Décès de Jean-Marie Le Pen : retour sur l’origine de sa fortune et l’héritage décisif d’Hubert Lambert

Jeremie B.
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La disparition de Jean-Marie Le Pen, figure controversée de l’extrême droite française et fondateur du Front national, soulève de nombreuses interrogations sur l’héritage considérable qu’il laisse derrière lui. Décédé ce mardi 7 janvier 2025 à l’âge de 96 ans, l’ancien leader politique emporte avec lui une partie des mystères entourant sa fortune, estimée à plusieurs millions d’euros.

Au cœur de ce patrimoine substantiel se trouve une histoire méconnue du grand public : celle d’un héritage providentiel reçu dans les années 1970, qui a définitivement changé la trajectoire financière du tribun d’extrême droite. Cette fortune, dont l’origine précise n’a jamais été totalement élucidée, trouve ses racines dans la rencontre décisive avec un industriel nommé Hubert Lambert.

Une rencontre qui change tout : l’héritage Lambert

C’est en 1973 que le destin financier de Jean-Marie Le Pen prend un tournant décisif. Hubert Lambert, riche industriel et actionnaire, décide de soutenir sa campagne pour les législatives. Une rencontre qui va bien au-delà du simple financement politique puisque trois ans plus tard, à sa mort en 1976, Lambert lègue l’intégralité de sa fortune à Le Pen : 30 millions de francs, soit l’équivalent de 4,5 millions d’euros actuels.

Ce legs extraordinaire ne se limite pas à des liquidités. Il comprend également un important patrimoine immobilier, dont le désormais célèbre manoir de Saint-Cloud, connu sous le nom de Montretout, qui deviendra le QG historique de la famille Le Pen.


Qu’est-ce que le manoir de Montretout ?
Demeure historique située à Saint-Cloud, aux portes de Paris, comprenant onze pièces avec dépendances et un parc de 5 000 m². Ce bien immobilier est détenu via une SCI où Jean-Marie Le Pen possédait 75% des parts, sa fille Marine 12,5%, et sa fille Yann le reste.

Les dessous d’un empire financier

Les révélations des Panama Papers ont levé le voile sur la complexité de l’organisation financière mise en place. L’enquête a mis au jour l’existence d’une société aux îles Vierges britanniques, un compte à Guernesey, ainsi que 2,2 millions d’euros répartis entre lingots d’or, billets de banque et pièces précieuses. S’y ajoutent des comptes dissimulés à la HSBC et dans une banque suisse.

À ces avoirs s’ajoute une confortable pension de retraite d’environ 12 000 euros mensuels, fruit de ses nombreuses années d’activité politique. Ce revenu régulier, cumulé aux autres sources de revenus immobiliers, a permis au patriarche d’assurer la pérennité de son patrimoine.

L’imbroglio de la succession

La transmission de ce patrimoine complexe soulève aujourd’hui de nombreuses questions fiscales. Les biens immobiliers, notamment, font l’objet de contentieux avec l’administration fiscale, qui conteste leur valorisation. Des procédures de redressement sont en cours, pointant une possible sous-évaluation de l’ordre de 60% de certains biens.


Les enjeux fiscaux de l’héritage Le Pen
L’administration fiscale a engagé plusieurs procédures de redressement concernant la valorisation des biens immobiliers. Le Parquet national financier mène également une enquête depuis 2016 sur les déclarations de patrimoine de la famille Le Pen, notamment concernant la transparence des avoirs détenus en commun.