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Ils juraient que tout était consensuel… mais ce qu’ont découvert les enquêteurs a tout changé : quatre hommes du milieu libertin face à la justice en Gironde

Julie K.
6 Min de lecture

Dans l’ombre des clubs libertins bordelais, une enquête judiciaire révèle des faits troublants qui défraient la chronique. Quatre hommes déférés ce vendredi pourraient faire basculer la perception des pratiques sexuelles dites consenties. Comment des vidéos saisies ont-elles infléchi le cours de l’affaire ? Entre emprise et déni, les éléments à charge dessinent un schéma criminel sur plus d’une décennie. Ce que les enquêteurs ont découvert derrière les portes closes du milieu rebat toutes les cartes.

Le choc des vidéos accablantes

La justice girondine confirme ce vendredi 11 avril la mise en examen de quatre hommes pour des viols aggravés d’une extrême violence. Au cœur de l’affaire : des centaines d’enregistrements vidéo saisis au domicile d’un des suspects, constituant des preuves incontestables selon le parquet de Bordeaux. Les scènes filmées entre 2011 et 2024 montreraient selon le procureur Renaud Gaudeul « des hurlements de douleur à plusieurs reprises », contredisant radicalement la thèse du consentement.

Les enquêteurs découvrent avec stupeur l’ampleur géographique des pratiques. Les vidéos tournées dans des clubs libertins bordelais, sur la voie publique à Bordeaux, mais aussi dans l’Hérault et le Gard, révèlent un mode opératoire systématique. « L’absence de consentement des femmes était caractérisée », insiste le magistrat, décrivant des images où la terreur des victimes ne fait aucun doute.

Cinq femmes âgées de 45 à 67 ans sont aujourd’hui identifiées. Les enregistrements démontrent selon les autorités judiciaires comment leurs refus ont été ignorés pendant treize ans. Une dimension temporelle qui alourdit considérablement la gravité des faits reprochés aux quatre quadragénaires et quinquagénaires.

Une affaire née du courage d’une ex-compagne

L’enquête prend sa source dans le témoignage glaçant d’une femme qui ose briser le silence en novembre 2023. L’ex-compagne d’un suspect clé, né en 1969, décrit des viols collectifs méthodiquement organisés entre novembre 2020 et septembre 2023. « Son compagnon et des hommes qu’il invitait » auraient multiplié les agressions filmées, selon les termes du procureur.

La révélation d’une stratégie d’emprise met en lumière les mécanismes de terreur. « Il lui avait permis de lui imposer plusieurs viols collectifs », explique le magistrat, détaillant comment le suspect principal verrouillait toute possibilité de refus. Quatre autres compagnes successives du même homme apportent ensuite des récits concordants, confirmant un schéma répété sur plusieurs années.

Ces témoignages en cascade dessinent la silhouette d’un prédateur s’en prenant systématiquement à ses partenaires intimes. Les enquêteurs découvrent avec effarement que chaque nouvelle relation reproduisait les mêmes violences planifiées, toujours sous l’œil des caméras. Un modus operandi qui rendait les victimes prisonnières d’un cercle infernal.

Le double visage du suspect clé

À 57 ans, l’homme au centre du scandale présente un profil déroutant. Ce technicien en maintenance sans antécédent judiciaire, décrit par son avocat Maître Plouton comme « quelqu’un qui ne s’est jamais vécu comme un délinquant », cultive une image de pratiquant éclairé du libertinage. Pourtant, les vidéos montrent des scènes aux antipodes de cette autoportrait flatteur.

« Il se voit dans la pratique du plaisir sexuel libertin, même si ce sont manifestement des pratiques extrêmes« , plaide son défenseur. Une rhétorique en totale contradiction avec les images où les victimes manifestent clairement leur détresse. Le procureur souligne ce décalage troublant entre la perception du principal accusé et la réalité des actes filmés.

Malgré ses dénégations persistantes sur le non-consentement des femmes, l’accumulation des preuves vidéo rend sa position intenable. Les enquêteurs relèvent que chaque nouvelle relation intime du quinquagénaire reproduisait le même scénario de violences méthodiques, systématiquement enregistrées. Un mécanisme qui suggère une conscience aiguë de la nature illégale de ses agissements.

Interrogations et lourdes conséquences pénales

L’enquête élargie aboutit à l’interpellation de plusieurs autres participants mercredi dernier. Si un seul homme reconnaît avoir conscience du non-consentement, selon les déclarations du parquet, les trois autres maintiennent leur version de relations librement consenties. Un déni persistant qui pourrait peser lourd lors du procès à venir.

Les quatre accusés domiciliés en Gironde encourent la peine maximale : la réclusion criminelle à perpétuité. L’ampleur spatiale et temporelle des faits – étalés sur 13 ans dans trois départements différents – constitue un élément aggravant majeur. « Des scènes comparables à Bordeaux, dans l’Hérault et le Gard », précise le procureur, soulignant le caractère itinérant des agressions.

Malgré les aveux partiels, le mystère persiste sur l’étendue réelle du réseau. Les autorités gardent toutefois espoir que de nouvelles victimes osent se manifêtre, les cinq plaignantes actuelles ayant ouvert une brèche décisive dans ce dossier d’une rare complexité.