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Je vous passerai tous à la trappe… L’ex-députée LFI Danielle Simonnet révèle des messages violents de Jean-Luc Mélenchon

Julie K.
8 Min de lecture

75% des voix malgré son exclusion : l’ancienne députée Danielle Simonnet brise deux ans de silence sur ses relations toxiques avec Jean-Luc Mélenchon. Dans une enquête exclusive de France 2, cette figure historique de La France Insoumise dévoile pour la première fois des échanges qualifiés de « violents et menaçants » remontant aux législatives de 2022. Comment le conflit autour d’un parachutage politique a-t-il conduit à cette rupture définitive ? Les révélations éclairent d’un jour nouveau les méthodes du leader insoumis et leur impact sur la stratégie électorale du mouvement.

Une députée historique brise le silence sur ses tensions avec Mélenchon

Danielle Simonnet, figure fondatrice de La France Insoumise, rompt deux ans de réserve dans une enquête exclusive de France 2. Cette ex-collaboratrice de Jean-Luc Mélenchon – elle intégra son cabinet ministériel en 2000 avant de participer à la création de LFI en 2016 – révèle pour la première fois des échanges tendus remontant aux législatives de 2022.

L’enquête menée par Julien Daguerre, Matthieu Rénier et Pierre-Louis Devais s’appuie sur des documents inédits. « Pour la 1ère fois, l’ancienne députée LFI divulgue dans #ComplementDenquete des messages du leader insoumis qu’elle qualifie de violents et menaçants », précise le compte Twitter de l’émission.

Le contexte des révélations éclaire une relation dégradée : alors que Simonnet siégeait depuis huit ans dans la 15e circonscription parisienne, le conflit éclate sur l’investiture controversée de Sophia Chikirou. Une décision perçue comme un « parachutage » à quelques centaines de mètres de son fief historique, selon les termes de l’article.

Ce témoignage intervient alors que l’ex-députée, désormais membre du groupe Écologiste et Social, conserve une légitimité électorale exceptionnelle. Un paradoxe qui donne un poids particulier à ses accusations contre celui qu’elle qualifie aujourd’hui de « harceleur moral politique ».

L’affaire Chikirou : l’étincelle d’une rupture politique

La décision de LFI d’investir Sophia Chikirou dans la 15e circonscription parisienne en 2022 cristallise les tensions. Danielle Simonnet, élue historiquement implantée dans ce secteur, s’oppose au « parachutage » de cette proche de Mélenchon. Le mouvement choisit alors de déplacer Chikirou dans la 6e circonscription voisine, à quelques centaines de mètres seulement.

Mais le mouvement se heurte cette fois à une révolte des militants locaux, refusant cette nouvelle candidature. Un double rejet qui provoque la colère du leader insoumis. Celui-ci accuse ouvertement Simonnet d’« alimenter une fronde anti-Chikirou », selon les termes rapportés par l’article.

Face à ce double rejet, Jean-Luc Mélenchon adopte un ton menaçant dans ses échanges avec la députée. « Tu es juste prévenue que je ne te laisserai pas faire, ni la bande de nuls qui font le sale boulot », écrit-il dans un message révélé par France 2. Une escalade verbale que Simonnet interprètera comme le début d’une campagne de pression systématique.

Cet épisode révèle les méthodes d’investiture contestées au sein de LFI, où les fidèles du leader bénéficient parfois de traitements de faveur. Le « parachutage » de Chikirou, malgré l’ancrage local de Simonnet, marque un tournant dans les relations entre l’élue et son ancien mentor.

Des messages révélateurs : la charge de harcèlement moral politique

Pour la première fois, Danielle Simonnet dévoile des échanges écrits avec Jean-Luc Mélenchon qualifiés de « violents et menaçants ». Parmi les SMS divulgués, celui du 29 mai 2022 se distingue : « Tu es juste prévenue que je ne te laisserai pas faire, ni la bande de nuls qui font le sale boulot. Il est temps de renouveler le secteur ». Une formulation suivie d’un ultimatum sans équivoque : « Je vous passerai tous à la trappe et c’est tout ».

L’ex-députée décrit une progression alarmante des tensions. « Les messages devenaient de plus en plus menaçants avec le temps », affirme-t-elle devant les caméras de France 2. Cette escalade verbale la conduit à poser un diagnostic sans appel : « Je l’ai vécu comme un harcèlement moral politique ». Une accusation qui dépasse la simple critique interne pour viser les méthodes de gouvernance du mouvement.

Le terme « harcèlement moral politique », employé à quatre reprises dans l’article, interroge la frontière entre pression partisane et atteinte personnelle. Ces révélations jettent une lumière crue sur les rapports de force au sein de LFI, où les désaccords stratégiques se transforment parfois en guerres d’ego. Un climat que Simonnet résume par cette formule-choc : « Il est temps de renouveler le secteur », retournant contre Mélenchon ses propres mots.

La revanche électorale d’une dissidente : 75% des voix contre LFI

Deux ans après le conflit, LFI refuse l’investiture à Danielle Simonnet pour les législatives de 2024. La députée sortante, malgré cet exclusion, décide de maintenir sa candidature dans sa circonscription historique. Un pari risqué qui se transforme en triomphe : elle remporte le second tour avec 75% des voix face à la candidate officielle du mouvement insoumis.

Ce score exceptionnel, obtenu sans le soutien de son ancien parti, constitue une cinglante désaveu pour Mélenchon. L’ancienne alliée réalise ainsi l’exploit de retourner contre lui sa propre menace : « Je vous passerai tous à la trappe », avait-il écrit en 2022. Une prophétie qui se retourne contre son auteur.

Conséquence directe de cette victoire, Simonnet rejoint le groupe parlementaire Écologiste et Social. Ce basculement politique marque l’aboutissement d’une rupture annoncée. Il interroge également sur la capacité de LFI à gérer ses dissidences internes, alors que quatre autres frondeurs subissent le même sort électoral en 2024.

La trajectoire de l’ex-députée illustre un phénomène plus large : l’ancrage local peut parfois surpasser les machines partisanes. Son maintien à l’Assemblée, contre la ligne officielle du mouvement, ouvre une brèche dans la stratégie de verticalité du pouvoir chère à Mélenchon.