C’est l’histoire d’une enfance brisée qui s’ouvre aujourd’hui devant la cour d’assises de l’Hérault. Amandine, 13 ans, n’était plus qu’une ombre lorsque son corps sans vie a été découvert le 6 août 2020. La collégienne ne pesait que 28 kilos pour 1,55 mètre, victime d’une longue descente aux enfers orchestrée par sa propre mère.
Le procès qui s’ouvre ce matin met en lumière l’un des cas les plus dramatiques de maltraitance infantile de ces dernières années en France. Sandrine Pissara, 54 ans, et son compagnon Jean-Michel Cros, 49 ans, comparaissent pour répondre d’actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort d’une mineure de moins de 15 ans.
Dans l’enfer du confinement
C’est en mars 2020, alors que la France se confine face à la pandémie, qu’Amandine quitte son internat pour rejoindre la maison familiale à Montblanc, dans l’Hérault. Ce retour forcé marque le début d’un calvaire qui durera jusqu’à son dernier souffle. Enfermée dans un débarras sans fenêtre, l’adolescente subit des privations de nourriture systématiques et des humiliations quotidiennes.
Pendant que son frère et sa sœur vivent normalement à l’étage avec leur mère, Amandine est contrainte d’écrire des lignes sous la surveillance d’une webcam. La septicémie qui causera sa mort est la conséquence directe d’une privation prolongée de soins et de nourriture.
Qu’est-ce que la septicémie ?
Infection généralisée de l’organisme causée par la présence de bactéries dans le sang. Sans traitement rapide, elle peut entraîner un choc septique mortel. La malnutrition sévère augmente considérablement les risques d’infection.
Une mère aux multiples visages
Les témoignages des anciens conjoints de Sandrine Pissara dressent le portrait d’une femme « violente, manipulatrice et menteuse ». Face aux enquêteurs, elle a toujours su trouver les mots pour désamorcer les soupçons, jusqu’à ce que la tragédie ne puisse plus être dissimulée.
Son compagnon, Jean-Michel Cros, est quant à lui poursuivi pour sa passivité complice. Présent dans la maison pendant toute la période des faits, il n’a jamais tenté d’intervenir pour protéger l’adolescente des sévices qu’elle subissait.
Les alarmes silencieuses
Dès 2012, l’Éducation nationale avait tiré la sonnette d’alarme. Les signalements mentionnaient des ecchymoses et une inquiétante perte de cheveux chez Amandine. En 2014, une nouvelle alerte est lancée, mais les enquêtes sont systématiquement classées sans suite, bernées par les explications convaincantes de la mère.
Le parcours d’un signalement
L’Éducation nationale est tenue de signaler tout soupçon de maltraitance aux services sociaux. Ces informations préoccupantes sont transmises à la cellule départementale de protection de l’enfance qui évalue la situation et décide des mesures à prendre.
La justice en quête de réponses
Les accusés encourent des peines exemplaires : la réclusion criminelle à perpétuité pour la mère, jusqu’à 30 ans de prison pour le beau-père. Le verdict, attendu le 24 janvier, devra non seulement sanctionner les responsables, mais aussi éclairer les failles d’un système qui n’a pas su protéger une enfant en danger.
Pour Frédéric Flores, le père d’Amandine qui s’était battu en vain pour obtenir sa garde, la douleur est double. C’est par un simple appel téléphonique, alors qu’il se trouvait à la plage, qu’il a appris la mort de sa fille, ultime manifestation d’un système défaillant qui n’a pas su entendre ses alertes répétées.