JO 2024 : ‘On ne va pas aller boire des coups ensemble’ – La rivalité explosive des deux Françaises en finale d’escrime

Jeremie B.
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Le Grand Palais a vibré au rythme des lames qui s’entrechoquent ce lundi 29 juillet 2024. Dans une ambiance électrique, deux Françaises se sont affrontées pour l’or olympique en escrime, une première depuis 28 ans. Manon Apithy-Brunet et Sara Balzer, coéquipières en équipe de France mais rivales sur la piste, ont offert un spectacle de haute volée aux spectateurs venus en nombre.

Cette finale franco-française restera gravée dans les annales de l’escrime tricolore. Manon Apithy-Brunet est devenue la première sabreuse française championne olympique, s’imposant 15-12 face à sa compatriote Sara Balzer. Un duel qui symbolise l’excellence de l’escrime française et qui promet de belles perspectives pour les prochaines compétitions par équipes.

Deux parcours parallèles, une seule médaille d’or

Manon Apithy-Brunet et Sara Balzer se connaissent par cœur. Entrées ensemble à l’INSEP il y a plus de dix ans, elles ont gravi les échelons côte à côte. Pourtant, leurs chemins vers cette finale olympique ont été bien différents. Sara Balzer, numéro 1 mondiale, arrivait en favorite après une saison exceptionnelle avec six victoires en Coupe du monde. Manon Apithy-Brunet, 3e mondiale, n’avait pas remporté de compétition cette année, mais sa médaille de bronze à Tokyo en 2021 la plaçait comme une sérieuse outsider.

Tout au long de la journée, les deux Françaises ont suivi des trajectoires étonnamment similaires. Elles ont disputé leurs premiers assauts simultanément, progressant dans le tableau avec une synchronicité surprenante. En demi-finale, Sara Balzer a pris l’ascendant sur l’Ukrainienne Olga Kharlan (15-7), tandis que Manon Apithy-Brunet a dû batailler face à la Sud-Coréenne Choi Sebin (15-12).

Une rivalité respectueuse mais intense

« On est des coéquipières. On va se soutenir, mais on ne va pas aller boire des coups ensemble », confiait Manon Apithy-Brunet quelques mois avant les Jeux. Cette phrase résume parfaitement la relation entre les deux escrimeuses. Un respect mutuel indéniable, mais une rivalité bien réelle sur la piste. Elles se sont affrontées à trois reprises en compétitions internationales ces deux dernières saisons, avec un avantage pour Manon Apithy-Brunet qui s’est imposée à deux reprises.

La pression de la compétition était palpable dès leur entrée dans le Grand Palais. Sara Balzer, habituellement sûre d’elle, semblait plus tendue que d’habitude. Manon Apithy-Brunet, quant à elle, affichait un sourire décontracté qui ne l’a pas quittée de la journée. Ces états d’esprit opposés ont sans doute joué un rôle crucial dans le dénouement de la finale.

Un duel historique sous la verrière du Grand Palais

La finale s’est déroulée sous le regard attentif du Premier ministre Gabriel Attal et de la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra. Dès les premières touches, Manon Apithy-Brunet a pris l’ascendant sur sa rivale. Plus relâchée, plus puissante, elle a su imposer son rythme face à une Sara Balzer qui semblait sur la retenue. « J’ai pratiqué mon escrime toute la journée », se réjouissait la future championne olympique. « J’étais puissante et j’ai adoré ça, j’étais libre. »

À l’issue d’un combat maîtrisé, Manon Apithy-Brunet s’est imposée 15-12. La joie de la victoire a rapidement laissé place à l’émotion et au respect envers sa compatriote. Les deux escrimeuses se sont enlacées, partageant un moment intense sous les acclamations du public. Le mari de Manon, le sabreur Bolade Apithy, est venu la féliciter sur la piste, lui tendant le drapeau tricolore pour célébrer ce moment historique.

Un nouveau chapitre dans l’histoire de l’escrime française

Cette victoire de Manon Apithy-Brunet marque un tournant dans l’histoire de l’escrime française. Elle devient la première sabreuse tricolore sacrée aux Jeux Olympiques, mettant fin à une longue attente de 28 ans sans titre olympique pour les escrimeuses françaises. Ce succès pourrait bien être le début d’une nouvelle ère dorée pour l’escrime tricolore, avec des ambitions renouvelées pour les prochaines compétitions.

Pour Sara Balzer, la déception est grande mais la médaille d’argent reste une belle récompense. La Strasbourgeoise aura à cœur de prendre sa revanche lors des prochaines compétitions, à commencer par l’épreuve par équipes qui se tiendra dans quelques jours. Les deux rivales devront alors faire fi de leur duel individuel pour unir leurs forces et viser l’or olympique par équipes.

L’équipe de France d’escrime en position de force

Ce doublé français en finale individuelle est de bon augure pour l’épreuve par équipes. Manon Apithy-Brunet et Sara Balzer devront rapidement passer du statut de rivales à celui de coéquipières. « On a l’habitude de cette transition. De passer du jour au lendemain de concurrentes à coéquipières », expliquait Manon avant les Jeux. « Le staff, les autres filles feront en sorte de recréer une dynamique pour l’équipe. Je ne suis pas particulièrement inquiète. »

L’objectif sera de faire mieux que la médaille d’argent remportée à Tokyo en 2021. Avec deux médaillées olympiques dans ses rangs, l’équipe de France part favorite et pourrait bien offrir un nouveau moment de gloire à l’escrime tricolore. Une chose est sûre, les yeux du monde entier seront rivés sur le Grand Palais pour voir si les Bleues confirmeront leur domination sur le sabre féminin.