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« Je vais l’étrangler s’il me mord » : les vidéos qu’elle a postées révèlent un calvaire pour ses chiens et sa fille de 3 ans…

Julie K.
12 Min de lecture

Des images insoutenables circulent sur les réseaux sociaux, révélant une réalité troublante à Étaples. Pourquoi cette affaire de maltraitance animale mobilise-t-elle autant d’associations et suscite-t-elle un tel émoi judiciaire ? Ce que révèle le procès de cette jeune femme interroge la portée réelle des lois existantes. Les détails de l’enquête réservent des éléments inattendus.

Découverte De La Maltraitance : Une Vidéo Choc Dévoile Des Scènes Insoutenables

L’affaire prend une tournure singulière dès la réception du signalement par la SPA de Canche-Authie, en mai 2024. Au cœur de l’alerte, un message anonyme relayé sur les réseaux sociaux attire l’attention des défenseurs des animaux. Ce message n’est pas isolé : il s’accompagne de preuves tangibles, parmi lesquelles une vidéo glaçante, filmée directement par la principale suspecte. Les images, d’une rare violence, montrent une jeune femme de 22 ans, résidant à Étaples, s’en prendre physiquement à ses chiens. Les coups de pied et de poing se succèdent, sous l’œil d’une caméra qui ne laisse rien dans l’ombre.

La vidéo ne se contente pas de documenter des gestes brutaux : elle révèle aussi un climat de violence psychologique. On y entend la prévenue proférer des menaces explicites, telles que : « Je vais l’étrangler s’il me mord, je le ferai souffrir ». Cette séquence, transmise immédiatement à la gendarmerie, constitue la pièce maîtresse du dossier. Le choix de la jeune femme de filmer ses actes, puis de les diffuser sous un pseudonyme, interroge sur le rôle des réseaux sociaux dans la détection — mais aussi la banalisation — de la maltraitance animale.

Au fil des images, un autre élément trouble se dessine : l’implication de la fille de la prévenue, âgée de seulement trois ans. Selon les extraits consultés par l’association Stéphane Lamart, la fillette est poussée à participer aux sévices. Ce détail confère à l’affaire une dimension supplémentaire, où la violence ne se limite plus aux animaux, mais s’étend à l’environnement familial immédiat. Comment expliquer qu’une telle situation ait pu être exposée publiquement, sans filtre, avant d’être repérée ? La vigilance des internautes et la réactivité des associations démontrent ici l’utilité des plateformes numériques pour alerter les autorités compétentes.

La diffusion de ces contenus, à la fois preuve et symptôme d’un phénomène plus large, met en lumière les nouveaux outils de lutte contre les abus. Mais elle soulève aussi des questions éthiques sur la circulation d’images traumatisantes. Au-delà de l’émotion suscitée, c’est la mécanique du signalement et la capacité d’intervention des acteurs de terrain qui se trouvent ainsi mises à l’épreuve.

Procédure Judiciaire Et Condamnation : Un Cas Qui Marque Les Esprits

À la suite de la diffusion des images et du signalement relayé par la SPA, la procédure judiciaire s’enclenche rapidement. La plainte formelle déposée par la SPA de Canche-Authie trouve un écho immédiat auprès d’autres associations, notamment celle de Stéphane Lamart, qui choisit de se constituer partie civile. Ce front commun, porté par des acteurs engagés, témoigne de la gravité perçue des faits et de la nécessité d’une réponse coordonnée face à des actes de maltraitance d’une telle ampleur.

Le 23 avril 2025, le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer se penche sur le dossier. La prévenue, âgée de 22 ans et résidant à Étaples, comparaît pour « sévices graves et actes de cruauté sur animaux domestiques ». Les éléments à charge sont accablants : vidéos, témoignages, et constatations vétérinaires viennent étayer la plainte. Après délibération, le tribunal prononce une peine d’un an de prison avec sursis probatoire, assortie d’une interdiction définitive de détenir un animal. Cette mesure, exécutoire immédiatement, s’applique même en cas d’appel, soulignant la volonté de la juridiction d’écarter durablement la prévenue de toute responsabilité envers des animaux.

L’analyse des motivations du tribunal met en lumière un équilibre entre la nécessité de sanctionner fermement et la prise en compte du contexte personnel. Interrogée par les enquêteurs, la jeune femme reconnaît sans détour l’ensemble des faits qui lui sont reprochés. Elle admet avoir agi « sous le coup de la colère » et évoque un état dépressif, tout en affirmant « aimer les animaux ». Cette reconnaissance des actes, si elle n’efface en rien la gravité des violences, semble avoir pesé dans la décision du tribunal d’opter pour un sursis probatoire plutôt qu’une incarcération ferme.

La portée de cette condamnation ne se limite pas à la sanction individuelle. Elle s’inscrit dans un cadre juridique renforcé, où la protection animale bénéficie désormais d’outils législatifs plus stricts. L’interdiction définitive de détenir un animal, rarement prononcée dans de tels termes, marque une étape significative dans la manière dont la justice appréhende ce type d’affaires. Ce choix judiciaire, tout en répondant à l’exigence de protection, invite à s’interroger sur les limites et l’efficacité des dispositifs existants.

