En France, chaque jour, 200 femmes perdent la vie à cause des maladies cardiovasculaires. Un chiffre alarmant qui rappelle l’importance cruciale de la détection précoce, particulièrement dans le cas de l’infarctus. Alors que les symptômes classiques sont bien connus du grand public, les manifestations spécifiques chez les femmes restent souvent méconnues, entraînant des retards de diagnostic potentiellement fatals.
Les experts réunis aux 35e Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie tirent la sonnette d’alarme : les femmes présentent fréquemment des symptômes atypiques qui peuvent passer inaperçus. Cette particularité, combinée à une tendance à minimiser les signaux d’alerte, crée une situation préoccupante qui nécessite une attention particulière de la part du corps médical et des patientes elles-mêmes.
Des signaux d’alerte différents selon le genre
L’infarctus se manifeste classiquement par une douleur intense dans la poitrine, souvent décrite comme une sensation d’étau. Cette manifestation, bien que commune aux deux sexes, n’est pas systématique chez les femmes. Selon Claire Mounier-Vehier, cardiologue et cofondatrice du Fonds de dotation Agir pour le cœur des femmes, « chez les femmes, la douleur est plus souvent frustre ou atypique ».
Les femmes peuvent ressentir des irradiations dorsales, des douleurs entre les côtes, ou encore une sensation de brûlure dans la mâchoire ou le bras. L’intensité de ces symptômes peut varier, augmentant puis diminuant progressivement, particulièrement dans les cas de spasmes artériels.
Qu’est-ce qu’un spasme artériel ?
Il s’agit d’une contraction soudaine et temporaire des artères coronaires qui réduit l’apport en sang au muscle cardiaque. Ce phénomène touche particulièrement les femmes nerveuses, fumeuses ou migraineuses, surtout celles sous contraception œstroprogestative.
Les symptômes méconnus qui doivent alerter
Les troubles digestifs constituent un signal d’alarme souvent négligé chez les femmes. Nausées, vomissements et sensation de malaise peuvent accompagner ou même remplacer la traditionnelle douleur thoracique. Ces manifestations, facilement confondues avec d’autres pathologies, contribuent parfois à retarder le diagnostic.
L’essoufflement et la fatigue inhabituelle, même lors d’activités légères, doivent également être pris au sérieux. La transpiration excessive et les palpitations cardiaques sont d’autres signes avant-coureurs qu’il ne faut pas ignorer, particulièrement lorsqu’ils surviennent de façon inhabituelle ou qu’ils s’accompagnent d’autres symptômes.
Facteurs de risque spécifiques aux femmes
Les facteurs de risque traditionnels comme le tabagisme, l’hypertension et le cholestérol concernent les deux sexes. Cependant, certains éléments touchent spécifiquement les femmes : les changements hormonaux liés à la ménopause, les maladies auto-immunes plus fréquentes chez elles, et certaines pathologies gynécologiques comme l’endométriose.
Le délai crucial des deux heures
Pour maximiser les chances de survie et limiter les séquelles d’un infarctus, l’intervention médicale doit avoir lieu dans les deux heures suivant l’apparition des premiers symptômes. Au moindre doute, contactez immédiatement le 15 ou le 112.
L’importance d’une réaction rapide
Face à ces symptômes, même atypiques, il est crucial de ne pas temporiser. « La peur n’empêche pas le danger. Connaître les symptômes et ses facteurs de risque permet d’agir au bon moment », insiste Claire Mounier-Vehier. Il est essentiel de contacter rapidement les services d’urgence en décrivant précisément ses symptômes et antécédents médicaux.
Le dépistage précoce reste la meilleure arme contre l’infarctus. Les femmes présentant des facteurs de risque doivent bénéficier d’un suivi régulier et ne pas hésiter à consulter leur médecin en cas de symptômes inhabituels, même s’ils semblent bénins. La vigilance et la rapidité d’action peuvent faire la différence entre la vie et la mort.