L’hygiène sacrifiée, un tabou aux conséquences psychologiques lourdes
Se laver devient une source de honte pour 15% des Français qui espacent leurs shampoings ou utilisent des produits inadaptés, selon l’étude. « Ces privations alimentent un cercle vicieux : moins on s’entretient, plus on évite les contacts sociaux », analyse une sociologue. Isolement, baisse d’estime de soi et dépression sont fréquemment rapportés dans les témoignages recueillis par Dons Solidaires.
Le manque d’hygiène impacte aussi la vie professionnelle : 21% des actifs concernés déclarent avoir déjà manqué le travail par crainte des remarques. « Des employés nous confient être exclus des pauses-café à cause de leur odeur, d’autres subissent des moqueries sur leur apparence », révèle une assistante sociale. Les associations dénoncent un tabou qui aggrave les inégalités, citant le cas d’une mère célibataire licenciée après des absences répétées liées à des infections urinaires.
Dons Solidaires alerte : « Agir avant la rupture sanitaire »
+32% de demandes de produits d’hygiène depuis 2023 : face à l’urgence, l’association organise des distributions de kits savon-dentifrice-protections dans les épiceries solidaires. « C’est une bombe à retardement : infections, exclusion sociale… Il faut des mesures choc maintenant », insiste sa présidente. Dons Solidaires plaide pour une TVA réduite sur les produits de première nécessité et l’extension du « chèque hygiène » aux étudiants et retraités précaires.
Des partenariats avec des marques comme L’Oréal ou Procter & Gamble permettent de fournir 1,2 million de produits annuels, mais « cela couvre à peine 15% des besoins », déplorent les bénévoles. « Les industriels doivent revoir leurs marges, et l’État intégrer l’hygiène dans le panier vital », martèle un responsable de l’association, alors que 39% des plus pauvres rognent déjà sur le savon pour payer leur loyer.