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Décès inattendu de Mohammed Lakhdar-Hamina en plein hommage à Cannes : le seul cinéaste africain récompensé par la Palme d’or s’éteint à 95 ans

Julie K.
12 Min de lecture

Mohammed Lakhdar-Hamina s’éteint au moment même où le Festival de Cannes célèbre son œuvre. Seul cinéaste africain à avoir reçu la Palme d’or, il laisse un héritage cinématographique majeur. Ce que révèle cette coïncidence entre hommage et disparition apporte un éclairage inédit sur sa carrière. La vérité surprenante derrière cet événement reste à découvrir.

La Disparition Inattendue De Mohammed Lakhdar-Hamina Lors De L’hommage à Cannes

Alors que le Festival de Cannes célébrait le cinéma africain à travers la projection de *Chronique des années de braise*, une coïncidence poignante est survenue. Mohammed Lakhdar-Hamina, cinéaste algérien emblématique, s’est éteint à l’âge de 95 ans, le vendredi 23 mai 2025, à son domicile d’Alger. Cette simultanéité entre la diffusion de son œuvre et son décès confère une dimension symbolique forte à cet hommage, qui souligne l’importance de son legs artistique et culturel.

La famille du réalisateur a rapidement tenu à souligner l’ampleur de cet héritage : « il a établi un véritable pont culturel entre le Sud et l’Occident, devenant ainsi la voix du tiers monde et de son pays pendant près de quarante ans ». Ces mots traduisent l’impact durable de son travail, qui a su dépasser les frontières géographiques et politiques pour toucher un public international. Son œuvre a incarné, tout au long de sa carrière, une réponse artistique aux enjeux historiques et sociaux de l’Algérie, mais aussi une invitation au dialogue interculturel.

Le film projeté ce jour-là, restauré dans le cadre du programme Cannes Classic, témoigne de cette ambition. *Chronique des années de braise* retrace le parcours de l’Algérie entre 1930 et 1954, offrant un regard à la fois sensible et engagé sur les prémices de la guerre d’indépendance. La présence de cette œuvre sur la Croisette en 2025 illustre la reconnaissance persistante de l’importance de ce récit, autant pour le cinéma que pour la mémoire collective.

La disparition de Mohammed Lakhdar-Hamina survient ainsi au moment même où son travail retrouvait une visibilité internationale, renforçant l’idée que son influence dépasse le cadre de sa vie. Cette coïncidence invite à une réflexion sur la place qu’occupe son œuvre dans l’histoire du cinéma et sur le rôle qu’elle continue de jouer dans la compréhension des héritages coloniaux et postcoloniaux.

La Palme D’Or Historique De 1975, Seul Trophée Africain De L’Histoire De Cannes

L’hommage rendu à Mohammed Lakhdar-Hamina prend une résonance particulière lorsqu’on revient sur la portée exceptionnelle de sa Palme d’or obtenue en 1975. Ce trophée, décerné pour son film *Chronique des années de braise*, demeure à ce jour la seule Palme d’or remportée par un cinéaste africain dans l’histoire du Festival de Cannes. Cette distinction souligne non seulement la qualité artistique de l’œuvre, mais aussi son poids symbolique dans le paysage cinématographique mondial.

Le film, qui retrace l’Algérie entre 1930 et 1954, s’impose comme une fresque historique majeure. Il offre une perspective approfondie sur les tensions politiques et sociales qui ont conduit à la guerre d’indépendance, mêlant engagement politique et narration sensible. À travers cette œuvre, Lakhdar-Hamina donne une voix aux luttes du tiers monde, en particulier celles de son pays, et invite à une meilleure compréhension des enjeux coloniaux. Son récit dépasse ainsi le simple cadre du cinéma pour s’inscrire dans un dialogue historique et politique international.

Cette Palme d’or fut d’autant plus remarquable que sa réception en 1975 fut marquée par des tensions. Selon France Info, des militants de l’OAS auraient tenté de perturber la cérémonie en lançant de fausses alertes à la bombe, témoignant de la charge politique que portait alors le film. Malgré ces tentatives de déstabilisation, le jury présidé par Jeanne Moreau a su reconnaître la valeur et l’audace de l’œuvre, confirmant Mohammed Lakhdar-Hamina comme un réalisateur de premier plan.

Auparavant, son talent avait déjà été salué en 1967 avec le Prix de la première œuvre pour *Le vent des Aurès*. Ce film, tout comme *Chronique des années de braise*, témoigne d’une volonté constante de représenter la réalité algérienne et de questionner le passé colonial. Ce parcours jalonné de récompenses illustre l’engagement artistique et politique du cinéaste, qui a su imposer une voix singulière sur la scène internationale.

Ainsi, la Palme d’or de 1975 ne se limite pas à un simple accomplissement personnel. Elle incarne une reconnaissance majeure pour le cinéma africain et postcolonial, tout en inscrivant Mohammed Lakhdar-Hamina dans l’histoire des luttes culturelles et politiques. Cette victoire reste un jalon essentiel pour comprendre l’impact de son œuvre, qui continue de nourrir les débats sur la mémoire et l’identité.

