Une mère de famille de l’Indre est incarcérée après la réouverture d’une enquête sur les morts suspectes de ses trois nourrissons entre 2012 et 2020. Les habitants de Celon, bouleversés, évoquent des parents dévoués fleurissant religieusement les sépultures, convaincus jusqu’ici de tragédies médicales. Le tribunal judiciaire de Bourges supervise cette affaire complexe de « meurtres sur mineurs », tandis que la mise en examen de la quinquagénaire relance les questions sur ces décès inexpliqués.
Les faits : chronologie troublante des décès et mise en examen
Trois nourrissons d’une même famille, nés en 2011, 2014 et 2019, sont décédés à quelques mois d’intervalle dans l’Indre. Le premier bébé meurt à 6 mois en 2012, le second à 7 mois en 2015, et le dernier à 3 mois en 2020. La mère, résidant à Celon, est placée en détention provisoire le 14 mars 2025 après sa mise en examen pour « meurtres sur mineurs de moins de 15 ans », selon le procureur David Marcat. L’information judiciaire, ouverte en 2022, est pilotée par le pôle de l’instruction du tribunal judiciaire de Bourges.
Les circonstances des décès, initialement attribués à des causes naturelles, ont conduit à une réouverture du dossier en 2022. Les autopsies et expertises médicales, dont les résultats n’ont pas été rendus publics, ont révélé des incohérences. Les enquêteurs s’appuient sur ces éléments pour soupçonner un acte criminel répété, bien que les raisons exactes des morts restent officiellement « non révélées » par les autorités.
Le choc des habitants de Celon : entre incrédulité et traumatisme
Les voisins décrivent un couple « discret » et « dévoué », se rendant plusieurs fois par semaine au cimetière pour entretenir les tombes de leurs enfants. « Les sépultures étaient toujours fleuries. On les voyait souvent en silence, on respectait leur peine », témoigne un adjoint au maire de Celon, Alain Bossard, cité par La Nouvelle République. La communauté pensait à des « problèmes génétiques » ou à des morts subites, loin de toute suspicion criminelle.
L’annonce de la mise en examen crée un électrochoc dans ce village de quelques centaines d’habitants. « Nous n’aurions jamais imaginé un tel scénario. Ils semblaient des parents aimants », confie un riverain sous couvert d’anonymat. Les élus locaux, sollicités pour réagir, évitent désormais de commenter l’affaire, alors que l’enquête révèle un contraste glaçant entre le deuil public et les accusations judiciaires.
L’enquête judiciaire : des incohérences médicales aux soupçons
Les certificats de décès initiaux, évoquant des causes naturelles, n’avaient pas alerté les autorités. C’est en 2022 que le parquet de Châteauroux ordonne la réouverture du dossier, suite à des anomalies détectées lors de réexamens médico-légaux. Les autopsies et rapports d’experts, gardés sous scellés, ont permis d’établir des « incohérences » dans les circonstances des trois décès, selon une source proche de l’enquête.
Le pôle de l’instruction de Bourges, spécialisé dans les affaires complexes, coordonne les investigations des gendarmes. Les éléments précis ayant conduit aux soupçons d’homicide restent confidentiels. L’avocat de la mère, non cité dans l’article source, n’a pas souhaité s’exprimer, tandis que l’accusation prépare son dossier en vue d’un éventuel procès. Aucun motif ni méthode n’est officiellement avancé à ce stade.
Le profil énigmatique de la mère : entre normalité apparente et accusations gravissimes
La quarantenaire, décrite comme une habitante « impliquée » dans la vie du village, n’avait jamais éveillé de soupçons avant son incarcération. « Elle participait aux événements locaux, comme tout le monde. Aucun signe ne laissait deviner un drame pareil », souligne Alain Bossard, maire de Celon. Les enquêteurs n’ont relevé aucun antécédent judiciaire ni signalement social concernant la mère ou son conjoint.
L’absence de motifs apparents interroge les experts. Des sources proches du dossier évoquent des analyses psychiatriques en cours pour éclairer les raisons potentielles de ces actes. Le père des enfants, non mis en examen à ce jour, reste discret. Selon La Nouvelle République, il continuerait à résider dans la commune, sous le regard troublé de voisins partagés entre compassion et incompréhension.
Implications sociétales : comment de tels drames passent-ils inaperçus ?
La répétition de ces décès infantiles, sur huit ans, interroge sur les mécanismes de vigilance médicale et sociale. Aucun signalement n’avait été effectué par les professionnels de santé ayant suivi les nourrissons, alors que chaque décès survenait peu après le retour à domicile. Les autorités rappellent l’obligation légale de signalement en cas de morts suspectes répétées, mais l’affaire révèle des failles potentielles dans le partage d’informations entre médecins et services sociaux.
Le choc des habitants de Celon illustre le fossé entre apparences et réalité. « Des parents en deuil, ça inspire la compassion, pas la méfiance », analyse une travailleuse sociale sous anonymat. L’enquête relance le débat sur les contrôles renforcés dans les cas de morts subites du nourrisson, alors que le procureur David Marcat souligne « la complexité à démêler tragédie humaine et responsabilité criminelle » dans ce type d’affaires.