Netflix enrichit son catalogue avec un thriller psychologique particulièrement prenant. « La Fracture », disponible depuis le 10 avril 2020 sur la plateforme de streaming, plonge les spectateurs dans une spirale vertigineuse où réalité et imagination s’entremêlent. Le film met en scène Sam Worthington dans un rôle qui tranche radicalement avec ses apparitions précédentes, notamment dans la saga Avatar.
Le long-métrage suit l’histoire de Ray, un père de famille dont la vie bascule lors d’un banal arrêt sur une aire d’autoroute. Après la chute et la fracture du bras de sa fille, il l’emmène à l’hôpital avec sa femme. C’est alors que l’impensable se produit : à son réveil, sa famille a disparu, et l’établissement nie avoir jamais enregistré leur présence. Cette prémisse, aussi simple qu’efficace, ouvre la voie à un récit haletant qui questionne notre perception de la réalité.
Dans les méandres de l’esprit
Le réalisateur Brad Anderson, déjà aux commandes du troublant « The Machinist », déploie tout son talent pour maintenir une tension constante. La mise en scène joue habilement avec les codes du thriller psychologique, distillant le doute dans l’esprit du spectateur à chaque nouvelle séquence. L’ambiance clinique de l’hôpital devient progressivement claustrophobe, transformant ce lieu de soins en véritable labyrinthe mental.
Brad Anderson : maître du thriller psychologique
Réalisateur américain né en 1964, il s’est fait connaître avec « The Machinist » (2004), film culte avec Christian Bale. Sa filmographie compte également « Session 9 » (2001) et « Stonehearst Asylum » (2014), confirmant son expertise dans le genre psychologique.
Une performance magistrale de Sam Worthington
Sam Worthington livre ici l’une de ses performances les plus nuancées. Loin des scènes d’action qui ont fait sa renommée, l’acteur incarne avec justesse la descente aux enfers d’un père désespéré. Sa performance physique et émotionnelle traduit parfaitement le désarroi et l’obsession grandissante de son personnage, oscillant entre lucidité et paranoïa.
Une réalisation au service du mystère
La force du film réside dans sa capacité à maintenir l’ambiguïté jusqu’au bout. Anderson utilise brillamment la photographie et le montage pour créer un sentiment constant de malaise. Les séquences s’enchaînent avec fluidité, brouillant progressivement les pistes entre ce qui relève du réel et de l’imaginaire, jusqu’à un dénouement final aussi surprenant que cohérent.
L’héritage de Shutter Island
« La Fracture » s’inscrit dans la lignée des grands thrillers psychologiques comme « Shutter Island » de Martin Scorsese, où la frontière entre réalité et illusion devient le véritable enjeu du récit.
Le film excelle particulièrement dans sa direction artistique. Les couloirs aseptisés de l’hôpital, les jeux d’ombre et de lumière, et l’utilisation judicieuse du son contribuent à créer une atmosphère oppressante qui ne laisse aucun répit au spectateur. Les choix de mise en scène servent parfaitement le propos, transformant progressivement un drame familial en une expérience cinématographique immersive et déstabilisante.