancien système doivent expressément le signaler.

Les plus impatients peuvent anticiper le mouvement. Depuis le 10 avril 2024, la déclaration de revenus permet d’activer l’option en amont. Un choix stratégique pour ceux qui veulent « payer plus justement dès maintenant », comme le souligne le texte officiel. Une période transitoire qui confirme l’urgence sociale derrière cette réforme technique.