La nouvelle résonne comme un coup de tonnerre dans le paysage politique français en ce début d’année 2025. Jean-Marie Le Pen, figure historique de l’extrême droite française et fondateur du Front National, s’est éteint ce mardi 7 janvier à l’âge de 96 ans dans un hôpital de Garches, après une hospitalisation qui aura duré deux mois. Une page de l’histoire politique française se tourne avec la disparition de celui qui aura marqué plus d’un demi-siècle de vie publique.
Personnage controversé, redouté par ses adversaires et adulé par ses partisans, Jean-Marie Le Pen laisse derrière lui un héritage politique complexe, incarné aujourd’hui par sa fille Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National. Son décès intervient alors que le parti qu’il a fondé en 1972 n’a jamais semblé aussi proche du pouvoir, témoignant de la transformation profonde de la formation politique qu’il avait créée.
De la Bretagne aux sommets de la politique nationale
Né le 20 juin 1928 à La Trinité-sur-Mer, dans une famille modeste de pêcheurs bretons, Jean-Marie Le Pen forge son caractère dans l’adversité. Orphelin de père très jeune, il poursuit des études de droit avant de s’engager dans la Légion étrangère, participant aux conflits d’Indochine et d’Algérie. C’est à seulement 27 ans qu’il fait ses premiers pas en politique, devenant le plus jeune député de France en 1956.
La Légion étrangère, une institution militaire unique
Corps d’élite de l’armée française créé en 1831, la Légion étrangère accueille des volontaires étrangers servant sous drapeau français. Cette expérience militaire a profondément marqué la personnalité politique de Jean-Marie Le Pen.
En 1972, il participe à la création du Front National, parti dont il prendra immédiatement la présidence. Sous sa direction, la formation politique s’impose progressivement dans le paysage politique français, atteignant son apogée lors du second tour de l’élection présidentielle de 2002, où il affronte Jacques Chirac.
Une carrière jalonnée de controverses
Le parcours politique de Jean-Marie Le Pen est marqué par de nombreuses polémiques qui ont façonné son image publique. Ses déclarations sur la Seconde Guerre mondiale et l’immigration lui valent régulièrement des poursuites judiciaires et contribuent à forger sa réputation de figure sulfureuse de la politique française.
Député européen pendant 35 ans, de 1984 à 2019, il marque les esprits par ses interventions souvent fracassantes. Même après son retrait de la présidence du FN en 2011, il continue de faire parler de lui par ses prises de position controversées, jusqu’à son exclusion du parti en 2015.
L’héritage Le Pen : une histoire de famille
La transmission du parti à sa fille Marine en 2011 marque un tournant dans l’histoire du Front National. Cette passation de pouvoir, initialement vue comme une continuité naturelle, se transforme en rupture profonde. La dédiabolisation entreprise par Marine Le Pen conduit à une distanciation progressive avec son père, jusqu’à son exclusion du parti en 2015.
La dédiabolisation du RN en chiffres
Processus entamé dès 2011 par Marine Le Pen, la dédiabolisation du parti s’est traduite par une progression constante dans les urnes : de 17,9% aux présidentielles de 2012 à 41,45% en 2022, illustrant la transformation profonde du mouvement.
Les réactions à la disparition d’une figure historique
Marine Le Pen rend un hommage appuyé à son père, saluant en lui le « fondateur d’un mouvement politique majeur qui a contribué à la vitalité de la vie démocratique française ». Les réactions de la classe politique, même chez ses opposants historiques, soulignent unanimement l’importance de son rôle dans l’histoire politique française, tout en rappelant les désaccords profonds qui ont marqué sa carrière.
L’ancien président du Front National laisse derrière lui un parti profondément transformé, devenu sous la direction de sa fille la première force d’opposition en France. Son décès marque la fin d’une époque pour l’extrême droite française, désormais entrée dans une nouvelle ère sous la direction de Marine Le Pen.