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Facteur le jour, il écoulait plus de 100 colis sur Vinted la nuit… Le détail qui a trahi son double jeu

Julie K.
5 Min de lecture

Un facteur, des colis disparus et un compte Vinted suspect… Dans les tripostaux de Haute-Savoie, un employé modèle cache une double vie étonnante. Pendant trois mois, un système bien huilé détourne l’attention – jusqu’à ce qu’un détail infime ne fasse tout basculer. Comment ce petit trafic a-t-il pu durer ? La réponse se niche entre témoignages troublants et une condamnation inédite.

Un facteur pas comme les autres : le système de vols à grande échelle

Entre juin et août 2024, plus de cent colis disparaissent mystérieusement au centre de tri postal de Viry. Des chaussures et vêtements de marque s’évaporent comme par magie, alimentant un trafic insolite. Le coupable ? Un facteur de 34 ans en apparence irréprochable, qui détourne les paquets avant même leur livraison.

Pendant trois mois, l’homme met en place un système bien rodé : tri sélectif des colis convoités, détournement discret, puis revente systématique. Les marques premium deviennent sa cible privilégiée, transformant son emploi de service public en source de profit personnel.

La Poste commence à soupçonner une fraude interne lorsque les plaintes pour colis non livrés se multiplient. Mais personne n’imagine encore l’ampleur du trafic : des centaines d’articles subtilisés, soit l’équivalent de plusieurs milliers d’euros de marchandise détournés en pleine journée de travail.

L’enquête qui a fait tomber le masque

L’affaire éclate lorsque des dizaines de clients signalent des colis jamais reçus, déclenchant une enquête interne de La Poste. Les services de sécurité traquent chaque anomalie dans la chaîne logistique, jusqu’à identifier un point commun troublant : tous les paquets disparus sont passés entre les mains d’un même facteur.

L’entreprise lance alors une opération ciblée, croisant vidéos de surveillance, témoignages de collègues et suivi méticuleux des colis. Le 15 avril 2025, le dispositif porte ses fruits : le préposé postal est pris en flagrant délit de vol au centre de tri de Viry, scellant son implication sans équivoque.

Les images caméra montrent des scènes de détournement méthodique, tandis que des employés rapportent des comportements suspects. Cette accumulation de preuves techniques et humaines rend caduque toute tentative de déni, précipitant la transmission du dossier à la justice.

Vinted, le comptoir clandestin d’un fonctionnaire véreux

L’enquête policière révèle un compte Vinted personnel florissant : plus de cent articles de marque y sont écoulés entre juin et août 2024. Chaussures, vestes premium et accessoires luxueux apparaissent sous pseudonyme, alimentant un trafic parallèle insoupçonné.

Le facteur nie farouchement les accusations lors de son procès, clamant une activité légale de revente. Mais les enquêteurs relèvent une incohérence majeure : « dans l’incapacité de fournir les preuves de ses achats », l’homme ne peut justifier l’origine des marchandises.

Les transactions sur la plateforme correspondent pourtant aux vols recensés, jusqu’aux dates et descriptions des colis disparus. Ce réseau de revente organisé transforme le site de seconde main en véritable marché noir, exploitant cyniquement la confiance des acheteurs en ligne.

La chute d’un petit trafiquant : condamnation et licenciement

Le tribunal correctionnel de Thonon-les-Bains rend son verdict le 15 avril 2025 : huit mois de prison avec sursis pour vols aggravés, assortis d’une amende symbolique. Le facteur doit verser 1 000 € à La Poste pour « préjudice moral », reconnaissant ainsi l’impact de ses actes sur l’image de l’entreprise publique.

La sanction professionnelle tombe comme un couperet : un licenciement pour faute grave met fin à dix ans de carrière postale. Malgré ses dénégations répétées lors du procès – « le trentenaire nie les faits » selon Le Dauphiné Libéré – l’accumulation des preuves rend toute défense impossible.

Cette affaire fait jurisprudence sur l’utilisation détournée des plateformes de revente par des fonctionnaires. La Poste annonce renforcer ses contrôles internes, déterminée à éviter tout nouveau cas de fraude d’une telle ampleur.