Décès d’un étudiant après une soirée d’intégration : trois camarades mis en examen

Jeremie B.
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Un drame bouleversant secoue la communauté étudiante de Lille. Le 9 juillet 2021, Simon Guermonprez, un jeune étudiant en médecine de 19 ans, trouve la mort sur l’autoroute A27, percuté par une balayeuse. Cette tragédie, survenue à moins d’un kilomètre du domicile de ses parents, soulève de nombreuses questions sur les circonstances de l’accident et les événements qui l’ont précédé.

Trois ans après les faits, l’affaire connaît un nouveau rebondissement. Le 4 septembre 2024, la procureure de Lille, Carole Etienne, annonce la mise en examen de quatre personnes, dont trois camarades de Simon. Cette décision judiciaire relance le débat sur les pratiques d’intégration dans l’enseignement supérieur et leurs potentielles dérives.

Une soirée d’intégration qui tourne au drame

Quelques heures avant le drame, Simon participe à une soirée étudiante organisée par un groupe autoproclamé « les Borgia ». Comme les autres participants, il reçoit une marque au feutre rouge sur le front, signifiant son accord pour consommer de l’alcool. La soirée est généreusement arrosée : trois bassines de 60 litres contenant différents cocktails sont mises à disposition des étudiants.

Vers minuit, Simon quitte la soirée en taxi. Arrivé près de chez lui, il constate que la lumière est encore allumée chez ses parents. À 0h43, il prend un selfie sur un pont surplombant l’autoroute A27. Les enquêteurs supposent qu’il a fait tomber son téléphone et a tenté de le récupérer, ce qui l’a conduit sur l’autoroute où il a été percuté par une balayeuse.

Une enquête qui soulève des questions

L’instruction, qui a duré trois ans, aboutit à la mise en examen de quatre personnes. Le conducteur de la balayeuse est poursuivi pour homicide involontaire. Trois étudiants de la faculté de Lille sont également mis en cause : deux pour des faits de bizutage et une pour complicité de bizutage.

Les témoignages recueillis lors de l’enquête révèlent des positions contradictoires. Les membres du groupe des Borgia nient l’existence de pratiques de bizutage, affirmant que la participation aux activités est volontaire. « On demande toujours l’accord des gens. Celui qui ne veut pas boire, il ne boit pas », déclare l’une des jeunes femmes mises en examen.

Qu’est-ce que le bizutage ?
Le bizutage est une pratique d’initiation, souvent humiliante ou dégradante, imposée aux nouveaux arrivants dans un groupe. En France, le bizutage est interdit par la loi depuis 1998 et peut être puni jusqu’à 6 mois d’emprisonnement et 7500 euros d’amende.

Le débat sur les pratiques d’intégration relancé

Cette affaire remet en lumière la problématique des pratiques d’intégration dans l’enseignement supérieur. Le père de Simon porte un regard critique sur ces événements : « Dans ces soirées d’intégration, les jeunes n’ont pas vraiment le choix. Il y a un engrenage qui fait qu’ils sont obligés. » Cette déclaration soulève la question de la pression sociale exercée sur les étudiants lors de ces soirées.

L’affaire pourrait connaître de nouveaux développements. Selon Le Parisien, la famille de Simon envisagerait de demander un nouveau renvoi du procès « afin d’étudier la possibilité d’étendre les poursuites aux dirigeants de la faculté lilloise », d’après leur avocat, Me Damien Legrand. Cette démarche pourrait élargir le débat à la responsabilité des établissements d’enseignement supérieur dans l’encadrement de ces pratiques d’intégration.

Les enjeux juridiques de l’affaire
Cette affaire soulève des questions complexes de responsabilité. Au-delà des individus directement impliqués, la possible mise en cause de l’établissement d’enseignement pourrait créer un précédent important dans la jurisprudence concernant les pratiques d’intégration étudiantes.