Dans la nuit glaciale du 1er novembre dernier à Dijon, ce qui devait être un moment de joie s’est transformé en cauchemar pour Mauricia Guenengaye. Cette mère de famille s’est retrouvée contrainte d’accoucher sur le parking de l’hôpital privé de Dijon Bourgogne, après s’être vu refuser l’accès aux urgences dans des circonstances aussi choquantes qu’incompréhensibles.
En plein travail et incapable de marcher jusqu’à la maternité, cette future maman de trois enfants s’est heurtée à une situation kafkaïenne qui soulève de nombreuses questions sur l’accueil des patients en situation d’urgence dans les établissements de santé français.
Une nuit d’horreur aux portes de l’hôpital
Souffrant de violentes contractions, Mauricia Guenengaye se présente aux urgences de l’hôpital privé de Dijon Bourgogne. « Je hurlais de douleur », témoigne-t-elle, alors que son mari tente désespérément d’obtenir de l’aide via l’interphone. La réponse du personnel est aussi froide que la température extérieure : impossible d’entrer car ils ne sont « pas au bon endroit ».
Face à cette situation incompréhensible, le couple se retrouve démuni. Les minutes s’écoulent, précieuses, tandis que l’accouchement devient imminent. C’est finalement sur le parking de l’établissement que Mauricia donnera naissance à son enfant, assistée uniquement par son mari et un témoin providentiel.
Les protocoles d’urgence en maternité
Les maternités sont normalement équipées d’un accès direct aux urgences obstétricales 24h/24. Le personnel est tenu d’évaluer rapidement toute situation impliquant une femme en travail, indépendamment du point d’entrée dans l’établissement.
Un nouveau-né en détresse
Si une équipe médicale a fini par intervenir quelques instants après la naissance, les conséquences de cet accouchement en plein air n’ont pas été anodines. « Il avait les lèvres bleues et a fait deux heures de couveuse », rapporte la mère, marquée par ce moment qui lui a été « volé ». Par chance, la mère et l’enfant s’en sont sortis sans séquelles graves, malgré les conditions extrêmes de cette naissance.
La direction de l’hôpital, par la voix de Valérie Fakhoury, reconnaît « un dysfonctionnement » et parle d’une « situation exceptionnelle ». L’établissement admet que son personnel des urgences a « mal évalué la situation », une reconnaissance qui sonne comme un euphémisme face à la gravité des faits.
Une affaire qui fait écho aux maux du système de santé
Le couple a décidé de porter plainte auprès de la gendarmerie, « pour que cela ne se reproduise pas ». Au-delà du cas personnel, Mauricia Guenengaye pointe du doigt un problème plus systémique : « C’est juste symptomatique du système de santé. On ne réfléchit plus en termes d’humain, on déresponsabilise les gens. »
Cette affaire met en lumière les failles dans l’organisation des services d’urgence et pose la question de la formation du personnel d’accueil face aux situations critiques. Elle soulève également un débat plus large sur l’humanisation des soins dans un système de santé de plus en plus protocolaire.
État des maternités en France
La France compte environ 498 maternités en 2024, contre plus de 1300 dans les années 1990. Cette diminution, couplée à un manque de personnel, peut créer des situations tendues dans la prise en charge des parturientes, particulièrement en situation d’urgence.