Après quinze ans d’absence, le retour de Faudel sur la scène parisienne sonne comme un événement majeur pour les amateurs de raï. Ce dimanche 10 novembre 2024, le YOYO du Palais de Tokyo accueille celui qu’on surnommait le « Prince du raï » pour une soirée exceptionnelle organisée par le collectif La Kasba, mêlant musique électronique et influences orientales.
Méconnaissable avec sa nouvelle coupe de cheveux dégradée et ses lunettes tape-à-l’œil, l’interprète de « Tellement je t’aime » fait sensation sur les réseaux sociaux où il annonce son retour avec enthousiasme. À 46 ans, Faudel promet de revisiter ses classiques devant un public parisien qui ne l’a plus vu depuis 2009.
De l’enfant prodige du Val-Fourré à la star du raï
Né dans le quartier populaire du Val-Fourré à Mantes-la-Jolie, Faudel Belloua connaît une ascension fulgurante dès son plus jeune âge. À seulement 9 ans, il remporte son premier concours de chant, avant de rejoindre le groupe de Rachid Taha à 12 ans. Son talent précoce et sa voix caractéristique en font rapidement l’une des figures de proue du raï moderne en France.
Le Val-Fourré, berceau d’une star
Plus grande cité d’Europe dans les années 90, le quartier du Val-Fourré à Mantes-la-Jolie a été le théâtre d’importantes émeutes urbaines. C’est dans ce contexte que Faudel, fils d’un ouvrier Renault et d’une employée de maison, tous deux immigrés algériens, forge sa personnalité artistique.
L’engagement politique qui a tout changé
L’année 2007 marque un tournant radical dans la carrière de l’artiste. Son soutien public à Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle lui vaut de violentes critiques et des menaces qui le poussent à quitter la France. Une décision qui illustre le prix parfois élevé de l’engagement politique pour un artiste populaire.
La Fête de la musique 2007 reste comme le symbole de cette rupture : hué en direct sur France 2 devant 20 000 spectateurs lors d’un concert Porte d’Auteuil, Faudel doit écourter sa prestation après une seule chanson.
Une renaissance marocaine
L’exil devient pour Faudel une opportunité de reconstruction. Installé à Marrakech depuis plus d’une décennie, il obtient la nationalité marocaine en 2011. Loin des polémiques hexagonales, il construit une nouvelle vie, se marie avec une Marocaine et devient père de deux enfants.
Le raï, un genre musical engagé
Genre musical né en Algérie, le raï est traditionnellement porteur de messages sociaux et politiques. L’engagement de Faudel en 2007 a particulièrement marqué les esprits car il allait à contre-courant des valeurs historiquement associées à ce style musical.
Un retour aux sources attendu
Aujourd’hui, fort d’une communauté d’un million d’abonnés sur Instagram, Faudel maintient le lien avec son public malgré la distance. Sa présence au YOYO marque non seulement son grand retour à Paris, mais symbolise aussi la possible réconciliation entre l’artiste et son public français d’origine. Le « petit prince du raï » revient avec la maturité d’un artiste qui a su se réinventer tout en restant fidèle à ses racines musicales.
