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Jordan Bardella aux obsèques du pape : l’athéisme du leader RN divise son parti

Julie K.
6 Min de lecture

Un leader non croyant au Vatican : la présence de Jordan Bardella aux obsèques du pape François divise les rangs du Rassemblement national. Alors que le président du RN affiche ouvertement son athéisme dans son autobiographie, son déplacement à Rome suscite interrogations et critiques internes. Entre calcul politique et hommage controversé, ce geste symbolique relance le débat sur la stratégie de communication du parti. Ce que révèlent les tensions exposées en coulisses éclairent les fractures d’un mouvement en pleine recomposition.

Une présence qui suscite l’étonnement interne

L’annonce du déplacement de Jordan Bardella au Vatican, diffusée mercredi 23 avril dans une boucle interne du Rassemblement national, crée immédiatement des remous. Le président du RN prévoit de se recueillir devant la dépouille du pape François le vendredi 25 avril à 16h, avant d’assister aux obsèques samedi. Un accès prioritaire lui évitant la file d’attente, détail qui alimente les premières interrogations.

« Je me suis dit : « Qu’est-ce que c’est que ce truc ? » », confie un lieutenant du parti, encore sous le choc. La révélation surprend d’autant plus que le leader d’extrême droite a clairement affirmé son athéisme dans son autobiographie « Ce que je cherche », soulignant qu’il n’a jamais été baptisé.

Les critiques fusent sur l’opportunité de ce geste symbolique. « Ça ne me paraît pas très sincère… C’est une drôle de communication », juge un cadre RN. L’initiative, perçue comme un calcul électoral maladroit, relance le débat sur les contradictions entre les convictions affichées et les stratégies d’image du parti.

Le paradoxe d’un leader non croyant à des obsèques papales

La présence de Jordan Bardella aux funérailles du pape François crée un malaise idéologique au sein du RN. Le président du parti, qui revendique ouvertement son athéisme et son absence de baptême dans son autobiographie, se retrouve au cœur d’un débat sur la cohérence de ses actes symboliques. « Il dit à longueur de pages qu’il n’est pas croyant… », rappelle un lieutenant du parti, dubitatif.

Certains cadres dénoncent une opération de communication contre-productive. « On ne fait pas un signe aux catholiques en se rendant aux obsèques du pape. C’est se tromper », affirme un élu, soulignant le décalage avec une base électorale peu encline à soutenir les positions de François sur les migrants.

À l’inverse, d’autres défendent ce geste protocolaire. Un député RN argue que « 120 chefs d’État et de gouvernement » assisteront aux obsèques, tous n’étant pas baptisés. L’argument tente de légitimer une présence perçue comme un hommage à une figure spirituelle mondiale, indépendamment des convictions personnelles.

Marine Le Pen en arrière-plan : approbation silencieuse

La position de l’ex-présidente du RN apparaît en filigrane des tensions internes. À la question « Marine Le Pen a-t-elle donné sa bénédiction ? », posée par des cadres dubitatifs, son entourage répond sobrement à BFMTV : « Elle était au courant de ce déplacement ». Une validation implicite qui évite toute prise de position publique, mais confirme l’alignement des stratégies.

Les interrogations persistent sur l’origine de cette initiative. « Quel réseau organise ça avec lui et pour lui ? », s’interroge un responsable RN, soulignant les enjeux d’influence derrière ce déplacement protocolaire. L’épisode survient dans un contexte sensible, où Marine Le Pen, récemment condamnée pour détournement de fonds publics, maintient une influence déterminante sur la ligne du parti.

Cette coordination discrète entre les deux figures illustre les équilibres complexes du RN. Alors que Bardella incarne la nouvelle génération, l’approbation silencieuse de la dirigeante historique rappelle son rôle de gardienne de la cohésion interne. Un subtil jeu d’allégeances qui se joue loin des caméras.

Une communication calculée sur fond de repositionnement stratégique

Les réactions officielles du RN révèlent une ligne équivoque. Deux heures après l’annonce du décès du pape, Marine Le Pen publie sur X un message sobre, saluant « un héritage de foi, de paix et de dialogue ». Jordan Bardella, plus prolixe, évoque quant à lui « une attention constante portée aux oubliés », omettant toute référence aux désaccords politiques avec François.

Le vice-président Sébastien Chenu incarne cette ambivalence. Sur Franceinfo, il loue « un pape de charité et d’humilité », avant d’ajouter : « Il a cherché à culpabiliser l’Occident […] et fermé les yeux sur l’islamisme ». Une position en miroir des tensions idéologiques du parti, partagée par de nombreux cadres.

Ce déplacement s’inscrit dans un contexte de dynamique post-condamnation. Le RN revendique 20 000 adhésions nouvelles depuis la sanction judiciaire de Marine Le Pen, signe d’une stratégie visant à capitaliser sur les crises. L’hommage au pape, entre récupération symbolique et neutralisation des critiques, sert ce repositionnement en quête de respectabilité.