Gérald Darmanin commente la non-nomination de Lucie Castets à Matignon

Marie Q.
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La scène politique française est en ébullition depuis l’annonce fracassante d’Emmanuel Macron ce lundi 26 août. Le Président de la République a rejeté l’idée de former un gouvernement issu du Nouveau Front Populaire (NFP), mettant ainsi un terme aux espoirs de Lucie Castets d’accéder au poste de Première ministre. Cette décision, qui a provoqué une onde de choc dans les rangs de la gauche unie, soulève de nombreuses questions sur l’avenir politique du pays et le fonctionnement de ses institutions.

Alors que les consultations pour la formation d’un nouveau gouvernement battaient leur plein, le choix du Président de faire fi des propositions du NFP, pourtant majoritaire à l’Assemblée nationale, a suscité de vives réactions. Entre indignation à gauche et soutien à droite, les commentaires fusent de toutes parts, dessinant les contours d’une crise politique qui pourrait bien s’inscrire dans la durée.

Un rejet qui fait des vagues

La décision d’Emmanuel Macron de ne pas nommer Lucie Castets à Matignon s’inscrit dans un contexte politique tendu. Après des élections législatives qui ont vu le NFP obtenir une majorité relative, le Président semblait contraint de composer avec cette nouvelle donne. Pourtant, en rejetant l’idée d’un gouvernement NFP, il réaffirme sa volonté de garder la main sur l’exécutif, quitte à s’attirer les foudres de l’opposition.

Pour le chef de l’État, les enjeux sont multiples. D’une part, il cherche à préserver sa capacité d’action et à éviter une cohabitation qui pourrait paralyser son action. D’autre part, il tente de rassurer son camp et ses alliés, inquiets à l’idée de voir la gauche prendre les rênes du gouvernement. Cette stratégie risquée pourrait cependant accentuer les tensions au sein de la classe politique et avec une partie de l’opinion publique.

Darmanin monte au créneau

Face à la polémique, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, est monté au créneau pour défendre la position présidentielle. Invité sur le plateau de BFMTV ce mardi 27 août, il n’a pas mâché ses mots concernant Lucie Castets. « Madame Castets, avec tout le respect qu’on lui doit, elle ne s’est pas présentée aux élections législatives, elle n’a pas été élue députée, elle ne s’est même pas présentée au suffrage des électeurs », a-t-il déclaré, remettant en question la légitimité de la candidate du NFP.

Le ministre a également tenu à rappeler les prérogatives du Président en matière de nomination du Premier ministre. « La constitution de la Ve République depuis 1958, prévoit que c’est le président de la République qui nomme le Premier ministre. Ce ne sont pas les partis politiques qui décident de dire comme ça qui est le Premier ministre », a-t-il martelé, défendant une lecture stricte de la Constitution qui donne une large marge de manœuvre au chef de l’État.

La Constitution de la Ve République
Adoptée en 1958, la Constitution française accorde de larges pouvoirs au Président de la République, notamment celui de nommer le Premier ministre. Cependant, la pratique politique a souvent conduit à choisir un Premier ministre issu de la majorité parlementaire, surtout en période de cohabitation.

Lucie Castets contre-attaque

La réponse de Lucie Castets ne s’est pas fait attendre. Invitée sur France Inter ce même mardi, la candidate malheureuse à Matignon a vivement critiqué la décision présidentielle. « Là, on est en face d’un président de la République qui veut à la fois être président de la République, Premier ministre et chef de parti… », a-t-elle déclaré, dénonçant une concentration des pouvoirs jugée excessive.

Pour la représentante du NFP, le refus d’Emmanuel Macron de nommer un Premier ministre issu de la majorité parlementaire est un déni de démocratie. « Les institutions ne peuvent pas fonctionner comme ça. Ça n’est satisfaisant pour personne. Ça n’est pas respectueux des Français, ni de la démocratie », a-t-elle affirmé, appelant le Président à reconsidérer sa position.

Un bras de fer institutionnel en perspective

Cette passe d’armes entre l’exécutif et le NFP soulève de nombreuses questions sur l’équilibre des pouvoirs en France. Si la Constitution donne effectivement au Président la prérogative de nommer le Premier ministre, la pratique politique a souvent conduit à respecter les résultats des élections législatives. Le choix d’Emmanuel Macron de s’affranchir de cette tradition pourrait conduire à une crise institutionnelle majeure.

Plusieurs scénarios se dessinent désormais pour la formation du gouvernement. Le Président pourrait tenter de former une coalition excluant le NFP, au risque de se heurter à un blocage à l’Assemblée nationale. Il pourrait également chercher un compromis en nommant une personnalité moins clivante que Lucie Castets, mais issue de la gauche. Enfin, l’hypothèse d’une dissolution de l’Assemblée nationale n’est pas à exclure, bien qu’elle constitue un pari risqué pour le chef de l’État.

Le précédent de 1962
En 1962, le général de Gaulle avait refusé de nommer un Premier ministre issu de la majorité parlementaire après un vote de censure. Cette crise s’était soldée par la dissolution de l’Assemblée nationale et de nouvelles élections législatives, remportées par les gaullistes.