Disparition de Niels Arestrup : les réactions contrastées du monde du cinéma à l’annonce de ses obsèques

Angelique S.
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La disparition de Niels Arestrup, survenue le dimanche 1er décembre 2024 à l’âge de 75 ans, continue de susciter de vives réactions au sein de l’industrie cinématographique française. L’acteur aux trois César s’est éteint à son domicile de Ville-d’Avray, dans les Hauts-de-Seine, « au terme d’un combat courageux contre la maladie », comme l’a annoncé son épouse Isabelle Le Nouvel dans un communiqué poignant.

Alors que les obsèques de ce monstre sacré du cinéma français s’annoncent pour le 10 décembre, les hommages se multiplient, révélant une image contrastée de l’artiste. Entre admiration unanime pour son talent d’acteur et témoignages plus nuancés sur l’homme, le décès de Niels Arestrup met en lumière la complexité d’une personnalité qui aura marqué le 7e art de son empreinte.

Une carrière jalonnée de succès et de reconnaissance

D’origine franco-danoise, Niels Arestrup s’est imposé comme l’une des figures incontournables du cinéma français. Sa collaboration emblématique avec Jacques Audiard, notamment dans « Un Prophète » et « De battre mon cœur s’est arrêté », lui a valu deux César du meilleur acteur dans un second rôle. Un troisième César viendra couronner sa prestation dans « Quai d’Orsay » de Bertrand Tavernier en 2014.

Sa carrière internationale l’a également conduit à tourner sous la direction de réalisateurs prestigieux, comme Steven Spielberg dans « War Horse » et Julian Schnabel dans « Le Scaphandre et le Papillon ». Son regard bleu perçant et sa présence magnétique ont fait de lui un acteur recherché, capable d’incarner aussi bien des personnages complexes que des figures paternelles bienveillantes.


Les César de Niels Arestrup
– 2006 : Meilleur acteur dans un second rôle pour « De battre mon cœur s’est arrêté »
– 2010 : Meilleur acteur dans un second rôle pour « Un Prophète »
– 2014 : Meilleur acteur dans un second rôle pour « Quai d’Orsay »

Des réactions qui divisent la profession

Les hommages affluent depuis l’annonce de sa disparition. La ministre de la Culture Rachida Dati salue « la force de son jeu » et « sa présence magnétique face à la caméra », tandis que des acteurs comme Tahar Rahim et Patrick Bruel expriment leur profonde tristesse. Le photographe Jean-Marie Perier évoque avec émotion « un type bien ».

Cependant, certaines voix se montrent plus mesurées, notamment celle d’Isabelle Adjani. L’actrice, qui avait connu un différend majeur avec Arestrup en 1983, livre un témoignage nuancé dans Le Parisien : « À titre personnel, je n’ai hélas rien à exprimer de positif sur l’homme. Mon souvenir du partenaire de théâtre demeure un traumatisme marquant. Mais Niels Arestrup fut un grand acteur. »

Un dernier hommage à la paroisse des artistes

Les obsèques de Niels Arestrup se tiendront le mardi 10 décembre 2024 à 10h30 en l’église Saint-Roch, dans le Ier arrondissement de Paris. Le choix de ce lieu n’est pas anodin : cette église est traditionnellement connue comme la paroisse des artistes parisiens.


L’église Saint-Roch, sanctuaire des artistes
Située rue Saint-Honoré à Paris, l’église Saint-Roch est depuis longtemps associée au monde des arts. De nombreuses personnalités du spectacle y ont célébré leurs obsèques, faisant de ce lieu un symbole fort pour la communauté artistique française.

L’héritage d’un artiste controversé

Au-delà des polémiques qui ont émaillé sa carrière, notamment concernant des accusations de violence lors de représentations théâtrales, Niels Arestrup laisse l’image d’un acteur d’exception. Son parcours, débuté sur les planches à l’âge de 23 ans dans une adaptation de « Crime et Châtiment », témoigne d’une passion dévorante pour son art.

Du théâtre au cinéma, en passant par la télévision où il est apparu une dernière fois dans la série « Black Butterflies » en 2022, Niels Arestrup aura marqué plusieurs générations de spectateurs et d’artistes par son talent et son intensité. Son départ laisse un vide dans le paysage culturel français, tout en soulevant des questions sur les relations parfois complexes entre l’artiste et l’homme.