Dans une allocution télévisée très attendue ce jeudi 5 décembre 2024, Emmanuel Macron a tenté de rassurer les Français face à une crise politique majeure. Suite à l’adoption de la motion de censure à l’Assemblée nationale et à la démission du Premier ministre Michel Barnier, le président de la République a annoncé une série de mesures d’urgence pour maintenir la stabilité du pays.
Face à cette situation inédite sous la Ve République, le chef de l’État propose une réponse en deux temps : une loi spéciale mi-décembre pour assurer la continuité de l’État, suivie d’un nouveau budget début 2025. Ces annonces surviennent dans un contexte de forte tension politique, où aucune coalition ne parvient à dégager une majorité claire au Parlement.
Une crise politique aux multiples facettes
La journée a été marquée par la démission de Michel Barnier, suite au vote historique de la motion de censure. Le Premier ministre sortant a été salué par Emmanuel Macron pour « son travail, son dévouement et sa pugnacité » durant son mandat. Le président dénonce particulièrement l’alliance qualifiée « d’anti-républicaine » entre l’extrême droite et l’extrême gauche, qui a conduit à cette situation sans précédent.
Cette configuration politique complexe pousse l’exécutif à chercher des solutions alternatives pour gouverner. La nomination d’un nouveau Premier ministre est annoncée pour les prochains jours, avec pour mission principale de former un « gouvernement d’intérêt général » centré sur les enjeux budgétaires.
Qu’est-ce qu’une motion de censure ?
C’est une procédure permettant à l’Assemblée nationale de mettre en cause la responsabilité du gouvernement. Son adoption entraîne automatiquement la démission du gouvernement. Le seul précédent sous la Ve République remonte à 1962, sous le gouvernement de Georges Pompidou.
Un dispositif d’urgence pour maintenir le cap
La loi spéciale, pierre angulaire du dispositif annoncé, doit être présentée mi-décembre. Elle vise à garantir la continuité des services publics et le fonctionnement normal du pays. Concrètement, ce texte permettra de débloquer des investissements pour les armées, la justice, les forces de l’ordre, mais aussi d’apporter un soutien aux agriculteurs en difficulté et à la Nouvelle-Calédonie.
Le président maintient fermement sa position quant à son mandat : « Le mandat que vous m’avez démocratiquement confié est un mandat de cinq ans et je l’exercerai pleinement jusqu’à son terme », déclare-t-il, malgré des sondages défavorables. Les dernières études Odoxa et Elabe révèlent que 59% à 61% des Français souhaitent son départ.
Les défis des 30 prochains mois
Emmanuel Macron insiste sur l’importance des 30 mois restants jusqu’à la fin de son mandat en 2027. Ces derniers doivent être, selon ses mots, « 30 mois d’actions utiles pour le pays en partant du réel ». Le nouveau budget, prévu pour début 2025, constituera la première pierre de ce nouveau chapitre politique.
Le calendrier politique contraint
Aucune élection législative anticipée n’est possible avant au moins 10 mois, selon les règles constitutionnelles. Cette situation impose à l’exécutif de trouver des solutions de gouvernance dans le cadre institutionnel actuel, malgré l’absence de majorité parlementaire.