22 huiles d’olive testées, 22 contaminées : voici ce que révèle l’enquête exclusive de *60 Millions de consommateurs*. Derrière les vertus cardiovasculaires de l’oméga-9 se cachent des traces de plastifiants et d’hydrocarbures – même en bio. Comment trois marques parviennent-elles à limiter les risques malgré des failles persistantes ? Les résultats éclairent un dilemme entre qualité réelle… et prix prohibitif.
Étude inédite : 22 huiles d’olive passées au crible
Le magazine *60 Millions de consommateurs* dévoile les résultats alarmants d’un test mené sur 22 références d’huiles d’olive, bio et conventionnelles. Aucune des bouteilles analysées n’échappe à la présence d’au moins un contaminant, selon cette enquête publiée deux ans après un précédent comparatif tout aussi accablant.
Si toutes les marques affichent une teneur élevée en acide oléique – reconnue pour ses effets bénéfiques sur le cholestérol –, cet atout santé masque une réalité moins glorieuse. Plastifiants, hydrocarbures aromatiques et défauts organoleptiques contaminent systématiquement les produits, y compris ceux estampillés agriculture biologique.
Parmi les révélations les plus troublantes : « Aucune huile testée n’est exempte de plastifiants », souligne l’étude. Certaines références comme Carapelli ou Terra Delyssa affichent même des taux avoisinant 5 mg/kg de phtalates. Plus grave encore, l’huile Eco+ dépasse cinq fois la limite européenne en MOAH, avec 10 mg/kg de ces hydrocarbures potentiellement cancérogènes.
Le label « vierge extra », gage supposé de qualité supérieure, perd aussi de sa crédibilité : un tiers des produits présentent des défauts sensoriels (odeur rance ou goût désagréable) normalement incompatibles avec cette appellation. Une mise en garde qui interroge sur les contrôles qualité appliqués à ce secteur.
Plastifiants et hydrocarbures : les contaminants omniprésents
L’enquête met en lumière deux familles de substances préoccupantes : les phtalates et les hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales (MOAH). Toutes les huiles testées contiennent des plastifiants – avec des pics à 5 mg/kg pour Carapelli et Terra Delyssa –, des composés suspectés d’être des perturbateurs endocriniens.
Le cas des MOAH, potentiellement cancérogènes et mutagènes, révèle des écarts criants avec les recommandations européennes. L’huile Eco+ affiche ainsi 10 mg/kg de MOAH, soit cinq fois le seuil de 2 mg/kg jugé acceptable par l’EFSA. Une situation d’autant plus alarmante que ces hydrocarbures persistent dans l’organisme après ingestion.
L’étude pointe aussi un décalage entre labels et réalité sensorielle : 33 % des produits présentent des défauts (odeur de moisi ou goût métallique) normalement incompatibles avec l’appellation « vierge extra ». Une contradiction qui questionne la rigueur des contrôles qualité, y compris dans le bio.
« La limite européenne pour les MOAH reste indicative, mais ces résultats montrent l’urgence de durcir la réglementation », pourrait résumer l’enquête. Preuve que les garanties affichées sur les étiquettes ne protègent pas toujours le consommateur.
Trois marques survivent au classement : forces et limites
Malgré un tableau général préoccupant, trois références émergent du lot. La Costa d’Oro bio se distingue par son absence de MOAH et sa richesse en stérols – molécules réduisant le LDL cholestérol –, tout en restant accessible à 15,30 € le litre. Un compromis intéressant, bien que des plastifiants y soient détectés.
L’huile Puget, produite en France, limite les contaminants à un seul plastifiant à faible dose. Son profil nutritionnel équilibré (oméga-9 et stérols) et ses qualités gustatives intactes en font un choix sûr… pour qui peut débourser 31 € le litre.
En tête du palmarès, l’huile H de Leos affiche une pureté exceptionnelle : zéro hydrocarbure, une composition lipidique optimale et des arômes primés. Mais son prix culmine à près de 60 € le litre, ce qui la réserve à une clientèle avertie. « Elle frôle le sans-faute… si ce n’est un tarif élitiste », note l’étude, soulignant le paradoxe entre qualité supérieure et accessibilité.
Huile d’olive : comment concilier santé et sécurité ?
L’étude révèle un dilemme insoluble pour les consommateurs : les bienfaits cardiovasculaires de l’huile d’olive – notamment via l’acide oléique et les stérols – coexistent avec des risques chimiques. Les plastifiants, même à faible dose, posent question en raison de leurs effets potentiels sur le système endocrinien.
Choisir une huile sûre implique désormais de croiser trois critères : l’absence de MOAH, un taux minimal de phtalates et des qualités organoleptiques vérifiées. Un exercice complexe, alors que les marques les mieux notées (H de Leos, Puget) restent inaccessibles financièrement pour beaucoup.
« Le détail du comparatif montre l’absence de solution parfaite », résume implicitement l’enquête. Seule constante : les produits haut de gamme, bien que très onéreux, limitent davantage les contaminants. Une réalité qui interroge sur les pratiques industrielles et la régulation d’un marché pourtant perçu comme vertueux.