C’est un détail qui passe souvent inaperçu lors de nos transactions quotidiennes, et pourtant, il pourrait bientôt avoir un impact direct sur notre pouvoir d’achat. Le logo CB, ces deux lettres emblématiques présentes sur la majorité de nos cartes bancaires depuis 1984, s’efface progressivement au profit des géants internationaux Visa et Mastercard. Un changement en apparence anodin qui inquiète fortement les grands distributeurs français.
Cette transformation silencieuse du paysage bancaire français cache des enjeux économiques majeurs. Alors que plus de 110 millions de cartes bancaires circulent dans l’Hexagone, dont 77 millions portent encore le précieux logo CB, la tendance à la disparition de cette certification nationale s’accélère. En seulement trois ans, la part des paiements effectués via le réseau CB a chuté de 97% à 85%, une évolution qui pourrait avoir des répercussions directes sur les prix à la consommation.
Un système national menacé par les géants internationaux
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Le réseau CB, créé par les principales banques françaises, représente bien plus qu’un simple logo sur nos cartes. Il constitue un système de paiement national permettant des vérifications rigoureuses de la solvabilité des clients et de la validité des transactions. Ces cartes « cobadgées » fonctionnent sur deux réseaux parallèles : le réseau CB d’une part, et Visa ou Mastercard d’autre part.
Qu’est-ce qu’une carte cobadgée ?
Une carte cobadgée est une carte bancaire qui fonctionne simultanément sur deux réseaux de paiement distincts. En France, il s’agit généralement du réseau CB associé à Visa ou Mastercard, permettant ainsi une utilisation nationale et internationale.
Les banques et les réseaux de paiement se rémunèrent en prélevant une partie des transactions effectuées. La différence est notable : le réseau CB facture environ 0,9% par transaction, tandis que les réseaux internationaux peuvent atteindre 1,2%. « Les autres réseaux coûtent jusqu’à dix fois plus cher au commerçant que le réseau CB », alerte Dominique Schelcher, PDG de Système U.
Les raisons d’un déclin programmé
Plusieurs facteurs expliquent cette évolution. L’essor du e-commerce et des paiements mobiles favorise naturellement les réseaux internationaux. Les néobanques et banques en ligne, rarement affiliées au réseau CB, gagnent également en popularité. Sans oublier le coût de maintien du logo CB, qui pousse certaines banques à s’en détacher.
L’impact sur votre portefeuille
La disparition du logo CB entraîne automatiquement l’utilisation des réseaux internationaux plus coûteux. Ces frais supplémentaires, supportés dans un premier temps par les commerçants, risquent d’être répercutés sur les prix à la consommation.
La riposte des distributeurs
Face à cette situation, les grands distributeurs français ne restent pas les bras croisés. Dans un document cosigné par les responsables de Cdiscount, Auchan et SNCF Voyageurs, ils tirent la sonnette d’alarme sur l’impact potentiel sur les prix. Certains négocient directement avec les banques pour obtenir des conditions plus avantageuses, tandis que d’autres encouragent les paiements en espèces.
Vers de nouvelles solutions de paiement
L’innovation pourrait apporter des solutions alternatives. Le développement des paiements par QR code, notamment, permettrait de réaliser des transactions à moindre coût, en contournant les frais liés aux cartes bancaires traditionnelles. Ces nouvelles technologies pourraient ainsi offrir une parade à la montée en puissance des réseaux internationaux et leurs commissions élevées.