L’affaire Guillaume Meurice prend un nouveau tournant. L’humoriste, connu pour ses chroniques satiriques et son humour mordant, ne compte pas se laisser faire après son licenciement de France Inter. Alors que l’été touche à sa fin, l’ancien chroniqueur de la célèbre station de radio publique prépare sa rentrée d’une manière pour le moins inattendue : en saisissant les prud’hommes.
C’est via son compte Instagram que Guillaume Meurice a choisi d’annoncer la nouvelle à ses fans et followers. Une simple photo d’une pochette jaune, sur laquelle on peut lire « Dossier Prud’hommes », accompagnée d’un laconique « la rentrée se prépare » en guise de légende. Un message court mais lourd de sens, qui annonce une bataille juridique à venir entre l’humoriste et son ancien employeur.
Une blague qui a coûté cher
Pour comprendre cette situation, il faut remonter à octobre 2023. À l’époque, Guillaume Meurice fait une blague sur les ondes de France Inter, qualifiant le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou de « sorte de nazi mais sans prépuce ». Des propos qui ne passent pas inaperçus et qui lui valent une première suspension. Mais l’affaire ne s’arrête pas là.
En avril 2024, l’humoriste réitère ses propos, ignorant l’avertissement reçu et la mise en garde de l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel. Cette fois, la direction de Radio France ne laisse pas passer. Guillaume Meurice est officiellement licencié pour « faute grave » en juin 2024, une décision justifiée par Sibyle Veil, PDG de Radio France, comme une conséquence de son « obstination et de sa déloyauté répétée ».
Une riposte judiciaire
Face à ce qu’il considère comme un licenciement abusif, Guillaume Meurice a décidé de contre-attaquer. Dès l’annonce de son licenciement, l’humoriste avait exprimé sa tristesse et son incompréhension face à la décision de Radio France. « Si je suis triste, c’est de te laisser ainsi, dirigée par des âmes de si peu de scrupules. De celles qui ont comme boussole leur soif d’obéir, et un tableur Excel à la place du cerveau », avait-il écrit sur les réseaux sociaux.
Aujourd’hui, en saisissant les prud’hommes, Guillaume Meurice passe à l’offensive. Dans une interview accordée à Konbini en juin, il avait déjà annoncé son intention de porter l’affaire en justice, estimant que Radio France avait dû « empiler un certain nombre de prétextes un peu vaseux » pour justifier son licenciement. « Possiblement Radio France perdra aux prud’hommes contre moi parce qu’ils n’ont pas respecté la loi », avait-il alors déclaré.
Le conseil de prud’hommes est une juridiction spécialisée dans le règlement des litiges individuels entre employeurs et salariés. Il est compétent pour juger les conflits liés au contrat de travail, comme les licenciements abusifs ou les demandes de paiement de salaires.
Un soutien massif sur les réseaux sociaux
L’annonce de Guillaume Meurice n’a pas manqué de faire réagir ses fans et supporters. Sur Instagram, les commentaires de soutien affluent sous sa publication. Nombreux sont ceux qui lui souhaitent bon courage dans sa démarche et qui expriment leur solidarité face à ce qu’ils perçoivent comme une injustice.
Ce soutien massif n’est pas sans rappeler les conséquences qu’a eues le licenciement de l’humoriste sur France Inter. En effet, plusieurs voix de la station ont choisi de quitter l’antenne en signe de solidarité avec leur camarade, marquant ainsi leur désaccord avec la décision de la direction.
Un impact sur l’image de France Inter
L’affaire Guillaume Meurice ne se limite pas à un simple conflit entre un employé et son employeur. Elle soulève des questions plus larges sur la liberté d’expression dans les médias publics et l’indépendance des humoristes face aux pressions politiques et médiatiques.
Pour France Inter, cette affaire représente un défi en termes d’image. La station, connue pour son ton libre et parfois irrévérencieux, se retrouve accusée par certains de céder à la pression et de museler l’humour. De son côté, la direction de Radio France maintient que « ni la liberté d’expression, ni l’humour, n’ont jamais été menacés à Radio France », tout en soulignant l’importance du « sens du bien commun » y compris pour les humoristes.
En France, la liberté d’expression est protégée par la loi, mais elle a des limites. L’humour bénéficie d’une certaine tolérance, mais peut être sanctionné s’il est jugé diffamatoire, injurieux, ou s’il incite à la haine. La frontière est parfois fine et sujette à interprétation, ce qui peut mener à des débats juridiques complexes.