La boxeuse en or qui fait trembler Elon Musk et J.K. Rowling : ‘Enquêter contre toutes les personnes…’

Jeremie B.
8 Min de lecture

Dans l’arène olympique de Paris 2024, une boxeuse algérienne a fait trembler bien plus que ses adversaires sur le ring. Imane Khelif, médaillée d’or dans la catégorie des -66 kg, s’est retrouvée malgré elle au cœur d’une tempête médiatique qui a secoué le monde du sport et au-delà. Alors qu’elle aurait dû savourer son triomphe, la championne a dû faire face à une vague de haine et de désinformation en ligne, remettant en question son identité de genre et son droit à concourir.

Mais Khelif n’est pas du genre à se laisser abattre sans combattre. Dans un geste audacieux qui pourrait avoir des répercussions bien au-delà du monde sportif, la boxeuse a décidé de riposter en portant plainte pour cyberharcèlement. Et pas contre n’importe qui : parmi les personnes visées, on trouve des noms aussi célèbres que controversés, tels que l’auteure J.K. Rowling et le milliardaire Elon Musk.

Une plainte qui fait trembler les géants du web

Le 9 août 2024, alors que les projecteurs étaient encore braqués sur sa victoire éclatante à Roland-Garros, Imane Khelif a déposé une plainte auprès du centre de lutte contre la haine en ligne du parquet de Paris. Cette action juridique, confirmée par son avocat Me Nabil Boudi au magazine Variety, vise à faire la lumière sur les « actes de cyber-harcèlement aggravé » dont la sportive a été victime tout au long des Jeux olympiques.

La particularité de cette plainte réside dans son caractère ouvert : déposée contre X, elle permet aux autorités d’enquêter sur « toutes les personnes » ayant potentiellement contribué à cette campagne de haine, qu’elles soient connues ou anonymes. Parmi les personnalités nommément citées, on retrouve J.K. Rowling, l’auteure de Harry Potter, et Elon Musk, le patron de Tesla et propriétaire de X (anciennement Twitter). Donald Trump pourrait également être concerné par l’enquête, élargissant ainsi le spectre des figures publiques impliquées.

Aux origines d’une controverse olympique

Pour comprendre l’ampleur de cette affaire, il faut remonter aux championnats du monde de boxe de New Delhi en mars 2023. C’est à cette occasion qu’Imane Khelif, tout comme la Taiwanaise Lin Yu-ting, s’est vue exclure de la compétition. La raison invoquée par la Fédération internationale de boxe (IBA) ? Un échec à un test destiné à établir son genre, dont la nature exacte n’a jamais été précisée.

Cette décision a jeté le trouble sur l’éligibilité de Khelif à participer aux compétitions féminines, malgré le fait qu’elle ait déjà concouru aux Jeux de Tokyo en 2021 sans soulever la moindre polémique. Le Comité International Olympique (CIO), en désaccord avec l’IBA, n’a quant à lui émis aucun doute sur la légitimité de la boxeuse à participer aux Jeux de Paris.

Le conflit CIO-IBA en bref
Le différend entre le Comité International Olympique et la Fédération Internationale de Boxe remonte à plusieurs années. Le CIO a suspendu l’IBA en 2019 pour des problèmes de gouvernance, de finance et d’arbitrage. Cette situation a conduit le CIO à organiser lui-même les tournois de boxe aux JO de Tokyo 2021 et de Paris 2024, créant ainsi des tensions sur les critères de sélection et d’éligibilité des athlètes.

Le triomphe sportif face à la haine virtuelle

Malgré cette controverse qui aurait pu la déstabiliser, Imane Khelif a prouvé sa valeur sur le ring parisien. Son parcours olympique a été exemplaire, culminant avec une médaille d’or dans la catégorie des -66 kg. Cette performance remarquable aurait dû être célébrée unanimement, mais elle a été ternie par une campagne de désinformation virulente sur les réseaux sociaux.

Tout au long des Jeux, la boxeuse algérienne a été la cible d’attaques en ligne empreintes de racisme et de transphobie. Des rumeurs infondées la présentant comme un « homme combattant des femmes » se sont propagées à une vitesse alarmante, alimentées par des comptes influents et relayées par des milliers d’internautes. Cette situation a mis en lumière la vulnérabilité des athlètes face au cyberharcèlement, même au sommet de leur gloire sportive.

Un combat qui dépasse les frontières du ring

La plainte d’Imane Khelif soulève des questions qui vont bien au-delà de son cas personnel. Elle met en lumière les défis auxquels sont confrontés les athlètes à l’ère des réseaux sociaux, où la frontière entre critique légitime et harcèlement peut rapidement s’estomper. En ciblant des personnalités influentes comme Rowling et Musk, la boxeuse algérienne pose également la question de la responsabilité des figures publiques dans la propagation de discours potentiellement préjudiciables.

Cette affaire pourrait également relancer le débat sur l’inclusion des athlètes transgenres dans le sport de haut niveau, un sujet qui divise profondément le monde sportif. Plus largement, elle interroge sur le rôle des plateformes numériques dans la lutte contre le cyberharcèlement et la désinformation, ainsi que sur la nécessité de mettre en place des mécanismes de protection plus efficaces pour les sportifs exposés à la vindicte populaire.

Le cyberharcèlement dans le sport, un fléau croissant
Selon une étude récente de l’UNESCO, plus de 85% des athlètes professionnels ont déjà été victimes de cyberharcèlement au cours de leur carrière. Les femmes et les athlètes issus de minorités sont particulièrement touchés par ce phénomène, qui peut avoir des conséquences graves sur leur santé mentale et leurs performances sportives.

Alors que l’enquête du parquet de Paris ne fait que commencer, l’action en justice d’Imane Khelif pourrait bien marquer un tournant dans la lutte contre le cyberharcèlement dans le sport. En portant l’affaire devant les tribunaux, la championne olympique espère non seulement obtenir justice pour elle-même, mais aussi ouvrir la voie à une meilleure protection de tous les athlètes face aux dérives du monde numérique. Quoi qu’il en soit, cette affaire restera dans les annales comme l’un des moments les plus marquants des Jeux olympiques de Paris 2024, bien au-delà des exploits sportifs.