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Impôts : la fin de l’abattement fiscal de 10% sur les retraites… des milliers de seniors modestes bientôt imposables ?

Julie K.
9 Min de lecture

Un coup de massue fiscal se profile pour les retraités français. L’abattement automatique de 10% sur les pensions, pilier de la fiscalité des seniors, pourrait disparaître dès 2025. Cette réforme, envisagée dans le cadre de la chasse aux niches fiscales, menace particulièrement les retraités modestes qui, jusqu’à présent, échappaient à l’imposition grâce à cette déduction. Des milliers de seniors pourraient ainsi basculer dans l’univers des contribuables, avec des conséquences qui dépassent le simple impôt sur le revenu. Que cache cette réforme et pourquoi certains retraités risquent-ils de perdre beaucoup plus que d’autres?

La remise en cause de l’abattement fiscal de 10% : un tournant pour les retraités

Le paysage fiscal des retraités français pourrait connaître un changement majeur dans les années à venir. Un débat, déjà ancien mais qui refait surface avec insistance, concerne la possible suppression de l’abattement fiscal automatique de 10% appliqué sur les pensions de retraite. Cette mesure, qui constitue un avantage fiscal non négligeable pour de nombreux seniors, est désormais scrutée dans le cadre d’une recherche plus large de « niches fiscales » à revoir ou à éliminer.

Pourquoi ce retour du débat maintenant ? Le contexte économique et budgétaire pousse les autorités à examiner de près toutes les dépenses fiscales, y compris celles qui bénéficient aux ménages. L’abattement de 10% est perçu par certains comme une dépense fiscale qui pourrait être réorientée. C’est dans cette optique de rationalisation des dépenses publiques et de recherche de nouvelles recettes que la suppression de cet avantage est à nouveau envisagée sérieusement.

Cette réforme potentielle n’est pas une simple hypothèse lointaine. Selon les informations disponibles, l’intégration de cette suppression dans le calendrier législatif est envisagée pour l’année prochaine. En effet, l’abattement fiscal de 10% pourrait disparaître dès le budget de 2026, modifiant ainsi les règles du jeu fiscal pour des millions de retraités. Mais quelles seraient les conséquences concrètes de cette mesure pour leur pouvoir d’achat ? C’est une question qui mérite une analyse approfondie.

Des conséquences financières majeures pour les retraités modestes

La possible suppression de l’abattement fiscal de 10% sur les pensions de retraite fait craindre un choc financier, particulièrement pour les ménages les plus modestes. Cette mesure, si elle est adoptée, aurait un impact direct et significatif sur de nombreux retraités qui, jusqu’à présent, échappaient à toute imposition. L’augmentation de l’impôt sur le revenu n’est pas la seule conséquence ; des effets collatéraux sont également attendus sur d’autres indicateurs financiers essentiels, tels que le revenu fiscal de référence et potentiellement les cotisations de la CSG.

Prenons l’exemple de Jeanne, une retraitée de 67 ans dont la pension s’élève à 1 455 euros par mois. Grâce à l’abattement de 10%, son revenu imposable est réduit, ce qui lui permet actuellement de ne pas payer d’impôt. Cependant, la fin de cet avantage la rendrait imposable. Bien que le montant puisse sembler modeste pour certains, 64 euros d’impôt supplémentaires représentent une charge non négligeable pour une personne vivant avec un revenu limité. Cette situation n’est pas isolée : des milliers de retraités actuellement non imposables pourraient se retrouver dans la même situation que Jeanne. Mais l’impact ne s’arrête pas aux individus seuls ; qu’en est-il des couples de retraités ?

Couples et foyers retraités : vers une extension de la charge fiscale

L’impact de la possible suppression de l’abattement fiscal de 10% ne se limite pas aux retraités vivant seuls. Les foyers composés de couples de retraités sont également directement concernés, et pour certains d’entre eux, cette réforme signifierait un passage de la non-imposition à une nouvelle charge fiscale. En effet, de nombreux couples dont les revenus cumulés se situent juste au-dessus des seuils actuels, mais qui bénéficient de l’abattement pour réduire leur revenu imposable, pourraient basculer dans l’univers des contribuables.

Prenons le cas d’un couple déclarant environ 32 581 euros de revenus annuels, soit l’équivalent de 2 700 euros par mois. Actuellement, grâce à l’abattement de 10% sur leurs pensions, ce foyer peut potentiellement échapper à l’impôt sur le revenu. Mais la fin de cet avantage les rendrait imposables, imposant une nouvelle ligne de dépense dans leur budget mensuel ou annuel. Un couple avec 2 700 euros mensuels pourrait ainsi se retrouver à payer un impôt là où il n’en payait pas auparavant. Cette extension de la charge fiscale touche donc la cellule familiale. Mais qu’en est-il pour les retraités aux revenus plus confortables ?

Un impact limité mais réel pour les retraités les plus aisés

Si la perspective d’une suppression de l’abattement fiscal de 10% suscite de vives inquiétudes chez les retraités modestes, qu’en est-il pour ceux dont les revenus sont plus confortables ? L’impact de cette mesure, bien que réel, s’annonce en effet moins prononcé pour les catégories de retraités les plus aisés. La raison principale réside dans le mécanisme même de l’abattement : celui-ci est plafonné. Actuellement, le montant maximum de cette déduction est fixé à 4 399 euros par foyer fiscal. Cela signifie que pour les revenus élevés, le bénéfice de l’abattement est mécaniquement limité, atténuant l’effet de sa suppression.

Prenons l’exemple de Danielle, une retraitée dont les revenus annuels s’élèvent à 60 000 euros. Pour elle, l’abattement de 10% représente théoriquement 6 000 euros, mais il est plafonné à 4 399 euros. La suppression de cet avantage entraînerait une augmentation de son impôt sur le revenu. Son imposition passerait de 9 846 euros à 11 165 euros. Cela représente une hausse de 1 319 euros. Si cette somme n’est pas négligeable en valeur absolue, elle reste relativement contenue par rapport à l’impact proportionnel subi par les plus petites pensions, comme celle de Jeanne.

Pour les retraités dont les revenus dépassent largement ce seuil, par exemple au-delà de 100 000 euros par an, l’impact de la suppression de l’abattement est encore plus marginal en proportion de leur revenu. En effet, leur bénéfice de l’abattement est déjà strictement limité au plafond de 4 399 euros. La fin de cette déduction n’affecterait donc leur impôt que de ce montant maximum, une somme gérable compte tenu de leur situation financière globale. Ainsi, la mesure, bien que touchant tous les retraités, présente une progressivité inversée, pesant le plus lourdement sur les revenus les plus faibles.