Les Réactions Officielles Et L’Héritage Culturel Du Réalisateur

La portée symbolique de la Palme d’or remportée par Mohammed Lakhdar-Hamina en 1975 trouve un écho profond dans les réactions qui ont suivi son décès, marquant une étape importante dans la reconnaissance de son œuvre. À Cannes, la présence de son fils Malek, qui interprétait un enfant dans *Chronique des années de braise*, a donné un visage humain à cet hommage. Ému, il a souligné la dimension rassembleuse du travail de son père : « À travers ce film, Mohamed Lakhdar-Hamina a tendu la main pour rassembler et non diviser. Il a fait du cinéma une terre d’accueil. » Cette déclaration illustre la vision humaniste du cinéaste, pour qui le cinéma était avant tout un espace de dialogue et de compréhension mutuelle.

Le message de Malek s’inscrit dans une continuité familiale et culturelle, témoignant de l’impact durable de l’œuvre paternelle sur les générations actuelles. Il rappelle que le cinéma de Lakhdar-Hamina dépasse la simple narration historique pour devenir un véritable vecteur de mémoire collective et d’ouverture. En ce sens, le réalisateur a su incarner la voix du tiers monde tout en favorisant un échange entre cultures différentes, renforçant ainsi son rôle de pont entre le Sud et l’Occident, mentionné par sa famille.

Parallèlement, la reconnaissance officielle s’est manifestée par un message de condoléances du président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui a salué la disparition de « ce géant du cinéma mondial ». Cette déclaration témoigne de la place exceptionnelle que le cinéaste occupait non seulement dans le paysage culturel algérien, mais aussi sur la scène internationale. Le chef de l’État a ainsi souligné l’importance de son héritage, qui contribue à valoriser la mémoire historique et à promouvoir l’identité nationale à travers le prisme artistique.

Ces hommages, à la fois personnels et institutionnels, révèlent combien Mohammed Lakhdar-Hamina a marqué son époque par son engagement artistique. Son œuvre, portée par une volonté constante de réconciliation et de transmission, continue d’inspirer les cinéastes et les spectateurs, tout en nourrissant le débat sur les relations postcoloniales. En conjuguant mémoire historique et humanisme, il a offert au cinéma une dimension universelle, faisant de son parcours un exemple singulier dans l’histoire culturelle contemporaine.

Ainsi, cet hommage vibrant à Cannes et en Algérie souligne la permanence de l’impact de Mohammed Lakhdar-Hamina, dont le legs dépasse largement le cadre du cinéma pour s’inscrire dans une dynamique de reconnaissance et de dialogue entre les peuples.

L’Immortalisation De Son Œuvre Via La Restauration De Chronique Des Années De Braise

Dans la continuité de cet hommage empreint d’émotion, la projection d’une version restaurée de Chronique des années de braise lors du Festival de Cannes 2025 illustre la volonté de préserver et de transmettre l’œuvre de Mohammed Lakhdar-Hamina. Cette initiative, fruit d’une collaboration entre le Festival et les archives du réalisateur, permet de redécouvrir un film qui demeure un repère essentiel pour comprendre les mécanismes historiques et sociaux ayant conduit à la guerre d’indépendance algérienne.

La restauration de ce film, projetée dans le cadre du programme Cannes Classic, souligne l’importance accordée à son message, toujours pertinent près de cinquante ans après sa création. Par ce geste patrimonial, le cinéma s’affirme une fois de plus comme un outil de compréhension des conflits passés, offrant aux nouvelles générations un accès direct à une mémoire collective souvent méconnue ou oubliée. L’œuvre de Lakhdar-Hamina, en racontant l’Algérie coloniale entre 1930 et 1954, invite à une réflexion sur les enjeux de la décolonisation et les tensions qui ont façonné le monde contemporain.

Cette démarche de sauvegarde ne se limite pas à une simple restauration technique, elle incarne également une reconnaissance renouvelée de la portée culturelle et politique du film. En effet, Chronique des années de braise dépasse le cadre d’une fresque historique pour devenir une pièce maîtresse du cinéma engagé, dont la portée dépasse largement les frontières algériennes et africaines. Le choix de présenter cette version restaurée au moment même où le cinéaste s’éteignait confère à l’hommage une dimension symbolique forte, témoignant de la pérennité de son regard critique.

Ainsi, cette restauration participe à l’ancrage durable de Mohammed Lakhdar-Hamina dans le patrimoine cinématographique mondial, tout en rappelant que son œuvre demeure une source essentielle pour appréhender les dynamiques postcoloniales. Le cinéma, à travers ce film, continue de jouer son rôle de médiateur entre mémoire et histoire, entre passé et présent, offrant un espace de dialogue indispensable à la compréhension des blessures et des espoirs qui traversent encore notre époque.