Le rêve olympique de Sounkamba Sylla se teinte d’une amère controverse. À l’aube des Jeux de Paris 2024, la sprinteuse française de 26 ans se retrouve au cœur d’un débat qui dépasse les frontières du sport. Musulmane pratiquante, Sylla ne pourra pas arborer son voile lors de la cérémonie d’ouverture sur la Seine, une décision qui soulève des questions sur la place de la laïcité dans le sport français.
Membre du relais 4×400 mètres, Sylla a exprimé sa frustration sur Instagram, déplorant ne pas pouvoir participer pleinement à cet événement historique dans son pays natal. Cette situation met en lumière le fossé entre les règles internationales et la position française en matière de signes religieux dans le sport.
Le CIO et les fédérations : une ouverture contrastée
Le Comité International Olympique (CIO) adopte une approche inclusive, autorisant le port de signes religieux tant qu’ils ne servent pas à la propagande. La charte olympique prône la non-discrimination, y compris pour des motifs religieux. Cette ouverture se reflète dans la plupart des fédérations internationales, dont celle d’athlétisme, qui ne s’opposent pas au port du voile en compétition.
Lors des Jeux de Tokyo en 2021, cette politique a permis à des athlètes de diverses nations de défiler avec leurs signes religieux distinctifs, illustrant la diversité culturelle célébrée par l’olympisme.
La France : gardienne d’une laïcité stricte
En contraste marqué, la France maintient une position ferme. Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports, a réaffirmé l’attachement du pays à un « régime de laïcité strict ». Cette posture s’appuie sur la considération des athlètes français comme des représentants du service public lors des Jeux, les soumettant ainsi à une obligation de neutralité.
Cette position a été renforcée par une décision du Conseil d’État en juin 2023, maintenant l’interdiction du hijab dans le football féminin français. L’institution a jugé que les fédérations sportives pouvaient imposer une neutralité vestimentaire pour garantir le bon déroulement des compétitions.
Une exception française contestée
La position française ne fait pas l’unanimité sur la scène internationale. L’ONU, par la voix du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, a exprimé ses inquiétudes, soulignant que personne ne devrait imposer à une femme ce qu’elle doit porter ou non. Amnesty International a également critiqué cette approche, la qualifiant de discriminatoire dans un rapport détaillé.
L’ONG souligne que la France est le seul pays parmi 38 nations européennes étudiées à avoir adopté une telle interdiction, que ce soit par des lois nationales ou des règlements sportifs spécifiques. Cette singularité française soulève des questions sur l’équilibre entre la préservation de la laïcité et le respect des libertés individuelles.
À la recherche d’un compromis
Face à cette situation, des efforts sont déployés pour trouver une solution acceptable. Lors des championnats d’Europe d’athlétisme à Rome en juin dernier, Sounkamba Sylla a dû adapter sa tenue, optant pour une casquette bleue sous laquelle était discrètement placé un bout de tissu pour couvrir ses cheveux.
Des discussions sont en cours pour la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Selon des sources médiatiques, il semblerait que Sylla pourrait être autorisée à défiler avec une casquette, offrant ainsi un compromis entre ses convictions personnelles et les exigences de la délégation française. Cette solution, si elle se confirme, pourrait ouvrir la voie à un dialogue plus large sur l’inclusion et la diversité dans le sport français.
#JO2024 Pour la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra (@AOC1978) aucune athlète ne pourra porter de #voile "le temps des compétitions, pendant les matchs" 🧕#DimPol @letellier_ftv @France3tv pic.twitter.com/48dS8wsD5H
— DimancheEnPolitique (@DimPolitique) September 24, 2023