« On pensait à une blague » : les réactions contrastées des habitants
« Quand on nous a annoncé la fermeture pour des grenouilles, on a cru à un poisson d’avril », rigole Marc, un habitant de Vincent-Froideville. Mais l’humour cède vite place aux critiques : « Le détour fait perdre 20 minutes aux livreurs, ça plombe l’économie locale », tempête une cheffe d’entreprise. À l’inverse, les agriculteurs saluent l’initiative : « Les batraciens mangent les limaces qui ravagent nos cultures », explique l’un d’eux.
Les défenseurs de l’environnement rappellent l’urgence : la population de salamandres a chuté de 80 % en dix ans dans le secteur. « En 2022, dans les Vosges, une mesure similaire a sauvé 10 000 amphibiens en un mois », souligne un écologue. Un argument qui peine à convaincre certains automobilistes, comme Julien : « Protéger la nature, oui, mais pas en nous traitant comme des nuisibles ! ».
Un modèle pour l’Europe ? L’espoir des défenseurs de l’environnement
La fermeture de la RD38E1 inspire les écologistes : « En Allemagne, 80 passages à amphibiens existent déjà. La Suisse en compte 35. La France prend enfin le train en marche », souligne un herpétologue. Ces animaux, essentiels pour réguler les insectes nuisibles et mesurer la santé des écosystèmes, pourraient bénéficier d’un plan national si l’expérience jurassienne fait ses preuves.
Les experts rappellent que 80 % des zones humides européennes ont disparu en un siècle. « Sauver des grenouilles, c’est préserver nos récoltes et notre eau potable », résume une biologiste, citant leur rôle de « sentinelles de la pollution ». Une certitude : chaque printemps, les routes françaises tuent assez de batraciens pour remplir 500 baignoires. Un chiffre qui pousse l’UE à étudier le modèle du Jura.