Inédit en CP : la nouvelle ‘matière’ qui fait débat chez les parents

Marie Q.
8 Min de lecture

La rentrée scolaire 2024 s’annonce riche en nouveautés pour les élèves de CP. Parmi les changements au programme, une initiative inédite fait parler d’elle : l’introduction de l’éthique animale dans le cursus des plus jeunes. Cette décision, qui vise à sensibiliser les enfants dès leur plus jeune âge au respect des animaux, suscite de vives réactions au sein de la communauté éducative et chez les parents.

Alors que certains saluent cette avancée comme une étape cruciale dans l’éducation morale et civique, d’autres s’interrogent sur la pertinence d’aborder un sujet aussi complexe avec des enfants de 6 ans. Entre enthousiasme et scepticisme, cette nouvelle « matière » s’impose comme un sujet de débat passionnant, reflétant les évolutions de notre société dans son rapport au monde animal.

Une sensibilisation précoce au bien-être animal

L’introduction de l’éthique animale dans le programme de CP s’inscrit dans le cadre de la compétence « Les règles collectives et l’autonomie » du cours d’enseignement moral et civique (EMC). Cette initiative, fruit d’une collaboration entre le ministère de l’Éducation nationale et diverses associations de protection animale, vise à inculquer aux jeunes élèves les bases du respect envers les animaux de compagnie.

Le programme abordera des thèmes essentiels tels que l’approche sécuritaire des animaux, la compréhension de leurs besoins fondamentaux et le développement de l’empathie envers eux. L’objectif est de former des citoyens responsables et bienveillants envers toutes les formes de vie, dès le plus jeune âge.

Un accueil mitigé chez les parents

Cette nouvelle initiative divise l’opinion des parents d’élèves. Certains applaudissent cette démarche, estimant qu’elle contribuera à forger des adultes plus respectueux de l’environnement et du monde animal. Ils voient dans cette sensibilisation précoce une opportunité de développer l’empathie et la responsabilité chez leurs enfants.

D’autres, en revanche, s’inquiètent de la charge supplémentaire que cela pourrait représenter dans un programme déjà dense. Ils craignent que cela ne se fasse au détriment des apprentissages fondamentaux comme la lecture ou le calcul. Certains parents s’interrogent également sur la capacité des enfants de cet âge à appréhender des concepts aussi complexes que l’éthique animale.

Le saviez-vous ?
Selon une étude menée par la chaire bien-être animal de VetAgro Sup, 76% des élèves de CM1-CM2 ne classent pas l’humain au sein du règne animal, et un tiers se trompent quand il s’agit de déterminer de quel animal proviennent les nuggets. Ces chiffres soulignent l’importance d’une éducation précoce sur le sujet.

Les experts divisés sur l’approche pédagogique

Du côté des experts en éducation, les avis sont partagés. Certains pédagogues saluent cette initiative comme une avancée majeure dans la formation citoyenne des enfants. Ils soulignent l’importance de développer la conscience environnementale et le respect du vivant dès le plus jeune âge pour façonner une société plus empathique et responsable.

D’autres spécialistes, cependant, s’interrogent sur la méthodologie à adopter pour aborder ces sujets complexes avec des enfants de 6 ans. Ils insistent sur la nécessité d’adapter le contenu à leur niveau de compréhension et de veiller à ne pas les surcharger émotionnellement avec des problématiques trop lourdes pour leur âge.

Les associations de protection animale saluent l’initiative

Les associations de protection animale, quant à elles, accueillent cette nouvelle avec enthousiasme. La Fondation Droit Animal (LFDA) se réjouit de cette « avancée notable » dans un communiqué publié sur son site le 9 juillet 2024. Elle avait activement milité pour l’inclusion de ces modules de sensibilisation dans les programmes scolaires depuis la loi contre la maltraitance animale de 2021.

Toutefois, certaines organisations, dont la LFDA, regrettent que le module ne mentionne que les animaux de compagnie. Elles plaident pour une approche plus globale qui inclurait également la sensibilisation au sort des animaux d’élevage et sauvages, afin de donner aux enfants une vision plus complète des enjeux liés au bien-être animal.

Un numéro national contre la maltraitance animale
Depuis le 24 juin 2024, le 3677 est un nouveau numéro d’appel national mis en place par l’association CNPA (Conseil National de la Protection Animale) pour signaler les cas de maltraitance animale. Cette ligne est ouverte 7 jours sur 7, de 9h à 19h en semaine et de 10h à 17h le week-end.

Des défis de mise en œuvre à relever

L’introduction de cette nouvelle « matière » soulève également des questions pratiques. Les enseignants devront être formés pour aborder ces sujets de manière adaptée à l’âge des élèves. Il faudra également veiller à intégrer harmonieusement ces nouveaux contenus dans un emploi du temps déjà chargé, sans négliger les apprentissages fondamentaux.

Par ailleurs, la diversité des situations familiales et des rapports aux animaux au sein des foyers pourrait poser des défis en termes d’équité et de compréhension. Les enseignants devront faire preuve de tact et d’adaptabilité pour prendre en compte ces différences tout en transmettant les valeurs universelles de respect et de bienveillance envers les animaux.

Vers une extension à d’autres niveaux scolaires ?

Si cette initiative en CP est une première étape, certains acteurs du monde éducatif et associatif plaident déjà pour son extension à d’autres niveaux scolaires. L’idée serait de développer un parcours cohérent d’éducation à l’éthique animale tout au long de la scolarité, en adaptant les contenus à l’âge et au niveau de compréhension des élèves.

Cette perspective soulève de nombreuses questions sur l’évolution des programmes scolaires et la place accordée à l’éducation environnementale et éthique dans la formation des citoyens de demain. Une chose est sûre : l’introduction de l’éthique animale en CP marque le début d’un débat passionnant sur l’avenir de l’éducation en France et son rôle dans la construction d’une société plus respectueuse du vivant sous toutes ses formes.