En mai 2024, un automobiliste italien a créé la stupéfaction en étant flashé à 255 km/h sur l’autoroute A26 près de Sillavengo, dans le Piémont. Une vitesse hallucinante qui aurait dû lui coûter 845 euros d’amende et jusqu’à un an de suspension de permis. Pourtant, contre toute attente, cet amateur de vitesse a réussi à s’en sortir sans la moindre sanction, grâce à une faille administrative pour le moins surprenante.
Cette histoire rocambolesque met en lumière les faiblesses du système de contrôle routier italien et soulève de nombreuses questions sur la validité des milliers de procès-verbaux dressés chaque année dans la péninsule. Un cas qui pourrait faire jurisprudence et créer un précédent inquiétant pour la sécurité routière.
Une faille juridique exploitée avec brio
C’est à son avocat, Maître Gabriele Pipicelli, que l’automobiliste doit sa chance inouïe. Le juriste a en effet découvert que le radar Trucam utilisé lors du contrôle n’avait reçu qu’une simple approbation administrative, et non l’homologation officielle requise par la loi italienne. Une subtilité juridique qui a fait toute la différence.
La Cour de cassation italienne a confirmé ce point de droit : sans homologation en bonne et forme, les mesures de vitesse ne peuvent être considérées comme valables. La préfecture de Novare n’a eu d’autre choix que d’annuler le procès-verbal et toutes les sanctions qui l’accompagnaient.
Qu’est-ce qu’une homologation ?
Il s’agit d’une procédure officielle qui certifie qu’un équipement répond aux normes techniques et légales en vigueur. Pour les radars, elle garantit la fiabilité et la précision des mesures. Sans cette certification, les preuves récoltées peuvent être contestées en justice.
Une remise en question du système italien
Cette affaire intervient dans un contexte déjà tendu autour des radars en Italie. Le pays compte pas moins de 11 000 dispositifs de contrôle sur son territoire, générant des revenus considérables pour les municipalités. En 2022, les 20 plus grandes villes italiennes ont ainsi perçu 75 millions d’euros grâce aux amendes routières.
Le ministre des Transports lui-même, Matteo Salvini, affiche une position ambivalente sur le sujet. S’il affirme que la sécurité routière est une priorité, il dénonce également ce qu’il considère comme un « harcèlement » des automobilistes, particulièrement dans les zones limitées à 30 km/h.
Un débat national sur fond de contestation
Le phénomène « Fleximan », ce mystérieux vandale qui s’attaque aux radars depuis l’hiver 2024, illustre la tension grandissante autour de ces dispositifs de contrôle. Sa dernière action en date à Cantu, près de Milan, a relancé les discussions sur la légitimité des radars.
Face à cette situation, de nouvelles réglementations sont en préparation. Notamment l’interdiction d’installer des radars sur les portions où la vitesse est réduite de 20 km/h par rapport à la normale, et la limitation à une seule amende majorée en cas d’infractions multiples dans l’heure.
Le cas de Bologne : l’exception qui confirme la règle ?
La ville de Bologne, qui a généralisé la limitation à 30 km/h depuis janvier 2024, rapporte une baisse de 14% des accidents. Un résultat qui contraste avec les critiques sur l’efficacité des mesures de limitation de vitesse.