Détails Macabres Des Sévices : Un Rapport Vétérinaire Accablant

L’examen minutieux du dossier, amorcé lors de l’audience, révèle l’ampleur des sévices infligés aux animaux. Les vidéos saisies, déjà évoquées lors de la procédure judiciaire, laissent peu de place au doute : la jeune femme y apparaît, frappant ses chiens à coups de pied et de poing, allant jusqu’à les étrangler à l’aide d’une laisse. Les privations d’eau et de nourriture s’ajoutent à la liste des maltraitances, tout comme l’enfermement répété des animaux. Plus troublant encore, la prévenue incite sa propre fille, âgée de trois ans, à participer aux violences, brouillant ainsi les repères éducatifs et moraux. Les mots enregistrés sur ces séquences sont sans équivoque : « Je vais l’étrangler s’il me mord, je le ferai souffrir », ou encore « Je sais que c’est de la maltraitance, mais je m’en fous ». Ce détachement, revendiqué face à l’objectif, confère à l’affaire une dimension supplémentaire.

Le rapport vétérinaire, pièce maîtresse de l’instruction, dresse un constat alarmant sur l’état de santé des chiens. Il fait état de malnutrition, de dermite, de douleurs articulaires, de lésions cutanées, de troubles ophtalmiques et neurologiques, mais aussi de verminose sévère. À cela s’ajoutent des cassures dentaires, la gale, des inflammations buccales et des risques obstétricaux élevés. Cette accumulation de pathologies témoigne d’une négligence profonde et prolongée. L’expert s’attarde sur la souffrance animale, évoquant des atteintes irréversibles pour certains individus. La documentation médicale vient ainsi corroborer les images, renforçant le caractère systémique et durable des mauvais traitements.

Face à ces éléments, la jeune femme ne cherche pas à minimiser sa responsabilité. Elle explique avoir agi sous l’emprise de la colère, mentionnant une situation psychologique fragile, marquée par une dépression. Pourtant, ses propres déclarations révèlent une forme de lucidité : « Je sais que c’est de la maltraitance, mais je m’en fous ». Ce paradoxe entre la conscience des actes et l’indifférence affichée interroge. Peut-on invoquer la détresse personnelle pour justifier de telles dérives ? La complexité de cette affaire, à la croisée du psychologique et du pénal, invite à une réflexion sur les mécanismes de passage à l’acte et sur la prévention de la récidive.

L’analyse des faits, étayée par les expertises et les témoignages, met ainsi en lumière la nécessité d’un regard renouvelé sur les causes profondes de la maltraitance animale.

Réactions Et Enjeux Sociétaux : Entre Satisfaction Et Découragement Des Associations

Le constat clinique dressé par les vétérinaires et la reconnaissance sans détour des faits par la prévenue ont suscité une onde de réactions dans le paysage associatif. Pour Stéphane Lamart, dont l’association s’est constituée partie civile, la condamnation prononcée représente une avancée, mais reste loin de garantir une réponse systématique à la hauteur de la gravité des cas. L’activiste souligne ainsi : « On a ce qu’il faut en termes de lois pour protéger les animaux, le gros du travail, c’est plutôt de faire changer les mentalités auprès des jeunes générations, mais aussi auprès des magistrats qui appliquent parfois des peines très faibles par rapport à la législation. » Cette déclaration, reprise par plusieurs défenseurs de la cause animale, met en lumière un paradoxe persistant : la sévérité affichée par le législateur contraste avec la retenue observée dans l’application des sanctions.

En 2021, le renforcement du cadre légal a pourtant marqué une étape importante. Désormais, les actes de cruauté envers les animaux peuvent être punis jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende lorsque la mort de l’animal est constatée. Cependant, la peine maximale n’a encore jamais été prononcée par les tribunaux, comme le rappelle la jurisprudence récente. Ce décalage entre la loi et la pratique judiciaire alimente un sentiment de frustration chez les associations, qui réclament une mobilisation accrue, non seulement sur le plan pénal mais aussi dans l’éducation et la prévention.

L’affaire d’Étaples, par sa médiatisation et la mobilisation qu’elle a suscitée, cristallise ces enjeux. Les réseaux sociaux ont joué un rôle déterminant dans la détection et la dénonciation des sévices, mais ils révèlent aussi la persistance de comportements violents envers les animaux, parfois banalisés ou minimisés dans certaines sphères. Les témoignages recueillis au fil de l’enquête rappellent que la maltraitance animale demeure un défi collectif, qui interroge la capacité de notre société à faire évoluer durablement les mentalités.

Au-delà de la sanction judiciaire, la question centrale reste celle de l’efficacité des politiques publiques et de la sensibilisation, afin d’éviter que de tels actes ne se reproduisent.